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Chronique du jour : KIOSQUE ARABE L’espion qui nous fait du bien

30 mars 2010

Contributions


Par Ahmed Halli
halliahmed@hotmail.com

Louanges à Dieu, l’Omniscient, qui a, enfin, daigné nous faire l’honneur d’envoyer un espion israélien parmi nous ! Oui, c’est dans tous les journaux : nos services de sécurité ont mis la main sur un espion israélien, un vrai de vrai, avec la panoplie du parfait agent secret. L’arrestation survient à point nommé, parce que nous avons failli devenir la risée du monde avec cette information qui circulait partout : «Un espion israélien disparaît dans le Sud algérien.»


Une bonne arrestation vaut mieux qu’une opération de recherches mobilisant des forces terrestres et aériennes, comme pour de simples touristes imprudents. Selon les médias, l’espion est entré en Algérie avec un faux passeport espagnol, sachant que nos amis espagnols sont de meilleurs amis que les autres, suivez mon regard ! Imaginez, en effet, si l’espion israélien avait utilisé un passeport français, même faux, et qu’il ait transité par Paris. Personnellement, je n’aurais pas hésité un seul instant pour tout déballer : l’apologie du colonialisme, l’identité nationale sélective, et j’en passe. Je me serais empressé d’écrire une lettre ouverte à Sarkozy, pour lui dire tout ce que je pensais des coups fourrés qu’il ourdit (décidément, j’aime bien ce mot, il est court et il colle bien aux Sarkozy et autres) contre l’Algérie. Dans le déballage de mes griefs, j’aurais même souhaité, en guise de salutations de fin, que sa première dame actuelle, Carla, le quitte. N’y pensez pas ! Il n’y a pas de première dame chez nous, et même si ça avait été le cas, il y a longtemps qu’elle aurait décampé. Ce n’est pas vivable : imaginez que Belkhadem lui propose la présidence du FLN, après avoir mis fin à la foire d’empoigne, officiellement appelée Congrès du FLN ? Une issue qui aurait certainement arrangé le Président Bouteflika, vu qu’il est, bon gré mal gré, le président du FLN. Selon Belkhadem qui excelle dans l’interprétation des silences, grâce à la fréquentation du défricheur de rêves Soltani, Bouteflika n’a pas dit non, donc il est président du FLN. C’est la loi du «qui ne dit pas mot, consent», érigée désormais en article «120 bis», dans les statuts du parti, décidément unique. J’ai donc décidé qu’au prochain congrès du FLN, je ne dirai rien, pour ne pas hypothéquer mes chances d’être désigné «président du FLN», avec préméditation. En parlant de Belkhadem, j’ai noté une information capitale concernant l’espion israélien : il parle l’arabe, et on l’a vu prier dans la mosquée, ce qui est la parfaite couverture pour un espion. D’où les remerciements à la divine providence, qui nous signifie que les prières de nos dirigeants éclairés et croyants n’ont pas été vaines. On ne sait pas exactement si l’espion de Netanyahou est venu chercher des renseignements, ou du pétrole (il a été arrêté à Hassi-Messaoud), mais c’est un signe. Entre un bombardement sur Ghaza, et un pied-de-nez à Obama, suivi d’un bras d’honneur à Amr Moussa, les Israéliens trouvent, enfin, le temps de nous espionner. Cela veut dire qu’en dépit d’une corruption endémique, de scandales politico-financiers, l’Algérie est quand même un pays important, du moins pour Israël. Cependant, il y a encore des détails qui m’interpellent : depuis quand l’espion israélien est-il parmi nous, et quelle était sa mission ? Il a été, enfin, arrêté à proximité d’un bureau d’études égyptien. Il ne faudrait pas que les médias égyptiens s’emballent, et qu’ils aillent claironner qu’il était là pour espionner des Egyptiens ! C’est «notre» espion, il a été arrêté chez nous, et il n’est pas question que les Egyptiens nous le prennent, comme s’il relevait de la Ligue arabe. Ils devraient s’occuper plutôt de la santé de leur président, qui est semble-t-il plus mortel que le nôtre, lequel finira, je le crains, par nous enterrer tous. Les Egyptiens ont encore plus de raisons que nous que de désespérer, car leur président leur coûte cher. Outre les frais d’hospitalisation en Allemagne, ils doivent compter avec les dépenses de séjour de sa famille nombreuse. «On peut admettre que le président Moubarak aille se faire soigner à l’étranger, mais on ne voit pas pourquoi l’épouse de son fils doit accoucher à l’étranger », a lancé un des éditorialistes perfides de l’opposition. Cela fait quand même longtemps qu’aucun espion israélien n’était venu nous visiter. La plus récente tentative de venir nous voir de près a eu lieu, si mes souvenirs sont bons, juste après l’indépendance. Un certain Abderrazak Abdelkader, descendant direct de l’Emir, avait monté un maquis tout confort à Tala-Guilef, sur les premiers contreforts du Djurdjura. M. Ben Bella, qui était notre président à l’époque, avait dénoncé une action d’espions israéliens, suscitant l’incrédulité. Il faut dire qu’à l’époque, Ben Bella était tellement occupé à déjouer des complots impérialo-sionistes, qu’il n’a pas vu arriver celui de son propre entourage. La suite lui a donné raison, toutefois, puisque des décennies plus tard, Abderrazak a été retrouvé par un de nos confrères en Israël. Il s’était converti au judaïsme, et il vivait dans un «kibboutz», du côté du Golan occupé. Lorsqu’il est mort, il y a quelques années, il a eu droit à un faire-part dans le journal Le Monde. Il y a donc là matière à rendre grâce au ciel, surtout au moment où les dirigeants arabes se concertent à Syrte, en Libye, sur la meilleure manière de surseoir aux décisions douloureuses. Une photographie des travaux du sommet montre le président Bouteflika, en conciliabule avec son homologue soudanais, Omar Al-Béchir. Sachant que ce dernier est sous le coup d’un mandant d’amener, délivré par le tribunal pénal de La Haye, la proximité avec lui peut paraître comme de la provocation. Et ça l’est, effectivement, mais depuis le match de Khartoum, gagné un peu grâce à Omar Al-Béchir, on ne peut plus se dérober sous peine de passer pour des ingrats. Seulement, il y a des jours où il pousse le bouchon un peu loin, le potentat soudanais, comme lorsqu’il s’en prend aux fabricants, aux commerçants et aux consommateurs de boissons alcoolisées, leur promettant le fouet. Le dictateur soudanais ne dit pas si ces châtiments s’appliqueront aux animistes et aux chrétiens du pays. Théoriquement, et selon les accords signés avec le gouvernement central, les habitants du sud ne sont pas concernés par la Charia, mais on ne sait jamais. A l’opposé, enfin une bonne nouvelle pour les amateurs de «coq au vin» se rendant à Dubaï : la préparation de ce plat dans les restaurants n’est plus interdite. Des clients s’étant plaints de n’avoir pas été avertis avant d’en consommer, la mention «coq au vin» devra figurer désormais clairement sur le menu. Il y a très longtemps, bien avant que les Algériens ne découvrent qu’ils étaient de mauvais musulmans, et qu’ils ne bifurquent vers le rigorisme wahhabite, nous avions aussi du «coq au vin». Seulement l’annonce était orthographiée parfois de façon biscornue, comme dans ce restaurant du centre d’Alger, proposant du cocovin. Comme pour confirmer que c’était bien un problème d’orthographe, et non une tentative de dissimulation, il y avait des «trèpes à la can», pour «tripes à la mode de Caen». Comme je demandais au maître des lieux, si ce n’était pas un ressentiment anti-colonial qui le poussait ainsi à massacrer la langue française, il me répondit qu’il n’était pas responsable. La faute en incombait au journaliste qui lui rédigeait son menu. Renseignement pris, le rédacteur des menus travaillait dans un journal, mais comme commis de cuisine. Il pensait simplement que c’était plus valorisant pour lui de passer pour un journaliste. Il savait pertinemment aussi que nous avions des journalistes qui écrivaient comme des commis de cuisine.
A. H.

Source de cet article :
http://www.lesoirdalgerie.com/articles/2010/03/29/article.php?sid=97831&cid=8

À propos de Artisan de l'ombre

Natif de Sougueur ex Trézel ,du département de Tiaret Algérie Il a suivi ses études dans la même ville et devint instit par contrainte .C’est en voyant des candides dans des classes trop exiguës que sa vocation est née en se vouant pleinement à cette noble fonction corps et âme . Très reconnaissant à ceux qui ont contribué à son épanouissement et qui ne cessera jamais de remémorer :ses parents ,Chikhaoui Fatima Zohra Belasgaa Lakhdar,Benmokhtar Aomar ,Ait Said Yahia ,Ait Mouloud Mouloud ,Ait Rached Larbi ,Mokhtari Aoued Bouasba Djilali … Créa blog sur blog afin de s’échapper à un monde qui désormais ne lui appartient pas où il ne se retrouve guère . Il retrouva vite sa passion dans son monde en miniature apportant tout son savoir pour en faire profiter ses prochains. Tenace ,il continuera à honorer ses amis ,sa ville et toutes les personnes qui ont agi positivement sur lui

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