20-03-2010 DECRYPTAGES
Quartette, es-tu là ?
Qui a dit que le Quartette pour la paix au Proche-Orient a disparu de la surface du globe ? Après une absence remarquée, voici que ses membres viennent de remettre les pieds sur terre. A Moscou, où leur réapparition n’a pas été des plus réussies.
A peine leur demande de gel de la colonisation, dans les territoires palestiniens occupés, rendue publique, que Avigdor Lieberman l’a rejetée d’un revers de manche.
L’Etat hébreu n’a aucune leçon à recevoir et aucun calendrier à respecter. Il faudrait peut-être s’attarder sur ce que pensent les ténors du parti centriste de Kadima pour deviner facilement les lignes rouges tracées par le Likoud et les partis religieux du gouvernement Netanyahu : L’Amérique incluse, nul ne doit s’attendre à ce que l’Etat hébreu revienne aux frontières de 1967 autour d’Al Qods.
A partir de ce postulat, le Quartette pour la paix au Proche-Orient peut-il encore exiger de la partie palestinienne de revenir à la table des négociations ?
Le plan US peut être la plus solide des plates-formes, la Feuille de route a tellement jauni qu’il n’est plus possible de distinguer ses alinéas.
La vision de deux Etats n’est plus qu’un mirage dans le désert du Néguev. Reste au Secrétaire général des Nations unies à arborer ses soudaines inquiétudes sur le drame humanitaire à Ghaza comme si celui-ci avait commencé à la veille de l’arrivée de Ban Ki-moon à Moscou.
Quelqu’un pour sauver le Quartette dont les représentants se disent presque tout sauf que la région du Proche-Orient ne finit pas d’être un ring sans cordes pour les grandes puissances qui échangent les uppercuts francs et les coups bas ?
Barack Obama, qui s’attend à un vote serré et crucial de sa réforme du système de santé US, tiendrait un semblant d’entrouverture pour éviter que le Quartette ne sombre de nouveau. La fameuse main tendue à l’Iran ennemi vient, elle aussi, de faire son retour.
Que les mollahs en prennent acte, le dialogue tient toujours. Deux hypothèses pour expliquer ce «revirement» du Président Obama après avoir claqué la porte au nez d’Ahmadinejad : ou bien il perd tout espoir d’arracher un consensus international dans l’objectif de sanctionner la République islamique d’Iran, ou bien il peine à propulser le plan de paix américain que le Quartette a béni sans même s’agenouiller au pied de l’autel.
Le chef de l’Autorité palestinienne n’avait-il pas accusé le régime de Téhéran d’être derrière l’échec du dialogue interpalestinien qui devait déboucher sur la «capitulation» du Hamas face à son rival du Fatah, le moins mauvais des interlocuteurs aux yeux de Tel-Aviv ?
A priori, l’administration américaine n’a pas trouvé mieux que de faire du pied aux mollahs afin que ceux-là cessent de mettre des traverses dans les roues de la charrette du Quartette qui ne tournent plus rond.
L’Iran ne cesserait ses prétendues immixtions qu’en contrepartie de gages formels de la part des grandes puissances. Une sorte de pacte de non-agression aussi bien militaire qu’économique, via un régime de sanctions qu’Israël veut imposer à tout prix. Désormais, la balle est dans le terrain vague de ses futures colonies.
Par Anis Djaad
21 mars 2010
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