Histoires vraies
Le scoop (2e partie)
Résumé de la 1re partie n Pour satisfaire son patron, Demangeon imagine une situation et fait un article. Ruguet demande à son journaliste de suivre l’affaire…Elle est bien bonne celle-là. Demangeon a strictement tout inventé :
dans son histoire, deux jeunes chercheurs d’or reviennent du Canada. Là-bas, dans les profondeurs glacées du Yukon, ils ont, un jour, découvert un squelette au pied d’une falaise. Auprès du squelette quelques objets. Au doigt du squelette, une chevalière. Les deux explorateurs ont réussi à se hisser jusqu’en haut de la falaise et, après quelques kilomètres dans la neige, ils ont trouvé une cabane abandonnée.Cette cabane devait être le camp de base du malheureux dont ils ont découvert les restes. Dans la cabane, des sacs de quartz aurifère indiquent que le disparu était un chercheur d’or. Les deux garçons réalisent qu’ils sont au centre d’un «placer». Ils se rendent à Whitehorse, la ville la plus proche, et se renseignent. On leur dit que personne n’a déposé de demande pour une concession concernant ce territoire. lIs remettent au shérif la chevalière trouvée sur le squelette et ils en profitent pour faire une demande de concession en leur nom propre. Aujourd’hui, après deux ans d’exploitation, ils reviennent en France, histoire de se refaire une santé…Demangeon peut être content de lui. Il vient d’inventer une histoire digne des meilleurs romans-feuilletons. De toute manière, dans deux jours, les lecteurs auront tout oublié et personne n’y pensera plus.C’est là que Demangeon se trompe lourdement…Deux mois plus tard, le téléphone sonne chez Demangeon :
Allô, c’est vous, mon petit Didier ? Ici Raguet. Dites donc, il y a du nouveau pour votre histoire. Nous venons de recevoir une lettre d’une certaine Mathilde de Ferrière. Elle a lu votre reportage et elle est persuadée que les deux prospecteurs que vous avez rencontrés ont découvert le squelette de son frère. Il est parti il y a cinq ans dans le Yukon pour y chercher de l’or et il n’a plus jamais donné de nouvelles. Il faudrait demander au shérif de Whitehorse la description de la chevalière. Cela permettrait d’identifier le squelette. Il s’agit, d’après elle, de son frère Thibault de Ferrière.
Demangeon ne sait trop que répondre :
— Ah, ça, c’est formidable ! Oui, ça serait bien si c’était son frère. Enfin je veux dire… ça serait triste. Mais intéressant. C’est fou que cette histoire ait un tel rebondissement !
Pour être fou, on peut dire que ça l’est. Comment cette Mlle de Ferrière a-t-elle pu croire suffisamment au «roman» inventé par Demangeon pour y reconnaître son frère ? Demangeon est un peu inquiet. Mais, après tout, que risque-t-il ? On va contacter le shérif de Whitehorse. Il répondra Dieu sait dans combien de temps, qu’il n’a aucune trace de chevalière ni de squelette découvert au pied d’une falaise. Et puis tout retombera dans l’oubli. Il y aura mille raisons plausibles pour expliquer qu’on n’aboutisse à rien.
Les semaines passent et Didier Demangeon continue son dur métier de «correspondant exclusif». Dieu merci, il parvient toujours à fournir de la copie au père Raguet, mais, il faut bien l’avouer, rien n’est aussi excitant que l’aventure du squelette et des chercheurs d’or…
Demangeon sommeille encore quand le téléphone sonne :
— C’est vous, mon petit Demangeon ? Je vous appelle pour l’histoire du «squelette du Yukon». Ça y est, nous avons reçu une réponse du shérif de Whitehorse et grâce au Yukon Telegraph nous avons reçu par bélino une photo de la chevalière…
Une photo de la chevalière ? Mais quelle chevalière ? (à suivre…)
D’après Pierre Bellemare
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19 mars 2010
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