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Chronique du jour : A FONDS PERDUS L’envers du décor

31 mars 2010

Contributions


Par Ammar Belhimer
ambelhimer@hotmail.com

Le battage médiatique fait autour de l’accès du Maroc au «statut avancé» auprès de l’Union européenne semble destiné à occulter un malaise plus profond : une croissance plombée par un effort de guerre surdimensionné pour maintenir le Sahara-Occidental sous occupation et, incidemment, les pertes induites pour l’économie marocaine du fait de la fermeture des frontières avec notre pays.


Pour l’essentiel, il pèse des questionnements très lourds sur la situation macroéconomique de ce pays voisin : aussi ouverte soit-elle, l’économie marocaine affiche encore une attractivité médiocre pour les IDE. Depuis 2000, les seules années qui enregistrent des IDE supérieurs à deux milliards de dollars sont celles qui coïncident avec la privatisation d’actifs publics, notamment dans la téléphonie mobile. Pourtant, le Maroc officiel ambitionne davantage : il aime se voir (aux yeux de l’Europe) dans la fonction qu’occupe le Mexique à l’endroit des Etats-Unis. Pour cela, il avance un premier avantage comparatif à l’appui de sa compétitivité : une main-d’œuvre à bon marché, avec des rémunérations sans cesse tirées vers le bas par une armée de chômeurs. Un expert marocain avance, à ce titre, qu’une industrie de dix mille employés implantée en Espagne et délocalisée au Maroc s’acquitterait d’une masse salariale quatre fois inférieure ! Pareille ambition est confortée par les accords de libre-échange conclus avec l’Union européenne, susceptibles d’élever le Maroc au rang de plateforme industrielle orientée vers l’exportation. Ce à quoi participent directement les infrastructures portuaires colossales en cours d’installation à Tanger. A ce jour, le bilan économique reste pourtant plutôt décevant : le pays affiche une croissance moyenne de 4 % ces dernières années (moyenne pour 1996- 2004), lorsque sa croissance démographique lui en demande 6 % pour faire face à un taux de chômage estimé, en milieu urbain, à 13,8 % en 2009. Le chômage prend ici un caractère structurel, visant particulièrement les jeunes et les femmes, surtout diplômés. La pauvreté est, dans ces conditions, endémique, avec un taux officiel de 9% en 2008, alors que pendant le même temps, la part des personnes considérées comme économiquement vulnérables avoisine les 40 %. Le «statut avancé» accordé au Maroc le 13 octobre 2008 lui donne une position intermédiaire qui le place au-delà de l’association et en deçà de l’adhésion. Elle équivaut à une sorte de reconnaissance pour ses efforts de mise à niveau et ses velléités réformatrices en matière économique. Avec ce «statut avancé», le Maroc est le premier pays sud-méditerranéen à bénéficier de toutes les attributions d’un pays membre, sauf à participer aux institutions politiques de l’Union européenne, comme la Commission européenne et le Parlement européen. La feuille de route adoptée par l’UE pour la mise en œuvre du «statut avancé » relève quelques premières «lacunes» : «déception quant au chantier de la réforme de la justice, quelques entraves à la liberté de la presse, climat des affaires à améliorer et protection des citoyens à renforcer.» Ce qui n’est déjà pas si peu. D’autres voix s’élèvent au Maroc pour mettre dans la balance le prix payé en matière de libertés, de restrictions aux droits sociaux, etc. Dans son dernier rapport d’évaluation, le Réseau marocain Euromed des ONG pointe du doigt, sur le plan économique, «une croissance (qui) ne semble pas avoir bénéficié au développement humain, notamment du fait de son caractère fort inégalitaire et des faibles niveaux d’investissements dans des secteurs aussi fondamentaux que l’éducation et la santé». Sur un autre plan, le réseau fait référence à «une situation politique assez complexe, marquée par des incertitudes et des hésitations, qui donnent le sentiment d’un ralentissement du rythme de la transition vers la démocratie, sinon d’un recul sur les acquis de la dernière décennie». Un premier faisceau d’indices est énoncé à l’appui de ce constat : les manquements en matière de droits de l’homme, de gouvernance, de justice, de jeunesse et de culture, avec des dérives bureaucratiques et clientélistes, ainsi que la corruption. En passant en revue ses comptes rendus thématiques, le Réseau fixe d’abord les problèmes de gouvernance. Les élections communales ont été marquées par l’usage de l’argent, l’intervention des agents d’autorité, les violences et «la neutralité négative de l’Etat qui renforce l’impunité et le désenchantement politique». Quant à la démocratie locale, elle s’exerce par des «élus cantonnés dans un rôle bureaucratique d’exécution» parce que leur «niveau de qualification et de compétence» ne s’y prête pas et parce que de larges secteurs liés aux services de base (gestion de l’eau, de l’électricité, des déchets ménagers, de la santé ou de l’enseignement) ont été privatisés. Autre préoccupation majeure qui éloigne le Maroc de la sphère européenne : l’accès à la justice et aux droits. Sur ce point, le Réseau relève de profonds dysfonctionnements du système judiciaire : absence de séparation des pouvoirs, de souveraineté de la loi, d’égalité devant la justice, déséquilibre entre pouvoirs du parquet et droits de la défense, lenteur, corruption. Une double insuffisance fait obstacle à l’indépendance de la justice, aux plans institutionnel et constitutionnel. En édictant que «l’autorité judiciaire est indépendante du pouvoir législatif et du pouvoir exécutif», l’article 82 de la Constitution réduit la justice (autorité et non pouvoir) au rang de département administratif de l’Etat. L’obstacle institutionnel émane de l’intervention du pouvoir politique dans le fonctionnement de la justice, notamment dans deux types d’affaires : les procès de la presse et ceux des personnes poursuivies pour actes terroristes (enlèvements, tortures, détentions arbitraires, procès inéquitables). Le tableau est aussi noir en matière de droits des femmes, gravement négligés. Deux indices suffisent pour être fixé : le taux de scolarisation des filles rurales au niveau du primaire et du collège n’est que de 43 %, alors que la déperdition scolaire parmi l’ensemble des filles culmine à 58,4 %. Ailleurs, «la violence subie par les femmes prend diverses formes : physique, sexuelle, juridique, psychologique, etc». La violence conjugale est la pus répandue avec 74 % des cas, suivie de la violence institutionnelle avec 8,6 %, la violence sociale avec 4,4 % et, enfin, la violence familiale avec 4,2 %. Le Parlement vient à peine de légiférer sur le sort humiliant réservé aux «bonnes» pendant des générations, alors que les cireurs sont légion dans les villes et les villages du royaume. Autre catégorie en souffrance : les jeunes, avec «un taux de scolarisation encore faible, une déperdition scolaire élevée – seulement 3% des jeunes de 15-17 ans poursuivent leurs études —, un manque d’orientation et d’encadrement, un éloignement des centres universitaires, des problèmes de transport, etc». Le Réseau ne s’étonne alors pas de relever également que les jeunes de 15-24 ans qui représentent 20,5 % de la population totale du Maroc «ne représentent pas pour autant une catégorie sociale importante et active politiquement, socialement et économiquement ». Autre tache noire au tableau : la santé. Un secteur difficile d’accès, avec des dysfonctionnements concernant l’offre de soins globale. Manque de personnel et d’infrastructures participent à l’érosion de la reproduction du principal avantage comparatif du Maroc : sa main-d’œuvre. Quelle soit disponible et bon marché est un atout non négligeable. Encore faut-il qu’elle puisse se reproduire.
A. B.

Source de cet article :
http://www.lesoirdalgerie.com/articles/2010/03/30/article.php?sid=97886&cid=8

À propos de Artisan de l'ombre

Natif de Sougueur ex Trézel ,du département de Tiaret Algérie Il a suivi ses études dans la même ville et devint instit par contrainte .C’est en voyant des candides dans des classes trop exiguës que sa vocation est née en se vouant pleinement à cette noble fonction corps et âme . Très reconnaissant à ceux qui ont contribué à son épanouissement et qui ne cessera jamais de remémorer :ses parents ,Chikhaoui Fatima Zohra Belasgaa Lakhdar,Benmokhtar Aomar ,Ait Said Yahia ,Ait Mouloud Mouloud ,Ait Rached Larbi ,Mokhtari Aoued Bouasba Djilali … Créa blog sur blog afin de s’échapper à un monde qui désormais ne lui appartient pas où il ne se retrouve guère . Il retrouva vite sa passion dans son monde en miniature apportant tout son savoir pour en faire profiter ses prochains. Tenace ,il continuera à honorer ses amis ,sa ville et toutes les personnes qui ont agi positivement sur lui

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