18 Mars 2010 – Page : 21 L’Expression
Des images saisissantes ont amené l’Organisation des Nations unies à reconnaître la justesse de la guerre d’Algérie.
L’apport de l’image à la lutte de Libération nationale a fait l’objet d’un «zoom», hier, à l’université de Tizi-Ouzou, à la faveur d’une conférence sur «la place du cinéma et de l’audiovisuel dans le système d’éducation et d’enseignement au Maghreb», donnée en marge du Festival du film amazigh. Dans un préambule introductif à sa communication, Ben Salah, chercheur au Centre d’anthropologie de l’université d’Oran, a estimé que «le rôle de la caméra dans les maquis de l’ALN équivaut, sans exagération aucune, à celui joué par le fusil». En étant le support privilégié d’un peuple en marche pour la reconquête de sa liberté, «l’image (les films réalisés pendant la guerre) a amplifié grandement l’écho de la cause nationale sur le concert des nations». «Ce sont les images, d’une éloquence saisissante, prises dans les maquis algériens pendant la lutte armée de libération nationale par le chahid Chanderli, aidé en cela par des caméramans animés d’un amour ineffable pour leur métier, tels que René Vauthier, qui ont amené, par la force de persuasion de leurs messages, l’Organisation des Nations unies à reconnaître la justesse de la guerre d’Algérie, alors que jusque-là elle n’acceptait que la France comme seul interlocuteur.» Cette rétrospective à valeur didactique a été faite par le conférencier, qui s’exprimait devant la communauté estudiantine, pour montrer, selon lui, «le grand retard accusé par le pays en matière de TIC en général, et de l’audiovisuel en particulier». Pour souligner l’ampleur de ce retard, il a comparé «l’analphabétisme audiovisuel de la nouvelle génération algérienne à l’analphabétisme graphique de nos pères». Evoquant l’enjeu de l’image, l’orateur a mis l’accent sur la nécessité de «la maîtrise de son utilisation, par une judicieuse lecture et un décryptage des messages qu’elle véhicule, pour se prémunir de ses influences néfastes sur la pensée. Mais cela ne s’obtient que par un apprentissage des arts audiovisuels», a-t-il martelé. Quel que soit leur impact négatif sur la conscience individuelle ou collective, il ne sert à rien d’interdire des images, car il faut se rendre à l’évidence que seule la maîtrise de l’audiovisuel par son enseignement est à même de nous prémunir des effets pervers de l’image sous toutes ses formes (fixes ou animées, photographiques, cinématographiques ou télévisuelles…), a-t-il fait observer dans ce contexte. Il a enfin conclu en recommandant l’introduction de l’enseignement des arts de l’audiovisuel dans tous les programmes scolaires, tous paliers confondus, ainsi que «la multiplication de ciné-clubs pour la diffusion d’une culture de l’image d’une société, qui reste fondamentalement de tradition orale». Pour l’avènement d’une culture de l’audiovisuel, M.Bensalah a plaidé pour «une politique de formation aux images et aux sons qui prendront en compte, en priorité, les besoins spécifiques des jeunes».
R.C
18 mars 2010
Colonisation