En cette fin du mois de février, 21 ans auront passé sur la mort de Mouloud Mammeri, l’illustre écrivain qui a légué à la postérité des œuvres littéraires immortelles, dont chaque page est estampillée de l’aura de l’auteur de « L’opium et le bâton ».
En souvenir du « Juste », la Maison de la culture de Tizi-Ouzou, baptisée de son nom, lui rend hommage les 27 et 28 février.
Au programme, il est prévu, aujourd’hui , le fleurissement de sa tombe au cimetière de Taourirt Mimoun, son village natal, situé sur les hauteurs des Ath Yenni, et des expositions retraçant sa vie et l’œuvre de « l’amusnaw » (sage) dans le hall de la Maison de la culture, ainsi que la projection du film « La Colline oubliée » adapté de son roman éponyme.
Comme de tradition, il est question aussi de l’organisation, hier, d’une cérémonie de remise du prix labellisé du nom de l’auteur de « Tadjaroumth » (grammaire berbère) récompensant, chaque année, le concours de la meilleure dictée en tamazight, organisé par l’association des enseignants de cette langue. Le théâtre régional « Kateb Yacine » de la ville de Tizi-Ouzou (TRTO) entend aussi apporter sa touche à cette évocation, en reconnaissance de l’apport de Mammeri au 4e art, par l’organisation, à la Maison de la culture, d’un concours pour la sélection de comédiens appelés à camper des rôles dans les pièces de sa nouvelle production, dont deux écrites et mises en scène par la directrice de ce Théâtre, Fouzia Aït El Hadj.
Mouloud Mammeri a vu le jour le 20 décembre 1917 au village de Taourit Mimoun, perché sur un mamelon d’une colline des Ath Yenni, à une trentaine de kilomètres au sud de Tizi-Ouzou.
Ecrivain et chercheur émérite en sciences humaines, il a marqué son existence d’un sceau indélébile de créateur et de penseur, comme en témoignent ses œuvres fécondes et immortelles. Ses romans, tels que la « colline oubliée », « l’opium et le bâton », « le sommeil du juste » et « la traversée du désert » ont été traduits dans plusieurs langues.
Les deux premiers ont été adaptés à l’écran par les cinéastes, respectivement, Abderrahmane Bouguermouh et Ahmed Rachedi.
C’est à cet éminent linguiste qu’on doit également les « Isfra », recueil de poèmes épiques du troubadour Si Mohand U M’ hand, ainsi que le recueil des contes anciens « Machahou, Tellamchaho ».
Le dramaturge Mammeri s’est distingué par sa trilogie théâtrale formée des pièces du « Foehn ou la preuve par neuf », « Le Banquet » et « La mort des Aztèques ».
Son cursus scolaire, il l’entama en son village natal jusqu’à l’âge de 11 ans, avant d’aller chez son oncle au Maroc. Quatre ans plus tard, il rentra au pays et s’inscrit au lycée « Bugeaud », actuel « Emir Abdelkader » d’Alger, avant de s’installer à Paris où il prépara le concours d’entrée à l’école normale supérieure.
Après la guerre mondiale durant laquelle il a été mobilisé, Mammeri prit part, à Paris, à un concours pour le recrutement de professeurs de lettres, avant de rentrer au pays en 1947. Après avoir enseigné à Médéa de 1947 à 1948, il devint professeur à l’université d’Alger où il occupa la première chaire berbère de l’Algérie indépendante, avant d’être directeur du Centre de recherches anthropologiques, historiques et ethnographiques (CRAPE, ex-musée Bardo).
Il s’est éteint à l’âge de 71 ans, dans un accident de la circulation survenu dans la nuit du 25 au 26 février 1989 près de Aïn Defla, alors qu’il revenait du Maroc où il avait participé à un Colloque international sur les langues maternelles.
« Quel que soit le point de la course où le terme m’atteindra, je sais avec une certitude chevillée que, quels que soient les obstacles que l’histoire apportera sur sa route, dans quel sens, mon peuple ira », ce furent ses derniers propos qu’il a livrés à des amis, juste avant sa mort, selon le professeur Chemakh Said du département de la culture et langue amazigh de l’université de Tizi-Ouzou.
12 mars 2010
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