Les jolies femmes poussent-elles (involontairement) les hommes à prendre des risques sans en mesurer les conséquences sur le long terme ? Cause culturelle, dérèglement hormonal ou héritage d’une compétition animale pour la reproduction ?
Que les femmes fatales rendent les hommes déraisonnables au point de faire les malins n’est pas une grande découverte. Cause culturelle ou biologique, telle est la question posée par des scientifiques australiens de l’Université du Queensland. 96 jeunes hommes (21 ans en moyenne; 18-35 ans), tous skateboarders, participèrent à cette étude psychologique sur le Skateboards park de Brisbane. 43 firent du skate sous le regard d’un homme, et 53 sous le regard d’une jolie femme (18 ans). Des tests sur la variation du taux de testostérone des jeunes hommes furent effectués. Leurs rythmes cardiaques furent également mesurés pour déterminer leur niveau d’excitation (sexuelle). Ces skateboarders devaient effectuer une manoeuvre assez simple et une relativement difficile qu’ils ne savaient pas encore réaliser. Comme prévu (culturellement), les jeunes hommes prirent plus de risques en présence de la jeune femme ce qui se traduisit par un taux plus élevé d’accident qu’en présence de l’observateur masculin. De même, le taux de réussite fut plus important. Cela s’explique par la diminution du taux d’abandon en début de manoeuvre. Le taux de testostérone augmenta (comme prévu) en présence de la jeune femme, et explique en partie la diminution du taux d’abandon. Chargés en testostérone, nos jeunes males préférèrent se blesser que renoncer, tout en étant persuadés de réussir…à tort. Et c’est le dernier enseignement de cette expérience: la femme fatale perturbe chez l’homme la relation entre la connaissance a priori d’un risque et la prise effective du risque. La relation entre le gain (représenté par la séduction de la femme) et la punition potentielle (une chute douloureuse et la honte) est biaisée. Cela pointerait vers une défaillance neurologique au niveau de cortex prefrontal, responsable de la prise de décision face au risque, c’est-à-dire de certaines fonctions exécutives. Rien de nouveau. Les femmes «fatales» rendent les hommes très primitifs quand il s’agit de compétition pour leur séduction. On le savait mais maintenant on sait que ce n’est pas nécessairement culturel et que ca peut se soigner. Mais jusqu’où la prise de risque d’un homme pour sa belle peut-il mener ? Accidents de voiture, choix douteux en position de pouvoir… dans certains cas probablement même si cette expérience, comme toute démarche scientifique, s’est bornée à estimer les raisons des conséquences liées à une cause isolée, avec des incertitudes.
L’Express
1 avril 2010
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