La grève dans l’Education nationale s’est achevée comme elle avait commencé : dans la confusion totale. On ignore toujours les raisons exactes de son déclenchement tout comme celles qui ont conduit à son arrêt par les deux syndicats autonomes Cnapest et Unpef. Cette confusion s’explique en partie par la gestion du mouvement de grève par les deux syndicats. Au moins deux erreurs majeures ont été commises.
La première concerne la préparation et la gestion de la grève. Le moment pour déclencher le mouvement a été mal choisi. Nous sommes à moins de trois mois des examens de fin d’année. Une période durant laquelle les élèves et leurs parents sont très sensibles à l’avancement des programmes scolaires. Ils sont donc très réservés à l’idée de soutenir les enseignants. En réalité pour ces derniers, les trois premiers mois de la rentrée scolaire restent la meilleure période pour engager un bras de fer avec la tutelle.
La seconde erreur est liée à la communication des syndicats autour de leur mouvement. Durant les quinze jours de grève, ils ont donné l’impression de mettre en avant les seules revendications matérielles des enseignants : salaires, primes, etc. A aucun moment, le vrai problème de l’école n’a été clairement posé : la baisse du niveau, le manque de moyens, une tutelle incompétente incarnée par le très controversé ministre Aboubaker Benbouzid… Comment dans ce cas pouvaient-ils espérer avoir le soutien des Algériens ? Les enseignants oublient sans doute une chose. Aux yeux de la population, ils sont considérés comme des privilégiés : ils travaillent peu, ont plusieurs mois de vacances par an et sont mieux payés que d’autres fonctionnaires, comme les policiers par exemple.
Tout au long de la grève, les enseignants eux-mêmes ont donné l’impression de ne pas savoir pourquoi ils ont répondu favorablement à l’appel des syndicats autonomes. Aucune réunion n’a été tenue dans une école ou un lycée pour débattre et expliquer les raisons de l’arrêt des cours. Dans la presse, la communication des deux syndicats n’a pas été à la hauteur du bras de fer qu’ils ont engagé avec le ministère. Un tel mouvement de grève a besoin d’être géré par un porte-parole charismatique qui va marteler un discours facile à comprendre par la population et les médias.
Les deux syndicats autonomes ont certes mené un combat courageux contre la tutelle. Ils ont même résisté aux menaces odieuses du ministre Benbouzid. Mais pour gagner une telle bataille, le courage peut s’avérer parfois insuffisant. En prévisions des prochaines batailles, les syndicats autonomes sont prévenus.
10/03/2010 | 11:34 |
10 mars 2010
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