Le Carrefour D’algérie
date();Mardi 30 Mars 2010
Soug ennsa
Par M. Mahdia
La femme qui marche sur la mer
La misère n’est pas une histoire d’homme. C’est l’histoire de tous et surtout des femmes quand elles n’ont qu’elles-mêmes.
Pour une femme, quand viennent les jours sans pain, il s’agit de rester femme tout en faisant mieux qu’un homme. Pour ceux qui connaissent l’Oranie et Oran, ils connaissent sûrement le village magnifique de Kristel, situé entre la Montagne, la mer et le paradis. Là, on peut trouver l’une des rares femmes algériennes qui possède un bateau de pêche et qui vit de ce métier réservé pour les hommes. Comme les hommes, elle se lève au beau milieu de la nuit, possède ses filets et ses marins, ses apparts et ses horaires, ses courants et sa carte secrètes. Peu de gens la connaissent et en devient les mains dures, le regard fier brûlé par le sel et la démarche d’une femme forte qui ne craint ni les hommes ni les eaux, les nuits de l’hiver. Ce qu’elle fait, elle le fait pour elle, les siens et pour le pain. D’ailleurs, elle ne raconte jamais sa vie comme étant une femme, mais comme étant un marin. Elle ne se plaint pas d’être une femme, de ne pas être considérée comme une citoyenne qui a le droit d’exiger l’aide de sa terre contre la mer. Les gens de la mer sont en effet de plus en plus rares. Que dire donc quand le marin et le pêcheur et le capitaine sont une femme et une seule. Cette femme de Kristel est un vrai miracle qu’on peut voir tous les jours, en fin de journée, lorsqu’on a le temps de descendre vers Kristel: elle y vend son poisson et y raconte son histoire en criant contre ses ennemis. Comme un marin.
30 mars 2010
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