Le Carrefour D’algérie
Point de vue
Par Hocine Smaâli
Bernard Kouchner joue avec le feu
En recevant, la semaine dernière, une délégation conduite par Ferhat Mehenni, le Quai d’Orsay cherche apparemment à approfondir la crise, dont les relations entre Alger et Paris sont déjà tendues. Loin donc de l’apaisement espéré, la France officielle continue à ouvrir les dossiers qui empoisonnent les relations. Après l’épisode de l’affaire du diplomate Hassani, de l’affaire des moines de Tibhirine
et de l’intention annoncée de réviser les accords de 1968 sur l’émigration, c’est au Quai d’Orsay de recevoir une délégation non reconnue légalement et dont les dessins sont déjà amplement connus. En recevant officiellement cette délégation, en ce moment précis, cela s’apparente bien sûr à une sorte de «chantage et de pression» de la France officielle pour faire fléchir la position algérienne sur beaucoup de dossiers politiques, stratégiques et économiques. Ainsi, selon le communiqué, c’est en date du 23 mars dernier que Mme Legendre, chargée de la Section Algérie, a reçu, au Quai d’Orsay, une délégation du MAK composée de Ferhat Mehenni et Arezki Boussaid (président du MAK-France) ainsi que de Mme Djamila Amgoud. Loin d’en être une simple visite de courtoisie, la délégation du MAK de par ses propos graves et dangereux tente, de nouveau, de revenir sur des questions que tous les Kabyles désapprouvent entièrement. L’alarmisme de ce mouvement aux abois que la France officielle veut repêcher après avoir essuyé des défaites cuisantes en Kabylie, où il ne compte qu’une dizaine de militants chauvins semble intéressé une certaine France à l’image de Bernard Kouchner, qui visiblement joue gravement avec le feu. En réponse au MAK, la représentante de M. Kouchner les a assuré, à en croire les termes du communiqué, en leur «affirmant que la position exprimée par la France en matière de respect des droits de l’homme, au début des événements sanglants de 2001, reste inchangée». Pour elle, précise-t-on aussi, «la France reste attachée au respect des droits identitaires et linguistiques des peuples», ce qui s’apparente à un positionnement du département de Kouchner concernant une affaire qui n’existe même pas. Une velléité de raviver les flammes de la contestation à la veille de la commémoration du 30ème anniversaire du printemps berbère et du 9ème en ce qui concerne le printemps noir. Voilà ce qui confirme les intentions de la France, cette France qui, par d’autres voix, appellent à des relations saines basées sur le respect, l’on se demande lequel?
29 mars 2010
Contributions