08-03-2010 Point Net
Vive le 8 mars (bis)
Il a plu hier sur les femmes avant que ça ne s’éclaircisse dans un après-midi de roses et de parfums. Certaines d’entre elles, attentives à la météo comme à leur ligne, avaient renoncé au brushing rituel. Elles n’allaient quand même pas offrir des cheveux tirés à une pluie sale et capricieuse qui n’a pas trouvé d’autre créneau horaire à occuper que cette matinée qu’elles pouvaient quand même prendre d’autorité en dépit de la «loi»
qui ne leur accorde que l’après-midi. Elles savent que la loi c’est la loi, mais elles savent aussi la complaisance du patron. Il ne va tout de même pas leur faire des histoires pour une matinée après leur avoir fait des misères toute l’année.
Il y en a même qui ont offert des fleurs, des cadeaux et de petits paquets mignons comme tout attendant quelque part dans un coin de bureau ou un compartiment d’armoire pour surprendre les absentéistes qui ont raté la distribution et le discours. C’est vraiment sympa, le 9 mars à l’ouverture des bureaux.
Non seulement les dames qui ont fait «le pont» dans le sens inverse en s’octroyant la journée entière au lieu de l’après-midi prévue par la loi ne trouveront pas de convocation et ce qui va avec en temps normal, mais il y a de belles surprises pour elles.
Les fleurs ont eu le temps de se faner, il restera le paquet. Souvent pas grand-chose, mais c’est «le geste qui compte». Et puis, il ne faut tout de même pas exagérer en jouant les exigeantes alors qu’on a pris une matinée qui ne vous revient pas de droit.
Ah, les droits ! Il ne faut surtout pas s’en encombrer même un 8 mars. Pluvieux ou pas, on doit s’amuser. Aller au restau. Et comment aller au restau si on ne vous libère que tard dans l’après-midi, après avoir «fait ses quatre heures» pris en se délectant le mille-feuille et le jus d’orange ou d’abricot en écoutant le discours du patron.
Il peut être très long, le discours du patron, si d’aventure il décide de dire tout le bien qu’il pense de la femme et de cette journée historique, ô combien riche en symboles.
Il peut lui dire par exemple combien sa contribution à l’essor de l’entreprise a été précieuse, comment il conçoit la liberté de la femme dans le cadre de nos spécificités culturelles et religieuses, lui citer des exemples d’émancipation, il peut même lui parler de ce projet grandiose qui lui tient
à cœur et qui consiste à fermer les yeux sur le fait que nombre de ses collègues ont pris la «liberté» de ne pas venir au travail dans la matinée. Mais il n’a pas le temps, il est déjà 15h et dehors, il s’est remis à pleuvoir.
9 mars 2010
Contributions