Ce qui se passe au Sahel prêterait, dans des circonstances normales, à rire. Voilà une vaste région bordée par plusieurs pays où quelques individus mal famés sèment la terreur et la désolation parmi les Nations d’Europe. Les pays riverains, eux, subissent de plein fouet les étourderies, ou les égoïsmes, des pays du Nord, qui au nom de la sécurité de leurs ressortissants vont jusqu’à traiter, par le biais de sous-traitants avec des terroristes activant sur des territoires autres que les leurs.
C’est vrai que le Sahel fait peur par les temps actuels, avec ces bandes de terroristes qui écument cette vaste zone d’Afrique. Mais il est autant vrai qu’une coopération plus ferme et moins tatillonne sur les principes gagnerait à être instaurée pour nettoyer et sécuriser la zone. Vaste chantier sur le long chemin de la lutte antiterroriste que les pays de la région, avec ceux d’Europe, doivent mener de front, de concert. Car jusqu’à présent, et même après la réunion d’Alger, on a entendu une belle cacophonie sur la gestion de ce phénomène.
C’est malheureux de le dire, mais il n’y a pas vraiment de concertation en matière de lutte contre la propagation du terrorisme au Sahel, devenu une zone stratégique pour les bandes d’AQMI. Et ce n’est pas la faute à ceux qui tentent de rassembler ou recoller les morceaux de l’énorme gâchis provoqué par une outrecuidante ingérence française dans les affaires internes des pays de la région. Le danger est réel d’une désolidarisation face aux enjeux de cette lutte contre le terrorisme au Sahel. Il y a les intérêts de ceux qui ont toujours des ressortissants à libérer qui, par quelque miracle de la politique, s’interconnectent avec ceux des pays de la région sahélienne. Jusqu’au point où ceux-ci, illuminés par l’ancienne puissance coloniale, oublient qu’ils sont au 3è millénaire, et qu’ils sont tout à fait souverains dans la gestion de leur sécurité, et celles de leurs voisins. Et, quand un pays européen, avec l’arrogance de sa puissance financière, s’immisce dans les affaires de pays africains, et que certains de ceux-ci oublient de leur dire que l’ère des colonies est révolue, cela fait désordre.
Cela donne une mauvaise image de l’Afrique, des pays qui la composent et des peuples qui la font bouger. Faut-il dès lors s’allonger à l’ombre d’un baobab millénaire et regarder le temps passer, sans faire de mouvements, même pour chasser les importuns, pour plaire ou ne pas déplaire, c’est selon, à quelques puissances lointaines dont quelques sujets se font parfois prendre pour du gibier par un nouveau genre de faune en Afrique sahélienne ? La réponse est non, bien sûr, mais à partir de ce moment, faut bien que les riches du Nord assistent les «pauvres» du Sud à mieux lutter contre cette nouvelle faune qui terrorise, même ceux qui ont des avions, des canons et des bateaux de guerre. Entre victimes potentielles, faut bien se donner des coups de main, sans coups de Jarnac, n’est-ce pas ?
18 mars 2010
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