Ainsi va la vie
Premiers émois (8e partie)Par K. Yerbi
Résumé de la 7e partie : Omar comprend que son oncle est un homme riche et considéré. Il en est très fier.
Le chauffeur a garé, puis il l’a accompagné. Ils sont d’abord passés par un poste de contrôle, ont traversé de longs couloirs, puis pris un ascenseur. Omar est impressionné par la propreté des lieux. Tout est nickel.Le chauffeur le conduit devant une lourde porte capitonnée et lui dit :— Tu es devant le bureau de ton oncle.Omar se rappelle aussitôt ses bagages.
— J’ai laissé ma valise dans la malle de la voiture.
— Je sais, dit le chauffeur, avec un sourire ironique. Tu as laissé également ton bidon d’huile, que j’ai mis dans la malle. Je vais les transférer dans la voiture de ton oncle, tu les y retrouveras tout à l’heure.
Et il s’en va, laissant là Omar, embarrassé. Il frappe timidement à la porte, mais comme elle est capitonnée, aucun son n’en sort. Comment faire ? se demande-t-il angoissé ? il ne va tout de même pas ouvrir et entrer comme dans un moulin !
Il essaye de frapper sur le rebord en bois, mais le son qui en sort est trop faible pour être entendu de l’intérieur. Une employée passe et le regarde.
— Que faites-vous là ?
— Je frappe, dit-il, mort de honte
— Mais, c’est capitonné… on ne vous entend pas, il faut ouvrir et entrer !
D’ailleurs, elle ouvre la porte et l’invite à entrer, avant de la fermer derrière elle. Il tombe nez à nez avec une secrétaire qui le regarde avec curiosité.
— Oui ?
— Je… balbutie-t-il.
— Qui êtes-vous, jeune homme ? Que faites-vous ici ?
Elle se rappelle aussitôt quelque chose et s’écrie :
— Ah, c’est le neveu du patron ! vous êtes le petit Omar, n’est-ce pas et vous venez d’arriver de la campagne ?
— Oui, dit-il, embarrassé.
Ni l’épithète «petit» ni la sentence «vous arrivez de la campagne» ne sont de son goût, mais au moins elle l’a reconnu.
— Attendez, dit-elle, le patron est au téléphone, il vous recevra quand il aura fini.
Elle lui montre une chaise. Il s’assoit timidement. «Le patron» : son oncle est patron, et il va «le recevoir», comme un grand. Brusquement, la timidité laisse la place à une sorte de fierté : son oncle est un «grand» et, par ricochet, il l’est lui-même !
Il regarde autour de lui : comme c’est grand et beau et il se dit : «Si le bureau de la secrétaire est aussi luxueux, comment doit être celui de mon oncle ?»
La secrétaire prend le téléphone et appelle le «patron», elle lui dit que son neveu est là et qu’il attend ; elle pose le combiné et se tourne vers Omar.
— Allez-y ! (à suivre…)
K. Y.
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19 mars 2010
Histoire