Le Carrefour D’algérie
date();Vendredi 2 Avril 2010
Ils ont planté des roses. Pas n’importe quelles roses et pas n’importe où. Seulement le long des artères où, les invités de marque iraient jeter un œil. Très beau à voir ! Des trémies sur mesure, des boulevards flambant neufs, des ronds points arrosés chaque après-midi et entretenus par des centaines
de manœuvres appelés à la rescousse par une mairie, qui les mettra dehors juste après la visite des hôtes. Oran est belle, vue de l’est. En son centre, en son ouest, en ses dédales, ses ruelles, ses impasses, ses quartiers délabrés, ses hauteurs flasques et avachies, ses immeubles altérés, moisis par le temps et la main de l’homme, les poubelles bondées et la saleté remplacent les roses que la mairie, ou la Sonatrach avaient oublié de planter. Plus loin, les quartiers populeux et populaires de Ras El Aïn, Petit Lac, Bouamama et les Planteurs, oubliés des Dieux, des Vizirs, de la Flore et de la Faune, ne savent même pas qu’El Bahia reçoit, ce mois, des invités de haut rang, qui débattront sur l’avenir du gaz liquéfié. Certes, ils voient le changement s’opérer à l’est de leur ville et se demandent s’ils n’ont pas contracté une «guigne» de ne pas habiter le long du passage des convives. Eux aussi aiment les roses à pétales multicolores. Eux aussi admirent les palmiers importés à coups de semonce et encore sous enveloppe. Eux aussi aimeraient se payer des routes goudronnées à travers lesquelles ils passeraient sans encombre et à travers desquelles ils n’auraient pas la frousse de se péter une suspension déjà fébrile. Oran est belle. Surtout à l’est! Pour combien de temps? Combien de jours ? Maquillée comme une jeune mariée, Wahran se fait encore désirer, aimée et voulue comme une vraie vierge qu’elle n’a jamais été.
Par Sayah
Medhayas@yahoo.fr
2 avril 2010
Contributions