Le Carrefour D’algérie
Point de vue
Par Ahmed Meskine
Pour un Islam de la raison
Les pays arabo-musulmans étaient prépondérants dans le domaine de la Science…». Cette phrase prononcée par le professeur Hadj Salah Abderahmane, lauréat du Prix du roi Fayçal des langues et littérature,
peut paraître redondante depuis la chute de Grenade, si elle ne sonnait pas comme un rappel sur la nécessité d’un éveil tant attendu. En fait, la société musulmane est restée prisonnière des seuls théologiens, qui ont cloisonné le débat sur le devenir de leurs sociétés et interprété à leur guise les commandements religieux au point d’en faire des paroles de pouvoir. Ce qu’il y a lieu d’ajouter au constat historiquement vérifié, sur la prédominance des nations arabo-musulmanes dans le domaine de la Science, c’est que les gens du savoir, ulémas et érudits étaient aussi physiciens, chimistes, mathématiciens et autres médecins. C’est que cette catégorie avait la bénédiction des pouvoirs, qui pesaient leurs travaux en or et qu’ils étaient à l’abri du besoin. La décadence de cette nation en laquelle nous nous reconnaissons aujourd’hui, est venue avec la relégation des hommes de sciences au second, voire au troisième plan. La religion est passée d’une interprétation par la raison à une interprétation folklorique où, n’importe qui s’est arrogé le droit d’émettre des fetwas. Le halal est le haram, sont devenus les seules limites de la société, ce qui a paralysé tout effort de compréhension et d’ouverture sur le monde et sur la modernité. Nous avons bien vécu cette situation en Algérie où, les Instituts islamiques ont recruté parmi les bacs les plus médiocres et ont fabriqué un nombre impressionnant de prédicateurs officiels, qui se laissent aller à des jugements sur tout, alors que leur maîtrise des disciplines scientifiques, laisse à désirer. En voulant instrumenter les mosquées et les encadrer, l’Etat n’a fait que reproduire une catégorie professionnelle de fonctionnaires payés pour concentrer le discours religieux autour de la question de l’honneur et de la femme, par ignorance. Du temps où, la prépondérance des sciences l’emportait sur la décision politique, le savoir religieux était complémentaire et servait à traduire dans les faits les percepts de la sunna. Les imams «zerda» et collecte d’argent n’existaient pas. La réflexion de cheikh Hadj Salah vient à remettre les pendules à l’heure, pour changer de regard sur la place du scientifique dans notre société.
30 mars 2010
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