L’épopée de Djazia (7e partie)
Par K. Noubi
Résumé de la 6e partie n Au Maghreb, les nomades hilaliens sont souvent confrontés aux Berbères zénètes qui sont, eux, sédentaires.
Les versions marocaines sont moins nombreuses, et les deux plus connues, sont en berbère. La première a été recueillie chez les Beni Snassen, à la frontière algérienne, et l’autre chez les Zaïan, du Maroc central. Toutes deux mettent en relief les exploits du chef zénète, Khlifa, qui enlève à Dhiyab le Hilalien la belle Djazia et l’épouse.
Hors de l’Orient et du Maghreb, l’épopée de Djazia se retrouve encore en Afrique sub-saharienne, plus précisément dans les régions du Bournou, au Nigeria, de Kanem et du Ouaday au Tchad et au Kordofan, au Soudan, parmi les minorités arabophones de ces pays. Ici, l’épopée des Banû Hilal est non seulement une œuvre littéraire, mais aussi un élément de l’identité de ces populations qui maintiennent leur spécificité au milieu des populations africaines.
La version du Bournou est la plus connue. Elle a été recueillie, éditée et traduite en anglais par J.R. Patterson en 1930.
Dans cette version, il est question de la naissance simultanément, à la suite d’un vœu, chez les Banû Hilâl, de deux garçons : Abû Zayd et Dhiyab, fils de deux femmes qui ont épousé deux frères. Les deux enfants, qui sont donc cousins, seront tous les deux, les héros de la tribu. S’ils sont tous les deux forts et vaillants, c’est Abû Zayd qui est favorisé par la légende.
On rapporte que, dès l’enfance, il manifeste des dons extraordinaires, et une force hors du commun. Il est si redoutable que tout le monde le craint et il parvient à mettre en fuite son propre père ! il est amoureux de la belle Djazia (appelée ici El Djaz). Et son oncle projette de la lui donner en mariage. Mais Djazia, elle, est amoureuse d’un Berbère, le fils du prince de Tunis. Elle se fait volontairement enlever par lui, et quand Abû Zayd apprend la nouvelle, il est pris d’une violente colère. Il poursuit les fugitifs, les rattrape, tue le prince et reprend sa cousine.
C’est la guerre avec le sultan de Tunis, guerre que les Hilaliens remportent. Mais le récit finit sur la mort de Abû Zayd et de Dhiyab dont la descendance, dit le poète, disparaît également.
Au Soudan, les textes qu’on a recueillis jusqu’à présent sont assez courts. Il est surtout question du périple africain du héros, Abû Zayd, qui doit, avant de s’imposer, affronter mille et un dangers. Dans une version, plus longue, Abû zayd a un compagnon : Ahmed al Ma’kur, c’est-à-dire «l’estropié’ : il est tantôt son frère, tantôt son petit-fils tantôt un cousin. Il aurait été estropié à la suite d’intrigues amoureuses, et selon un récit, c’est Abû Zayd lui-même qui lui aurait coupé le tendon d’Achille. Cependant, dans une version, ce personnage est chargé d’une mission noble : enseigner le Coran et convertir les païens africains.
Le lien avec la geste hilalienne est plus ténu dans les autres versions africaines. Dans un récit tchadien par exemple, on ne fait qu’évoquer «Tunis la verte», où l’eau coule en abondance et où il n’y a pas d’insectes qui piquent les troupeaux. Dans un autre récit, une femme chante les vertus et la grandeur de son époux, que seules surpassent celles de Dhiyab le Hilalien. (à suivre…)
K. N.
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20 mars 2010
Histoire