Une ville, une histoire
L’épopée de Djazia (14e partie)
Par K. Noubi
Résumé de la 13e partie n Cheikh Ghanem réussit à récupérer son fils enlevé à la naissance par ses oncles maternels.
Le cheikh, amusé, suit la bataille engagée entre les enfants. Ils sont tous armés d’épées en bois et s’envoient des coups, se font des croche-pieds, tombent l’un sur l’autre. L’un d’eux – le garçon récupéré chez les Zénètes — semble le plus excité de tous, et, apparemment, il a le dessus sur ses compagnons.
Le cheikh, sans hésiter, va dans sa tente et appelle sa femme.
— Viens, lui dit-il, sors un instant.
La Zénète obéit. Son époux la conduit jusqu’aux enfants et lui montre le groupe.
— Vois, lui dit-il.
A ce moment-là, son fils, qui a réussi à terrasser tous ses compagnons, brandit son épée.
— Pitié ! crient les vaincus sur un ton pathétique
— Il n’y a pas de pitié, dit l’enfant !
Et il fait semblant de transpercer ses compagnons, puis, il les aide à se relever et leur dit :
— Peuh ! Vous êtes de piètres guerriers !
Cheikh Ghanem hoche la tête.
— Et toi, dit-il au jeune garçon, toi qui as vécu parmi les laboureurs, tu te crois un bon guerrier ?
— Je le serai, répond fièrement le garçonnet.
— En attendant, tu ferais mieux de ne pas déchirer tes vêtements…
— J’ai donné des coups et j’en ai reçus !
Il montre ses bras et ses jambes en sang.
— Tu n’as pas mal ?
s’inquiète sa mère
— Même quand ils ont mal, dit le garçonnet, les hommes ne se plaignent pas !
Et il va, avec ses compagnons, jouer ailleurs.
— Ça, c’est mon sang, dit Cheikh Ghanem ! Un véritable Banû Hilal, qui saura défendre les siens contre les Zénètes !
— N’oublie pas que les Zénètes sont ses oncles, dit la jeune femme. Il a autant hérité de ton caractère et de ceux de ta race que de mon caractère et de ceux de ma race !
— Quoi qu’on en dise, ce sera un Banû Hilal ! Les poètes chanteront ses exploits et les générations futures se rappelleront toujours Dhiyab le Hilalien !
Le cheikh a vu juste : son fils, Dhiyab, est effectivement de l’étoffe dont on fait des héros. A peine âgé d’une dizaine d’années, dit la légende, il monte à cheval et s’essaye, à la course, avec les jeunes de la tribu. A douze ans, il participe aux campagnes de son père et aux razzias.
— Cet enfant est exceptionnel, dit le cheikh à sa femme.
— Tu sais qu’il commence à faire la cour aux filles ?
— Ah bon ? dit le cheikh.
— Je devrais dire à une fille : la fille de ton frère, Djazia
Le cheikh sourit.
— C’est une jolie fille, mais je pense qu’il aura beaucoup de rivaux… Et puis, Djazia est comme lui : elle a beaucoup de caractère…
— Tu veux dire que c’est une fille très maligne ! (à suivre…)
K. N.
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19 mars 2010
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