Lundi dernier, au n°24 de la rue Belhadri Smaïl à El-Hamri, un grand mur d’une bâtisse en ruine s’est effondré. L’immeuble en question, en ruine depuis de longues décennies, avait été fort heureusement évacué le mois
dernier et ses occupants relogés dans le cadre des opérations d’assainissement du vieux bâti, menées par les pouvoirs publics. Mais cet immeuble en ruine, mitoyen à une école primaire n’a pas été démoli dans les délais dictés par l’urgence. Fort heureusement, personne n’était à proximité de la bâtisse au moment de l’effondrement. Les riverains, qui commentaient hier l’incident, évoquaient tous un «miracle divin» qui a épargné leurs enfants très souvent groupés au pied du mur de la bâtisse. «J’ai cru qu’il s’agissait d’un tremblement de terre», affirmait une mère de famille habitant un immeuble voisin, lui aussi menaçant ruine… La peur et l’angoisse étaient lisibles sur le visage de ces habitants confrontés à un danger mortel qu’ils ne peuvent ni fuir ni oublier. D’ailleurs, nombreux sont les immeubles menaçant ruine qui ont été évacués mais qui à ce jour n’ont pas encore été démolis. Souvent adossés les uns aux autres; ces immeubles des vieux quartiers posent en effet un sérieux problème technique. Comment démolir une bâtisse totalement dégradée sans fragiliser davantage l’immeuble à côté par le terrible risque de «l’effet domino» tant redouté par des experts? Et cela ramène fatalement aux mêmes interrogations liées au choix de la politique globale mise en oeuvre pour lutter contre le vieux bâti. Beaucoup d’observateurs avertis estiment que ces opérations sporadiques d’évacuation d’un immeuble devenu plus dangereux que les autres bâtisses voisines, restent finalement bien en deçà des attentes et des objectifs. La stratégie d’éradication de l’habitat en ruine par des travaux de confortements et de restauration avait elle aussi montré ses limites face à de nombreuses contraintes propres aux lourdeurs bureaucratiques et à la nature juridique des propriétés concernées. Depuis plus de trois décennies, beaucoup d’appels d’offres ont été lancés et relancés, beaucoup de «mises en demeure» aux entrepreneurs défaillants ont été publiées dans la presse, et beaucoup trop de discours et de promesses ont été lancées par les gouvernants locaux successifs. Mais Oran demeure toujours prisonnière de son fléau urbain mortel. Un risque majeur accentué aujourd’hui par tous ces immeubles évacués mais toujours pas démolis pour différentes raisons ignorées par le citoyen anonyme. Ceux qui ont pris l’engagement de reloger des sinistrés du vieux bâti, jetés à la rue à la suite des premières chutes de leurs toitures, ont peut-être oublié que les bâtisses évacuées n’allaient pas tarder à s’effondrer à tout moment. Sans «avertir» les riverains, les passants et les enfants. Comment ne pas dénoncer cette faille évidente dans la stratégie engagée pour éradiquer le vieux bâti? Sans douter de la sincérité, des efforts et de l’engagement des responsables locaux chargés de cet épineux dossier, il faut bien admettre que certaines réponses aux attentes populaires se heurtent toujours au chaos d’un système de gestion locale en panne de compétence et d’efficacité.
La chronique de Benali Si Youcef
24 mars 2010
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