Il s’est écrit et a été développé que les reports qu’a connus la convocation du 9ème congrès du FLN ont été dus à des interférences ayant fait craindre à Bouteflika et Belkhadem, son fondé de pouvoir dans la direction de l’ex-parti unique, qu’ils risquaient de se voir contester l’autorité et le contrôle qu’ils se sont acquis sur celui-ci depuis les
assises du «redressement» en 2005. S’il y eut des velléités de ce genre alors le camp présidentiel a su les neutraliser. Bouteflika et Belkhadem ont en effet eu droit à un délirant plébiscite invitant l’un à prendre la présidence effective du parti et accordant à l’autre d’emblée le renouvellement de son mandat de secrétaire général. La mainmise sans partage qu’exercice le duo sur l’ex-parti unique est si évidente pour les 3500 délégués participants qu’il ne s’est pas trouvé l’un d’entre eux pour émettre même une vague réserve sur l’unanimisme de l’allégeance qu’ils leur ont exprimée.
L’appareil du FLN demeure une puissante machine électorale et un relais politique non négligeable, malgré l’érosion de l’audience populaire du parti. Pour tout ce que Bouteflika projette de réaliser pendant son mandat, y compris la façon dont il envisage sa propre succession, il a besoin entre autres d’un FLN acquis et soumis. Il a paru un moment que Bouteflika se serait méfié de la fidélité à son égard de l’ex-parti unique même avec Belkhadem à ses commandes. L’intention lui avait alors été prêtée de vouloir lancer la création d’un parti présidentiel sous la houlette de l’un de ses frères. Idée ont avancé d’aucuns qui a germé dans son esprit au constat des réticences qui se sont fait jour dans la maison FLN sur la révision constitutionnelle malgré son adhésion officielle au projet, et de celui d’une campagne a minima du parti en faveur de sa réélection pour un troisième mandat. A supposer même qu’il y eut du vrai dans les supputations sur le sujet, Bouteflika ne peut accepter que l’ex-parti unique fasse acte d’obédience à un autre que lui. Ne serait-ce que parce que le FLN est à ses yeux indissociable des légitimités «historique et révolutionnaire» dont il se revendique même si un jour il en a annoncé la fin au profit de la légitimité électorale.
Par ce 9ème congrès qui se déroule à la coupole du complexe olympique Mohamed Boudiaf, qui va entériner le retour du FLN aux structures dirigeantes ramassées que sont le bureau politique et le comité central, Bouteflika réaffirme son emprise sur ce parti. Les congressistes même les plus «turbulents» d’entre eux ont intériorisé cette évidence. Il n’y a pas qu’au FLN que Bouteflika impose son omnipotence. Il n’y a qu’à voir comment le RND fait dans la «surenchère» sur le soutien au président et à son programme. L’on nous opposera que dans le système algérien la source du pouvoir n’est pas dans les partis, et que donc leur soutien à celui qui cherche à conserver le pouvoir n’est pas déterminant. Sauf que ces partis sont dotés du «sixième sens» qui leur fait sentir d’où souffle le vent dominant et leur fait accorder ce soutien à celui qui en est porté. Si les rumeurs et spéculations qui ont fait florès ces derniers mois sur un prétendu conflit au sommet de l’Etat qui empêcherait Bouteflika d’exercer la plénitude de son autorité présidentielle, avaient une réalité, c’est dans un tout autre climat que se déroulerait le congrès du FLN et l’on aurait certainement pas entendu le RND exprimer avec autant d’enthousiasme son soutien «indéfectible» au président et à son programme.
21 mars 2010
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