Ainsi va la vie
Premiers émois (7e partie)Par K. Yerbi
Résumé de la 6e partie : Omar est arrivé à Alger. Le chauffeur de son oncle est venu le chercher à la gare routière.
Omar écarquille les yeux devant la voiture : elle est si rutilante qu’il n’ose y monter. Le chauffeur s’est emparé de la valise et l’a mise dans la malle. Comme le jeune garçon tient à la main son sachet le chauffeur lui demande de le mettre également dans la malle.
— C’est de l’huile, dit Omar
— De l’huile ? dit le chauffeur embarrassé, évidemment, il y a des risques que ça se renverse et que ça salisse la malle.
Omar, honteux, balbutie :
— Je garde le sachet avec moi…
— Il n’y a pas de risque que ça dégouline sur la banquette ?
— Non, non, c’est bien attaché, et puis je ferai attention !
— D’accord, monte à l’arrière !
Il monte, honteux, maudissant sa mère de lui avoir donné ce bidon d’huile qui le ridiculise ! Les gens se chargent de cadeaux, de bouquets de fleurs pas de bidons d’huile ridicules !
Une sensation de fraîcheur subite, qui contraste avec la chaleur étouffante de l’extérieur, lui fait oublier ses griefs contre sa mère. Il comprend : la voiture est climatisée !
— Tu dois avoir faim ? dit le chauffeur
Il commence, en effet, à avoir faim, mais il secoue la tête.
— Non, non !
— On va bientôt arriver, tu mangeras au bureau !
Le chauffeur a parlé de bureau. Ce n’est pas donc à la maison qu’il le conduit ?
— Nous n’allons pas à la maison ? demande-t-il timidement
— Non, dit le chauffeur, on va au bureau. Tu casseras la croûte et tu passeras l’après-midi avec ton oncle, c’est lui qui t’emmènera à la maison.
— Ah, dit Omar.
Il est un peu déçu ou plutôt intimidé par l’idée de passer l’après-midi avec son oncle. A vrai dire, il ne le connaît pas mais il soupçonne en lui – rien qu’au son de sa voix au téléphone — un homme autoritaire.
— Alors, demande le chauffeur, qui veut engager la conversation avec lui, tu viens de la campagne ?
— Oui, dit Omar
— Et tu viens passer tes vacances à Alger ?
— Oui, dit encore Omar.
— Ton oncle a une belle maison, au bord de la mer, je pense que tu vas t’amuser… Tu es beau garçon, tu sais, tu vas faire des ravages auprès des filles !
Omar, honteux, ne répond pas. Heureusement que quelques instants après, on arrive. Le «bureau» de l’oncle est un imposant bâtiment gardé par la police ! (à suivre…)
K. Y.
Voir tous les commentaires sur cet article:
http://nadorculture.unblog.fr/2010/03/19/une-ville-une-histoire-zineb-2/#comments
19 mars 2010
Histoire