Si, des femmes, toutes les mains voulaient s’enlacer
Pour former une ceinture embrassant l’univers ;
Si, des femmes, toutes les voix fredonnaient le même air,
Dissiper la langueur, et prôner liberté,
Si, des femmes, tous les cœurs battaient au même rythme
Ranimer le vieux monde, par le mal étouffé ;
Si seulement toutes les femmes le voulaient bien ;
Il naîtrait au vieux monde un cœur neuf, plein d’amour et de vie.
Ecrit la poétesse, N’déye Coumba dans son recueil « Ceinture d’amour ». Les femmes africaines écrivent d’abord pour transgresser l’ordre établi, bousculer la rudesse des mentalités et briser le silence auquel elle ont été soumises pendant trop longtemps.
Les premiers écrits dans les années 70 étaient pour la plupart autobiographiques. Dans les années 80, ils changent d’orientations, ils passent des thèmes de marginalisation par la tradition à d’autres thèmes dans lesquels, les femmes. dénoncent leur situation. Elles revendiquent un changement social et leurs poèmes deviennent des armes pour contribuer à ce changement
Je voudrais être foudre et éclair
Avoir, pouvoir mettre
L’espoir là ou l’espoir manque.
N’daye Coumba croit à la bonté qui se trouve en chacun de nous sans distinction de sexe ou d’appartenance sociale. Son recueil comporte de nombreux poèmes marqués par une grande humanité et beaucoup de sensibilité à l’égard de la détresse humaine, même si sa poésie demeure profondément proche des problèmes des femmes. Elle s’insurge contre la folie humaine qui engendre les guerres et sous le même drapeau, elle annonce l’espoir, la paix et la liberté pour tous, sous l’aile protectrice de la Mère :
Du monarque au gueux
Du croyant à l’impie
Du vertueux au forçat
Oubliant un instant les misères
Les violences, les horreurs
Dans une ronde d’amour
Tous disent ; ô Mère soit bénie
N’Daye Coumba dédie son recueil « filles du soleil » à une jeune femme ayant perdu la vie en couches :
Ma soeur si douce
Fleur à peine épanouie
Mais très tôt perdit la vie
Car voulant la donner
Les femmes ont de tout temps participé à la poésie, c’est leur premier moyen d’expression avant le roman, le théâtre ou le cinéma. Aujourd’hui, elles explorent tous les espaces ouvert par la poésie au-delà de l’univers étroit où on a tenté les enfermer. Il est vrai que les femmes poètes demeurent minoritaires mais se soucient-elles de se faire connaître comme le font les hommes ? quand parut l’œuvre maîtresse d’Hélène Picard, « Pour un mauvais garçon », son recueil fut épuisé quelques jours seulement après sa publication. Elle ne songea pas un instant à rééditer l’ouvrage que tout le monde se dispute encore. Beaucoup de poétesse comme elles écrivaient des quantités de vers au dos des factures ou sur des morceaux de papier volant. La reconnaissance de l’écriture féminine s’accomplit lentement. Si l’on parle encore aujourd’hui, plus de poètes que de poétesse, l’espace culture est tellement vaste que personne ne risque de gêner l’autre.
Kiné Kirama Fall porte en elle l’amour de la Mère Afrique. Dans « Chant de la rivière fraîche », elle égrène des mots d’amour, une suite de chants de tendresse qui rythment la marche du pays qui se lève :
Toi qui est la suite de tout commencement
Où repose tout ce qui demeure
Source de vie de tout ce qui
Vole, rit et meurt,
Arbres, animaux, êtres et choses.
L’amour est plus que jamais présent dans la poésie des femmes. Les mots se veulent frémissements, vibrants et bercent les émotions. Ce sont des éclats de lumières et de couleurs. Ils plaisent pour leurs séductions et leur musique :
C’était à la plage
Au bord de l’eau
Par un jour de brume
Le soleil hésitait
Me tenant dans ses bras
Il me berçait avec tendresse
Le blanc de ses yeux
Etait la lumière du jour
Le bleu du ciel
Etait mon printemps
L’éclat de son sourire
Mon rayon de soleil.
La femme africaine est une source d’inspiration, une révélation poétique, une inspiration et une fécondité de l’esprit, et personne mieux que Léopold Sédar Senghor ne l’a chanté avec autant de profusions d’images et de fleurs de poésie :
Femme noire
Femme obscure
Huile que ne ride nul souffle
Huile aux flancs de l’athlète, aux flancs des princes du Mali
Gazelle aux attaches célestes, les perles sont étoiles
Sur la nuit de ta peau.
O. Hadjira
9 mars 2010
1.POESIE