Israël attend de l’Egypte qu’elle termine avant la fin de l’année le mur d’acier destiné à étrangler davantage Ghaza. L’information, rapportée par une agence de presse occidentale, évoque le «souhait» d’un haut responsable israélien anonyme. Mais la lecture de l’information ne prête à aucune équivoque : ce responsable israélien donne tout simplement un ordre au régime égyptien.
Cet officiel israélien – on peut penser qu’il s’agit tout simplement d’Avigdor Lieberman, c’est bien dans son style – exprime une certaine impatience devant les lenteurs cairotes. Mais ce faisant, il met en évidence le fait que le régime de Moubarak ne fait qu’exécuter une instruction venue de Tel-Aviv. L’Etat hébreu s’est félicité de cette «action concrète à l’instigation d’Israël, même si les autorités égyptiennes évitent de s’en vanter».
Pour Le Caire, il n’y a pas de quoi pavoiser effectivement et la satisfaction des Israéliens se comprend. Le Caire, officiellement au nom de sa sécurité nationale et avec l’approbation du malheureux Mahmoud Abbas, agit en supplétif zélé. Les tunnels qui relient Ghaza à l’Egypte sont vitaux car ils permettent d’acheminer des biens essentiels, alimentaires et pharmaceutiques notamment Ces tunnels ont permis d’atténuer les effets du blocus. Personne, y compris les dirigeants égyptiens, ne croit un instant que la sécurité nationale égyptienne est menacée par les Palestiniens de Ghaza ou d’ailleurs. Ceux qui ont construit ces tunnels et les empruntent ne sont pas des trafiquants d’armes. On a vu le pauvre équipement des Palestiniens à cet égard. Ce n’est pas avec des lance-grenades démodés et des mitraillettes que sera modifié le rapport de force avec l’armée israélienne.
De fait, ces tunnels sont une ligne de vie dans le contexte d’un blocus ignominieux approuvé par «l’axe du bien». La muraille d’acier souterraine que le pouvoir égyptien a décidé d’ériger le long de la frontière avec Ghaza mérite certainement le qualificatif de «mur de la mort» que lui a donné le Hamas. Ce mur, conçu ailleurs, est non seulement truffé de systèmes de détection électroniques mais dispose de canalisations destinées à inonder les tunnels. Quand on connaît l’état catastrophique des infrastructures au pays du Nil, on voit que la peu probante ingénierie égyptienne se révèle parfaitement dans la mise en œuvre de l’abjection.
Il faut aussi rappeler que la construction de ce mur a été décidée à Washington, lors d’une réunion entre Condoleezza Rice et Tsipi Livni, au moment où la population de Ghaza subissait encore des bombardements. Le mépris pour l’Egypte et sa souveraineté restreinte était tellement flagrant que la diplomatie du Caire s’était fendue d’une déclaration affirmant que la décision des deux diplomates de la Civilisation ne l’engageait en rien.
On apprécie à sa juste mesure la valeur du démenti : la décision impériale a été mise en application, toute honte bue, et avec un zèle remarquable. Israël enjoint aujourd’hui le sous-traitant égyptien de respecter les délais qui lui ont été impartis.
Dans toute tragédie, il y a un aspect comique, révélateur d’une époque où l’imposture s’exhibe crûment. C’est cette même Egypte officielle qui participe à l’étranglement des Palestiniens et s’agenouille devant Israël, qui se représente comme la matrice du monde et le leader du monde arabe
1 avril 2010
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