Hallucinant. Pour la seconde fois, en moins de six mois, près de 80 % des engins de ramassage des ordures sont déclarés «hors service», expliquant, ainsi et encore une fois, les grandes perturbations constatées dans la collecte des déchets ménagers. On se souvient pourtant des annonces et des engagements
avancés il y a quelques mois à peine pour le renforcement et le renouvellement du parc communal chargé de l’entretien. Des camions flambant neufs auraient même été achetés par la Wilaya et la Commune pour pallier au déficit. Mais depuis une semaine, le problème refait surface. La division de l’hygiène et de l’assainissement de la commune d’Oran, qui, théoriquement, assure 80% de la collecte des ordures de la ville d’Oran, ne fonctionne plus aujourd’hui qu’avec un parc réduit à une quinzaine de bennes- tasseuses, soit moins de 20% seulement de l’ensemble des moyens existants et mis à sa disposition. Selon le responsable concerné, sur une cinquantaine d’engins de collecte affectée à sa division, seules 10 à 15 bennes sont actuellement opérationnelles, le reste étant soit en panne, soit en attente d’être «réformé». Et le discours officiel précise même que les pannes enregistrées notamment sur la suspension, les radiateurs et les plaquettes de frein seraient dues en grande partie à l’ état déplorable de la chaussée à l’entrée de la décharge d’El-Kerma, surtout après de fortes chutes de pluie. En d’autres termes, on devrait comprendre que c’est le déficit de maintenance des chaussées qui provoquerait la faillite des moyens de ramassage des déchets. Et que la coupable de cet état des lieux désopilant serait cette bonne pluie qui tombe du ciel sans prévenir. Encore une fois, le laxisme et le laisser-aller n’ont d’égal que la médiocre approche des missions essentielles dévolues aux gestionnaires locaux. Face au peu de moyens disponibles, les responsables concernés sont contraints, nous diton, de «sur-utiliser» les quelques camions disponibles pour réduire l’ampleur de la saleté en constante propagation. Mais cette «sur-exploitation « des moyens existants engendre elle aussi des pannes plus fréquentes. Une spirale de fausse gestion qui illustre on ne peut mieux cette politique du tâtonnement et du bricolage que l’on ne cessera jamais de dénoncer. Et comme le gros marché, concernant la maintenance et l’acquisition de la pièce détachée, n’a toujours pas été adopté par les procédures et les commissions concernées, les camions en panne restent toujours en panne,… en attendant des jours meilleurs. Et faute de camions en quantité suffisante, les deux tiers de l’armée des éboueurs, déjà en surnombre, sont dans l’obligation de «se rouler les pouces» durant des heures, voire des journées, en attendant leur tour de rotation sur l’un des camions disponibles. Une situation que certains tentent d’expliquer par des retards enregistrés dans la finalisation de certains marchés et programmes relatifs à l’acquisition de nouvelles tasseuses gérées par la Wilaya et le ministère de l’Intérieur et des Collectivités locales. Occultant les premières et véritables causes de leur échec, liées au manque d’entretien des chaussées et au déficit de maintenance, beaucoup ont cette fâcheuse tendance à pointer du doigt une tutelle administrative ou un supérieur hiérarchique qui n’a aucun rôle à jouer dans ces opérations communales du ressort des seuls élus locaux. A les entendre, ce serait le Wali, le Ministre, voire même le Chef de l’Etat qui seraient responsables de leurs lamentables échecs de gestion et d’utilisation des deniers publics…!
La chronique de Benali Si Youcef
22 mars 2010
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