Je me suis réveillé, aujourd’hui, en sursaut. Un cauchemar, plutôt qu’un rêve. Je me voyais en ministre et comble de tous les combles, le ministre jouait le rôle du journaliste que je suis.
Même dans le rêve, cela sentait faux. Ni le ministre, ni moi n’étions à nos places mais, au moins, lui, n’était pas dépaysé car il pouvait jouer tous les rôles et s’y adapter à merveille. Je me demandais comment allait s’y prendre monsieur le ministre, en tant que journaliste, pour aller glaner des informations à des directeurs généraux, des pontes et des ministres pour pondre et noircir un papier qu’il arrive difficilement à terminer, car le black out émanait des hautes sphères. Le ministre journaliste se lèverait à 7heures tapantes, prendrait le bus et irait dare dare vers son lieu de travail où, l’attendrait un briefing, lors duquel on l’orienterait vers la source d’information convoitée. Le ministre journaliste prendrait son dictaphone et se dirigerait vers cet autre ministre en sachant qu’il a dix mille chances sur une de revenir bredouille de l’entretien, ou de se trouver face à un «je ne sais rien» superbement distillé. Cherchant autour de lui n’importe quelle autre source pouvant étayer, ou infirmer la nouvelle, le ministre journaliste, se trouvant en manque réel de matière, jurera, sur tous les saints, de créer une version originale, inédite de l’affaire pour laquelle il a été diligenté. Face à des sources taries, arides et stériles, le ministre journaliste, en bon noircisseur de papiers, tissera, selon ses compétences, son savoir, ses recoupements et ses «vérités», une histoire qui fera, le lendemain, le tour des agences et des relais informationnels qui n’attendent que ce genre de publicité pour enclencher des machines hurlantes et grinçantes à satiété. Le ministre journaliste, ne sachant sur quel pied danser et constatant que son écrit se relaie, se fera une joie de se remettre à hululer ses chants lugubres en pensant, haut et fort, que la faute de ces vérités fausses incombent, en premier lieu, à tous ces responsables et ces ministres qui veulent faire de toute info un secret d’Etat. Le cauchemar terminé, le ministre reprendra son rôle et oubliera, de sitôt, que le métier et le rôle de tout journaliste est lié aux nouvelles et à l’information et qu’en sa qualité de responsable, il est prié de divulguer les informations qu’il détient. A moins qu’il jouisse de tout ce que pondent les scribouillards que nous sommes!
Medhayas@yahoo.fr
Le Carrefour D’algérie
date();Samedi 13 Mars 2010
Sra…ma…sra
Par Sayah
13 mars 2010
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