Les honnêtes gens ont rêvé qu’ils étaient malhonnêtes, à leur réveil ils ont honte. Les malhonnêtes, en se réveillant, ne s’étonnent pas.
- Je ne veux pas déposer plainte. Tout ce que je te demande c’est de me rendre mon dû.
- Personne ne t’a obligé à donner des arrhes, et puis, dans toute transaction commerciale, c’est connu, ça ne se fait pas. J’avais d’autres acheteurs et c’est toi qui les as bloqués.
Depuis quelque temps, son fils lui envoyait de l’argent, pour lui construire une maison, en vue de son retour au bercail. Son voisin l’a orienté vers un «courtier confiance». Chose faite, le «smasri» lui propose un lot de terrain en plein centre-ville. Le prix était très intéressant. Alléché par cette affaire, il s’empressa de donner une avance, le petit mektoub traditionnel, dans ces cas, cet acte assure la transaction. Rendez-vous a été pris pour visiter et finaliser l’opération, car le spécialiste de l’immobilier avait d’autres opérations à régler. C’est dans un café que, trois jours après, acheteur et fournisseur se rencontrent. Gouda, gouda, ils arrivent au lieu-dit. «C’est là». Le client ne comprend que dalle. Il ne voyait pas le lot. C’est un immeuble. Tfaddal. Il s’exécute, «monte». Ils grimpent au premier étage, le deuxième puis le troisième. Essoufflés, ils arrivent. Le smasri sort un trousseau de clefs. Il actionne la serrure de la porte en fer qui s’ouvre sur la terrasse. Point de lot. L’autre insiste. «Ces deux pièces que tu vois, je viens de les construire. Tu laisses un petit couloir et tu utilises ce qui reste. Pour les papiers, ça se règle avec quelques «feuilles», quant aux voisins, j’en fais mon affaire, c’est moi le syndic… maintenant, j’ai autre chose à te proposer. Le prix des matériaux est inabordable, avec les tracasseries des maçons et ton âge, tu n’auras que des problèmes… Il referme sa terrasse et descendent. Troisième, deuxième, premier, rez-de-chaussée et le revoilà en train de lui proposer les cinq cages de la cave. «Oui», mais moi je cherche un lot à bâtir ou une maison, machi sejna… «Tu te trompes. Avec ça, un jour, les autorités se décideront d’évacuer les caves et ils t’affecteront un logement social. Khoud rayi, je suis spécialiste», lui répond le smasri.
17 mars 2010
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