Le 1er Mai, journée mondiale du travail ou plutôt des travailleurs inscrits dans les luttes syndicales, véritables contre-pouvoirs, semble avoir perdu son sens aussi bien chez nous que dans le monde, depuis la chute du socialisme.
Est-ce parce que les pays socialistes du temps du pacte de Varsovie instrumentaient mieux l’idéologie contre le libéralisme ou alors n’était-ce tout simplement qu’un phénomène d’époque ? En tout état de cause, il s’agissait de rappeler aux gouvernants les conditions pénibles dans lesquelles s’exerçaient les métiers de mineur, de docker ou de cheminot, foyers par excellence de la naissance du syndicalisme. Aujourd’hui que la technologie a permis de réduire la pénibilité au travail et que la journée est normalisée autour de huit heures par jour, que pouvons-nous garder de la symbolique de cette journée? C’est ce qui faisait réclamer à Lafargue «le droit à la paresse» considérant que les entreprises peuvent gagner autant en travaillant moins grâce au progrès de la Science. Mais cela ne peut concerner que les pays développés. De ce côté-ci du monde, les choses ne sont pas aussi simples pour rattraper les retards et rejoindre le niveau de vie des riches. Il s’agit de travailler beaucoup plus et plus vite pour émerger à un niveau mondial acceptable, au prix de sacrifices. C’est à se demander si cela est possible un jour sans épuiser les ressources naturelles mais aussi humaines. Certains pays comme la Chine, le Brésil et l’Inde y sont arrivés en laissant un pan de la société dans la marge. D’autres se débattent encore à vouloir éclore de la coquille coloniale, sans vraiment trouver le chemin qui les sortira du labyrinthe du sous-développement. Le chômage, l’exclusion sociale, le coût de la vie, la démographie, contribuent à faire reculer tout effort aussi volontaire soit-il. Une journée mondiale du chômeur aurait peut-être plus d’impact et de sens qu’une journée du travailleur. Chez nous ceux qui ne travaillent pas, sont une perte économique et ceux qui travaillent, ne sont pas rentables, en dehors de quelques secteurs, et l’on se demande ce qu’une grève veut dire dans un pays où le travail ne veut plus rien dire. On a d’ailleurs tendance à passer directement au 2 Mai qui est la Journée Mondiale du Rire, lorsqu’on entend les discours glorificateurs de certains syndicats sur les résultats obtenus dans le domaine économique.
Le Carrefour D’algérie
Par Ahmed Meskine
1 avril 2010
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