Le Soir Santé : TROUBLES CIRCULATOIRES
Faut-il avoir peur des crampes ?
Douloureuses, les crampes sont généralement considérées comme banales. A tort ! Il ne faut pas les négliger. Insuffisance veineuse, artérite, phlébite… Elles présentent des risques. Voici dans quels cas s’inquiéter et pourquoi.
* Crampes : attention à l’insuffisance veineuse !
Vous souffrez régulièrement de crampes ? Attention ! Elles peuvent être le signe d’un problème circulatoire, notamment d’une insuffisance veineuse. «C’est une cause très fréquente », explique un angiologue et phlébologue. Pourquoi ? «Parce qu’en cas d’insuffisance veineuse, il y a un mauvais retour du sang des jambes vers le cœur. Les parois des veines qui assurent ce retour ont alors tendance à se dilater, entraînant des douleurs comme des crampes», précise le spécialiste.
Comment reconnaître ces crampes ? Elles apparaissent en fin de journée ou la nuit, et sont associées à des sensations de jambes lourdes, d’impatiences et/ou de gonflements (au niveau des chevilles par exemple). Ces crampes sont en général localisées au mollet et soulagées par la marche.
Quels sont les risques ? Une insuffisance veineuse peut être un terrain favorable à une thrombose (un caillot de sang bouchant une veine), elle-même associée à un risque élevé d’embolie pulmonaire (le caillot migre dans les artères pulmonaires ce qui altère l’irrigation des poumons). C’est une affection potentiellement mortelle.
Quand consulter ? Quand les crampes deviennent trop fréquentes (tous les jours, toutes les semaines), occasionnant une gêne de plus en plus importante avec des douleurs persistantes.
*Crampes à la marche : gare à l’artérite !
«Certaines crampes peuvent révéler une artérite des membres inférieurs, (obstruction progressive des artères due à des dépôts de graisse)», explique le même angiologuephlébologue. Pourquoi ? «Parce que quand une artère se rétrécit ou est occluse, l’apport d’oxygène diminue. Résultat : quand les muscles qui ont besoin de cet apport pour bien fonctionner, sont sollicités, ils souffrent. «C’est à ce moment que surviennent les crampes.
Comment reconnaître ces crampes ? Il s’agit de crampes souvent localisées au mollet qui surviennent à l’effort, par exemple quand on marche. «La crampe oblige la personne à s’arrêter. Elle disparaît alors, en une à deux minutes, puis survient de nouveau à la reprise de la marche», précise un autre angiologue.
Quels sont les risques ? L’artérite augmente le risque d’infarctus du myocarde et d’accident vasculaire cérébral (AVC).
Quand consulter ? Dès que des crampes apparaissent lors de la marche.
* Crampes nocturnes : un signe d’arthrose ?
Certaines crampes peuvent être le signe d’une maladie articulaire, et notamment de la plus fréquente d’entre elles : l’arthrose. «Cette dernière, associée à une dégénérescence du cartilage articulaire, favorise l’apparition d’une symptomatologie douloureuse. Elle peut ainsi entraîner des crampes», explique l’angiologue et phlébologue.
Comment reconnaître ces crampes ? «En cas d’arthrose, il s’agit de crampes centrées sur une articulation. La douleur est déclenchée et aggravée par l’effort (la marche pour l’arthrose de hanche, monter un escalier pour le genou), et cesse plus ou moins complètement lorsque l’articulation est au repos. Elle augmente dans la journée et est à son maximum le soir. Elle peut gêner l’endormissement et même entraîner des réveils en pleine nuit».
Quels sont les risques ? Si l’arthrose n’est pas une affection mortelle, elle devient très invalidante et handicapante (limitation dans les mouvements, déformation des articulations…) pour les personnes qui en souffrent. La perte d’autonomie qu’elle suscite peut être à l’origine de dépression.
Quand consulter ? Quand les crampes sont fréquentes (tous les jours, toutes les semaines), quand la douleur persiste plusieurs heures ou plusieurs jours.
* Crampes = phlébite ?
Rassurez-vous, ce n’est pas parce que vous souffrez de crampes que c’est le signe d’une phlébite (obstruction d’une veine par un caillot de sang). «La phlébite se manifeste par une douleur qui suit un axe veineux de la jambe. A la différence d’une crampe, cette douleur ne cède pas. Rien ne la soulage, elle est gênante à la marche et au repos», explique l’angiologue et phlébologue. Néanmoins, sachez qu’il est possible de souffrir de crampes suite à une phlébite. «Certaines personnes gardent, en effet, des séquelles. Dans ce cas, il leur suffit de mettre une contention pour apaiser la douleur», précise un autre angiologue.
Comment reconnaître les crampes secondaires à une phlébite ? Ce sont des contractures rythmées par la marche. Elles apparaissent progressivement et sont croissantes puis disparaissent après l’arrêt de l’effort. La surélévation des membres accélère le retour à la normale.
Quels sont les risques ? La complication majeure de la phlébite est l’embolie pulmonaire (caillot de sang obstruant une artère pulmonaire). Cette affection pouvant être mortelle.
Quand consulter ? Crampes ou phlébite, quand une douleur persiste plusieurs heures ou plusieurs jours. Il faut consulter sans attendre.
* Crampes : et si c’était vos médicaments ?
On n’y pense pas toujours et pourtant de nombreux médicaments peuvent entraîner des crampes. «Les plus connus sont les statines et les fibrates, prescrits pour diminuer le taux de cholestérol sanguin», indique l’angiologue. Même si «leur mécanisme d’action n’est pas clair, cela fait partie des effets indésirables répandus», précise l’angiologue et phlébologue. Sachez aussi que les diurétiques, certains antihypertenseurs et la cortisone peuvent provoquer des crampes. «Ils favorisent la perte du potassium (minéral indispensable au bon fonctionnement des muscles) et ainsi la survenue de contractures musculaires», explique un autre angiologue.
Comment reconnaître ces crampes ? Elles n’ont pas de signes caractéristiques. Elles surviennent le plus souvent dans les trois premiers mois de traitement.
Quels sont les risques ? Il y a un risque de lésions musculaires avec les hypocholestérolémiants.
Quand consulter ? Quand les crampes sont fréquentes (tous les jours, toutes les semaines), quand la douleur persiste plusieurs heures ou plusieurs jours. Pensez alors à transmettre au médecin la liste des médicaments que vous prenez. Attention : n’arrêtez pas un traitement avant d’avoir consulté un médecin.
* Crampes : plus fréquentes avec les années
«Les muscles consomment beaucoup de potassium pour leur fonctionnement. Quand ils en manquent, ils souffrent. Cela peut se manifester par des crampes», explique l’angiologue. Ce risque est encore plus grand avec l’âge puisque la masse musculaire où est entreposée la majeure partie du potassium, fond naturellement.
Comment reconnaître ces crampes ? Elles n’ont pas de signes caractéristiques.
Quand consulter ? Quand les crampes deviennent trop fréquentes (tous les jours, toutes les semaines); quand la douleur persiste plusieurs heures ou plusieurs jours. Le médecin pourra décider d’une éventuelle supplémentation en potassium. Cette dernière ne doit en aucun cas se faire sans avis médical.
A savoir : les besoins journaliers recommandés en potassium sont de 2 à 4 g. Les principales sources alimentaires sont les pommes de terres cuites au four avec leur peau, les légumes secs (haricots blancs…), le flétan, la morue, les légumes crus, les fruits secs, le chocolat, les avocats.
* Crampes : un manque en magnésium ?
Les crampes sont souvent associées à un manque de magnésium. Pour cause, ce minéral participe au processus de contraction musculaire. Cependant, l’angiologue précise : «Le lien direct entre magnésium et crampe n’est pas vraiment prouvé.»
Comment reconnaître ces crampes ? Elles n’ont pas de signes caractéristiques.
Quels sont les risques ?
Une carence importante en magnésium peut entraîner une baisse de la concentration en calcium (hypocalcémie), de la fatigue, des troubles de l’humeur (tension, stress), du sommeil et même des palpitations cardiaques.
Quand consulter ? Quand les crampes se répètent tous les jours, toutes les semaines, quand la douleur persiste plusieurs heures … le médecin pourra décider d’une éventuelle supplémentation en magnésium. Cette dernière ne doit en aucun cas se faire sans avis médical.
A savoir : Les besoins journaliers recommandés en magnésium sont du 420 mg pour les hommes et 360 mg pour les femmes. Les principales sources alimentaires sont : les céréales complètes, les légumes, les fruits secs, les noix, le chocolat, les fruits de mer et les crustacés.
* Crampes : attention à la consommation d’alcool !
Parce que la consommation d’alcool se répercute sur les nerfs, les altère et les fait souffrir, elle peut entraîner des crampes — en cas de consommation excessive.
Comment reconnaître ces crampes ? Elles n’ont pas de signes caractéristiques.
Quels sont les risques ? La crampe n’aura pas de conséquence en elle-même, mais la consommation excessive d’alcool augmente le risque de cancer, de maladies du foie (cirrhose) et du pancréas, de troubles cardiovasculaires, d’hypertension artérielle, de maladies du système nerveux et de troubles psychiques (anxiété, dépression, troubles du comportement).
Quand consulter ? Quand les crampes se répètent tous les jours, toutes les semaines, quand la douleur persiste plusieurs heures…
* Crampes et exercice physique : en douceur !
Le plus souvent, les crampes se manifestent lors de l’exercice physique. Normal, c’est le moment où nos muscles sont particulièrement sollicités. Même si elles sont bénignes, elles sont très douloureuses. Surtout quand la pratique du sport est exceptionnelle ou qu’elle intervient après des années d’inactivité ! «On voit souvent des gens à la retraite se remettre à faire du sport, par exemple 50 km en vélo d’un coup, et souffrir de crampes insupportables», témoigne l’angiologue.
Son conseil : «Il faut réhabituer les muscles petit à petit. On peut, par exemple, suivre des programmes d’entraînement proposés dans des salles de sport pour les préparer à l’effort.»
* Crampes : comment dépister leurs causes !
Si dans la majorité des cas, les crampes sont uniquement d’origine musculaire et donc sans gravité, elles peuvent révéler un trouble artériel, veineux… qu’il faut dépister au plus tôt pour en venir à bout ! Deux examens peuvent être réalisés : l’électromyogramme et l’échographie-doppler. «Le premier va permettre de tester les nerfs et de chercher une éventuelle atteinte», explique l’angiologue. Le deuxième est, lui, demandé quand le spécialiste suspecte une cause veineuse ou artérielle. «Quand on ne retrouve pas de causes, c’est que les crampes ne sont pas dangereuses. En revanche, comme elles restent très douloureuses, il faut tout faire pour essayer de les prévenir. N’hésitez pas à demander conseil à un médecin.
Source de cet article :
http://www.lesoirdalgerie.com/articles/2010/03/14/article.php?sid=97037&cid=10
14 mars 2010
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