Faut-il, à chaque fois, recourir à des actions spectaculaires pour faire valoir ses droits? On est tenté de le croire. La confirmation vient de Bejaia et concerne une famille qui veut rouvrir le dossier d’un fils qu’elle estime injustement emprisonné. Une famille, dont le fils a été condamné à une peine d’emprisonnement ferme, veut marcher sur Alger pour sensibiliser les autorités et les contraindre
à réviser son procès. Soutenus par des proches, le père et la mère du jeune homme ont décidé de se battre pour faire libérer leur garçon, estimant que le procès a été «bâclé, et loin d’être juste et équitable», selon leurs affirmations. Lasse de saisir, en vain, les instances concernées, la famille I., résidant à Aokas, n’a pas trouvé mieux que d’organiser une marche, de sa localité vers Alger, pour demander la révision du procès de leur fils, Abdelkrim, condamné le 4 janvier dernier à 18 mois de prison ferme pour non assistance à personne en danger. Après avoir parcouru plus de 40km, un émissaire de la Justice a rencontré la famille I. et l’a invitée à un entretien avec le procureur général de la République. Hier matin, le père et la mère ont été effectivement reçus par le magistrat. Alors que l’on s’attendait à une issue heureuse, le père nous a contactés hier pour nous annoncer sa décision de poursuivre sa marche sur le ministère de la Justice. Et pour cause! «Le procureur, qui nous a reçus hier, nous a demandé de mettre fin à notre manifestation en contrepartie de quoi il saisira le ministre de la Justice, par écrit, concernant notre doléance», indique le père qui ajoute: «Dans ce cas, nous allons le faire nous-mêmes.» Il y a quelques mois, Abdelkrim I., 29 ans, rentrait chez lui à bord du véhicule familial en compagnie d’autres passagers. Sur son chemin, il voit une jeune fille de sa localité qu’il reconnaît et décide de lui rendre service en la prenant à bord de sa voiture. Suite à une mauvaise manoeuvre, Abdelkrim provoque un accident et sa passagère est blessée. Ne pouvant faire redémarrer son véhicule (?), le jeune attend des secours qui viendront d’un taxi qui prendra en charge la jeune fille. Arrivée à destination, cette dernière ira voir un médecin et, munie d’un certificat médical, dépose une plainte (quelques jours, plus tard) contre le jeune homme, pour non assistance à personne en danger. Abdelkrim I. a été ainsi condamné. Depuis, le père du jeune infortuné ne cesse de frapper à toutes les portes. En effet, sur conseil d’un magistrat, une demande de révision du procès avait été transmise alors qu’il suffisait d’un pourvoi en cassation. Le père n’aura jamais de réponse à sa demande de révision.
ALI KARIMOU
JOURNALISTE DE LA VOIX
24 mars 2010
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