Au coin de la cheminée
Le maître voleur (1re parrtie)
Un jour, un vieil homme et sa femme étaient assis sur le seuil de leur pauvre maison pour respirer un peu après un dur labeur, quand, tout à coup, s’arrêta, devant eux, un superbe carrosse tiré par quatre chevaux. Un seigneur magnifiquement vêtu en
descendit et le vieux paysan se leva, alla au-devant du seigneur pour lui demander ce qu’il désirait et en quoi il pouvait lui être utile. L’étranger serra la main du vieillard et lui dit : «Je voudrais seulement me régaler d’un plat paysan. Préparez-moi un plat de pommes de terre comme vous les mangez d’ordinaire et je me mettrai à table avec vous ; cela me fera grand plaisir.» Le paysan s’en amusa. «Vous êtes un comte, lui dit-il. Ou un prince, ou peut-être même un duc, est-ce que je sais ? Les grands seigneurs ont quelquefois des caprices de ce genre… Nous allons satisfaire votre désir, en tout cas.» Sa femme alla dans la cuisine pour laver et râper les pommes de terre dont elle voulait faire des boulettes à la mode paysanne, et pendant ce temps-là, le paysan proposa à l’inconnu de l’accompagner à son jardin derrière la maison, où il avait encore un petit travail à achever : celui de planter de jeunes arbres fruitiers qu’il mit dans des trous qu’il avait préalablement creusés.
— Vous n’avez donc pas d’enfant ? demanda l’étranger. Un fils vous donnerait un bon coup de main.
— Non, répondit le paysan ou plutôt, j’ai bien eu un garçon autrefois, mais il y a un bon bout de temps qu’il est parti de par le monde. C’était de la mauvaise graine : un garçon intelligent et malin, mais qui ne voulait rien apprendre et ne faisait que de mauvais tours ; pour finir, il s’en est allé et je n’ai plus jamais eu de nouvelles de lui. Tout en parlant, le vieux paysan prit un arbrisseau, le plaça dans le trou, puis il planta un tuteur à côté et enfin, après avoir ramené et bien tassé la terre, il attacha solidement au pied, en bas et au milieu, le jeune tronc contre le tuteur avec de la paille tressée.
— Mais dites-moi, questionna l’étranger, pourquoi n’attachez-vous pas aussi contre un pieu l’arbre que je vois là-bas, dans le coin, tout tordu et biscornu, dont les branches touchent presque le sol ? Il a besoin d’être redressé, non ?
— Bien sûr, mon seigneur, mais on voit bien que vous ne vous êtes jamais occupé d’un jardin. Cet arbre est vieux, desséché et biscornu : personne au monde ne pourra le redresser, Les arbres, c’est quand ils sont jeunes qu’il faut les diriger. (à suivre…)
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19 mars 2010
1.Contes