C’était un jour de fête à Paris, fête de “l’Humanité”, où tous les bons et les mauvais se sont rencontrés. Ils discutaient de tout et de rien, car l’humanité n’est accessible que lorsque la face cachée et morbide de l’homme devient apparente. Impossible, car l’être humain est impossible. Tu étais là, tu nous écoutais, mais au fond tu avais un peu pitié de notre engouement idéaliste. Je me rappelle,
je t’ai raconté mon professeur de français, Mademoiselle Jarosh qui nous faisait écouter Ferrat. “La montagne” fut le texte à étudier pour la composition. A cette époque, on ne connaissait pas les hormones et je t’avais relaté que chez nous dans notre campagne, les poulets, souvent, picotaient les excréments matinaux et fumants des humains. De suite, tu m’as rétorqué avec un large sourire: “Tout ce qui sort de l’humain est hormone.” J’avais compris. Je m’excuse, c’est lui qui nous a demandés de le tutoyer. Pour lui, à sa mémoire, et sans le consulter, je lui dédie un petit poème de la montagne, tout en espérant qu’il va sourire. Adieu Camarade.
Que la montagne est belle!
Et pourtant que la montagne est belle,
Belle dans “la nuit et le brouillard”,
On “l’aime jusqu’à en perdre la raison”.
Que serions nous sans elle?
La vie ne sera pas plus belle, camarade.
La montagne, c’est comme la femme,
Elle est l’avenir de l’homme.
Tu es parti rejoindre tes amis,
Les poètes, les hommes qui ont souffert et,
Qui ont aimé.”Tu verras, tu seras bien”,
A côté de ce beau monde.
Nous les “mômes”, nous sommes là pour peu de temps,
Personne, ne nous interdira d’écouter tes chansons.
Jarosh, c’est elle qui nous a appris Ferrat,
La chanson, nous adoucissait les tympans et,
Le texte c’était pour la composition.
Concentrés, la montagne, nous l’avons grimpé,
Au sommet, nous avons respiré “la liberté”,
C’était en 1973, c’était aussi, le poulet aux hormones,
Invention stupide de l’homme,
Tu as dit vrai camarade car,”Le poète a toujours raison.”
De la montagne, à la mer, tu as sauvé “Potemkine” et,
A côté du matelot, tu retrouveras “Oura Ouralou”.
Comment peut-on s’imaginer, qu’on ne verra plus,
Un vol d’hirondelle et, Que l’automne n’arrivera plus?
J’ai fait “le bilan”, la tristesse m’envahit et “j’ai froid”
Pourtant que la montagne est belle, “L’amour est cerise”,
Et, ce n’est que partie remise.
Adieu camarade, et pour le moment,
A nous la montagne,
et à toi l’éternité.Dr.
Driss Reffas
Notes:
- On peut lire dans le texte les titres des chansons de J. Ferrat: Que la montagne est belle, La nuit et le brouillard,Aimer à perdre la raison, Que serai-je sans toi, C’est beau la vie, La femme est l’avenir de l’homme, Tu verras, tu seras bien, Les mômes, Quand on n’interdira plus meschansons, La liberté, Le poète a toujours raison,Potemkime, Oura Ouralou, Le Bilan, J’ai froid et L’amour est cerise.
- Mlle Jarosh: Professeur de Français à l’Ecole desCadets de la Révolution de Koléa (1971-1974). Que dieu ait son âme.
24 mars 2010
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