L’intervenante s’exprimait à l’ouverture des travaux du colloque international sur la vie et l’œuvre de Fouroulou, organisé en marge de la 10e édition du Festival du film amazigh prévue du 15 au 20 du mois en cours.
Développant son idée à propos du chemin parcouru par l’écrivain, l’intervenante a ajouté que ce mérite réside également dans le fait d’avoir contribué de façon décisive à créer les conditions d’identification d’un peuple et d’une partie de l’Algérie à une période où on n’existait pour personne. Il s’agissait pour l’auteur du Fils du pauvre, qui a mis sa plume au service de la cause nationale, de révéler à la conscience générale l’existence d’une entité humaine complètement ignorée par le reste du monde en peignant, a-t-elle relevé, la condition des siens d’une manière emprunte de bonté et d’humanisme. De cette remarque, Mme Zoubeïda Mameria, a conclu que la justesse des pensées de l’écrivain, contenues dans ses œuvres, profondément humanistes lui valurent d’être assassiné par un commando OAS à quelques jours seulement du cessez-le-feu. Aux détracteurs de Feraoun qui l’ont accusé «d’assimilationniste», l’intervenante a répondu par une série d’interrogations. Ne devraient-ils pas s’interroger, ces gens qui le critiquent, sur les raisons qui les ont faits si déraisonnables au point de voir dans cet attachement une sorte de trahison ? Peuvent-ils ignorer à ce point les liens qui lient un homme sensible à son passé, à sa terre et à ses ancêtres ? Peuvent-ils ignorer que ce sont les hommes comme Feraoun qui ont eu le courage d’opposer à l’occupant un autre regard sur une intimité invisible autrement ? Et de qualifier l’œuvre de Feraoun de grandiose, compliquée ou belle, capable de défier les siècles et de témoigner d’un admirable passé. «on y sent l’effort isolé, peu fructueux et âpre de l’homme sans moyens qui lutte sans cesse pour vivre».
Dans son allocution d’ouverture, le commissaire du Festival du film amazigh, Si El-Hachemi Assad, constatant une forte présence de femmes universitaires, a qualifié ce colloque de «féminin». «Oui, il s’agit d’un colloque au féminin sur la vie et l’œuvre de Mouloud Feraoun, avec un panel composé de 10 femmes, un choix très symbolique, sachant, a-t-il dit, que Fouroulou a écrit beaucoup sur la condition de la femme et son souhait était l’émancipation de celle-ci (femme, ndlr). Faisant le lien entre ce colloque et le Festival du film amazigh, placé cette année sous le signe de l’olivier, M. Assad, y voit une association entre la symbolique de paix, de réconciliation et de l’universel qu’incarne l’arbre mythique et les valeurs de tolérance caractérisant le guide que fut Feraoun. L’écrivain, a-t-il ajouté, constitue un bel exemple pour notre jeunesse, lui qui savait transmettre la connaissance à tous les fils du pauvre sans distinction d’origine. «Les Chemins qui montent m’ont fait gravir les plus hautes cimes de la réconciliation», «la large palette d’écriture de Mouloud Feraoun», «le Fils du pauvre et la Terre et le sang de Feraoun à l’épreuve de l’approche postcoloniale», «Inter-culturalité et pluralité de l’œuvre», «La part de l’autre dans l’œuvre de Feraoun», «le fils du pauvre de Feraoun : l’(auto) biographie au service de l’interculturalité», et, «Mouloud Feraoun et la question de l’immigration, réalités d’hier et problématique encore», sont, entre autres, les communications retenues pour ce colloque. Un colloque qui s’est tenu en présence de la famille du défunt écrivain, dont son fils Ali et ses deux sœurs, Djedjiga, médecin et Fazia, sociologue. Au titre de sa communication intitulée «le Fils du pauvre et la Terre et le Sang à l’épreuve de l’approche postcoloniale», Mme Malika Fatima Boukhelou de l’université Mouloud-Mammeri de Tizi- Ouzou, a proposé une «re-lecture» e l’écrivain à travers ces deux premiers romans.
«Pour, a-t-elle dit, essayer de démontrer combien Mouloud Feraoun, l’écrivain le plus classique et le moins engagé de sa génération, a tenté de dire les siens en les immergeant le ,plus possible de leur identité et en les faisant advenir au monde, en vue de les amener à se réapproprier leur passé et leur culture pour prendre leur destin en main.»
Une délégation de festivaliers devait se rendrer, hier, au cimetière du village natal de Feraoun, à Tizi- Hibel dans la localité de Béni Douala, pour y fleurir le tombeau du petit Menrad (Fouroulou).
Rabah M.
16-03-2010
16 mars 2010
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