Elle s’enrichit sur le dos des malades
La mafia de l’hémodialyse
l Encore une fois, des voix s’élèvent pour dénoncer ces gens sans foi ni loi qui ne reculent devant rien pour se faire de l’argent. Et peu importe si pour cela, ils doivent monnayer la souffrance des malades et leurs espoirs.
Autant de pratiques et phénomènes dénoncés hier par le Pr Tahar Rayane, lors de son intervention au centre d’El Moudjahid. Ce dernier qui est le président de la Société algérienne de néphrologie, dialyse et transplantations, a souligné : «Il y a des ‘’médecins’’ au niveau des services d’hémodialyse qui contactent des cliniques privées pour leur demander d’évacuer des malades souffrant de maladie néphrologique, pour ensuite percevoir leur part (chipa).»
«Marchander avec des malades est un véritable dépassement, c’est un crime en soi !», a dénoncé le Pr Rayane. Il a ajouté que le drame n’est pas près de se terminer puisque le transfert des malades se fait au détriment de leur santé, à partir des hôpitaux vers les cliniques et vice-versa. «Des malades sont en train d’être achetés par des foyers mafieux appelés par la corporation des ‘’maîtres chanteurs’’ »,a encore dénoncé l’intervenant. «L’ouverture des centres d’hémodialyse doit être organisée, évaluée et contrôlée», a-t-il estimé. Et d’enchaîner : «Nous refusons que ces maîtres chanteurs salissent notre corporation.»
Le Pr Rayane a estimé que la principale mission de ces centres consiste à «assurer correctement les soins aux malades et non à aller vers le gain facile, considérant que les autorisations d’ouverture de ce genre de centres de soins se font d’une manière anarchique et les procédures à respecter manquent de transparence. La CNAS est aussi pour quelque chose dans cette situation puisqu’elle continue de pénaliser les malades en interdisant des appareils d’hémodialyse fonctionnant à base de bicarbonate liquide», a signalé le Pr Rayane.
Dans la foulée, il n’a pas omis d’évoquer l’histoire de Aya Sayed d’Annaba, une fillette de 11 ans qui est morte en raison de la négligence des professionnels de la santé précisément d’un néphrologue à l’hôpital Parnet qui a refusé, sans le moindre scrupule, de la prendre en charge. Bien sûr, Aya n’est pas la seule victime de la négligence, il existe, bien entendu, beaucoup d’enfants atteints de maladie rénale qui meurent en silence et dans l’indifférence totale, a regretté le Pr Rayane.
En guise de chiffres, le Pr Rayane a indiqué qu’il y a en Algérie environ 13 000 malades dialysés dans plus de 270 centres répartis sur tout le territoire national dont 10 relèvent du secteur du privé. Soit 3 500 nouveaux cas chaque année. Près de 400 malades sont traités par dialyse péritonéale. 1, 5 million de personnes atteintes de maladies néphrologiques ignorent cette maladie.
En outre, 25 % des Algériens ayant dépassé de 60 ans ont une maladie chronique qu’ils ignorent.
Bientôt un institut du rein à Blida : Le professeur Rayane a annoncé l’ouverture prochaine de l’institut du rein à Blida avec un pôle d’excellence pour le traitement des maladies rénales. Par ailleurs et avec beaucoup d’émotion, le Pr Benabadji Mohamed, chef de service de néphrologie au CHU de Beni Messous qui a réitéré son intention d’améliorer la qualité de vie des malades, s’est interrogé : «Pourquoi est-on en retard dans ce domaine en Algérie alors que la première transplantation rénale a été effectuée le 14 juin 1986 au CHU de Mustapha-Pacha ?» Et d’ajouter : «Nous étions les premiers à le faire à l’échelle maghrébine. Actuellement, nous accusons un retard considérable par rapport aux pays voisins, dans ce domaine». «Nous avons des compétences et nous pouvons faire des miracles !», a-t-il déclaré.
S. L.
12 mars 2010
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