La justice saisie par le ministère de tutelle a prononcé en janvier l’illégalité de la grève des praticiens et spécialistes de la santé publique. Mais contrairement à son collègue de l’Education nationale qui ayant obtenu un arrêt similaire a aussitôt menacé les
enseignants de mettre à exécution des procédures coercitives allant jusqu’à la radiation pure et simple au cas où ils ne mettaient pas fin à leur débrayage, Saïd Barkat a laissé le mouvement de protestation des praticiens et spécialistes de la santé publique se poursuivre des semaines durant après la décision de justice, donnant l’impression qu’il répugne à recourir à la répression administrative contre les grévistes. Lundi dernier, le ministre de la Santé a toutefois emboîté le pas à son collègue Benbouzid en instruisant son administration d’avoir à user d’une batterie de sanctions dont la révocation à l’encontre des praticiens et spécialistes qui ne rejoindront pas leurs postes de travail. Tout comme les syndicalistes de l’enseignement, ceux de la santé publique ont dénoncé avec vigueur les menaces brandies par leur ministère de tutelle à travers lesquelles ils considèrent que le droit de grève consacré par les lois de la République se trouve bafoué. La décision de Barkat n’est pas pour étonner, ce qui pose interrogation c’est pourquoi il a si longtemps tardé à la prendre alors que le règlement de la grève par la voie répressive est un choix gouvernemental auquel il ne pouvait contrevenir en s’engageant dans le dialogue et la négociation avec les syndicats des praticiens et des spécialistes. Ce n’est pas fortuit que Barkat ait durci le ton à l’égard des grévistes et décidé d’engager des procédures répressives à leur encontre peu de temps après que le Premier ministre eut dénoncé les mouvements de grève qui ont lieu ces temps derniers dans le pays de faire partie d’un plan de déstabilisation auquel participent des forces et des acteurs aussi bien étrangers que nationaux. Accusation qui a permis à Ouyahia de fustiger indirectement le FLN dont Barkat est l’un des ministres, pour avoir engagé le dialogue avec les syndicats initiateurs de ces «grèves aux desseins antinationaux ». Indirectement en somme Barkat s’est vu rappeler par les propos d’Ouyahia l’obligation de solidarité gouvernementale à laquelle il est tenu en tant que ministre. A trop tergiverser à sévir alors que son collègue Benbouzid a obtenu la normalisation dans son secteur en appliquant les instructions du Premier ministre, Barkat serait inévitablement entré en conflit avec ce dernier. La confrontation aurait été à son désavantage à partir du moment où il est clair que le président de la République et son Premier ministre sont sur la même longueur d’onde et disposition d’esprit concernant ces mouvements de grève et la façon de les casser. Ce que même son parti le FLN a fini par comprendre d’où l’expression de «sa solidarité avec le gouvernement sur cette question» tel que l’a déclaré Abdelaziz Belkhadem lors de sa conférence de presse post 9ème congrès. Barkat qui est médecin de formation est peut-être intimement acquis à la légitimité des revendications des praticiens et spécialistes de la santé publique. Mais en tant que ministre qui plus est sans pouvoir réel de négociation s’agissant de revendications salariales et sociales, il n’a d’autre choix que la répression pour laquelle le gouvernement a opté.
25 mars 2010
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