Le Soir des Livres : SIGNET
Inépuisable Camus
Peut-on parler de Camus sans être, selon que l’on est d’un côté ou de l’autre, soit un néocolonialiste embusqué ou une grande gueule aux bras écourtés ? Oui, on peut. On doit même. Voilà un écrivain géant né en Algérie qui aimait à sa manière sa terre natale. Voilà que cette terre n’est pas banale, puisqu’elle est colonie. Les colonisés se rebellent, c’est légitime.
Lui, il hésite à prendre parti pour eux, qui sont dans le sens de l’histoire.
On peut apprécier comme on veut son œuvre et ses prises de position, il y a deux choses qu’on ne peut supprimer. Un : il est Algérien, par une sorte de droit du sol. Que sa compréhension de la lutte des colonisés ait été tiède, il n’est pas le seul. Mais de là à le prendre pour Bugeaud ou Massu, il y a un pas qu’il ne faut pas franchir sauf à courir le risque du contresens historique. Deux : son envergue d’écrivain, dont nous ne pouvons qu’être fiers, donne une résonance emblématique à ses questionnements. Nous ne pouvons les ignorer. De plus, il est possible d’aborder Camus en dehors de la polémique véhémente et des prises de position en lien avec des rentes symboliques. Questionner Camus, son œuvre, sa réflexion, peut se faire sans interdits et sans raccourcis connectés à des intérêts du présent.
B. A.
Source de cet article :
http://www.lesoirdalgerie.com/articles/2010/03/18/article.php?sid=97274&cid=31
18 mars 2010
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