S’introduire par une porte dérobée, sur la pointe des pieds, dans un univers totalement inconnu, dans l’univers du «dehors» exclusivement masculin, se retrouver face à un questionnement identitaire féminin et face à une terre spoliée, usurpée par les Français, telles sont les
éléments qui ont vu naître la littérature féminine, venue dans un paysage littéraire algérien de l’époque, qui lui-même cherchait sa voix depuis l’expédition de 1830.Alger s’était alors mise au goût littéraire avec les premiers écrits ; carnets de militaires, carnets de voyageurs, carnets d’écrivains comme Fromentin, Maupassant, Gautier ; plus tard, les natifs, ceux qui avaient gagné un pays : Albert Camus, Emmanuel Roblès, Jules Roy, Jean Pelligri, par opposition à ceux d’origine qui ont perdu leur pays : Mohamed Dib, Mouloud Mammeri, Mouloud Feraoun, et les regards diffèrent, selon les origines, selon les noms, et c’est tout un pays qui se met à la quête d’une identité comme si elle n’existerait que par le regard de ses écrivains. Ainsi est né en 1947 le premier roman féminin algérien, tel un cri profond et une prise de conscience, tout aussi particulière que nécessaire. Leila, jeune fille d’Algérie de Djamila Debêche, suivi d’ Aziza et Jacinthe Noire de Taos Amrouche, puis viendront La Soif et Les impatients d’Assia Djebar, ce sont-là les premiers soubassements de cette littérature féminine algérienne qui va surprendre agréablement par sa simplicité, puis par sa ténacité, et dans les années suivantes par sa force. C’est un cri révélateur du désir d’être, du désir d’exister, surtout qu’à cette époque-là l’on est encore très loin de toute trace d’émancipation et d’évolution de la femme algérienne. La naissance de la littérature féminine en Algérie est liée au premier texte publié par une femme algérienne en 1947. Jean Déjeux fait de la publication de Jacinthe Noire de Taos Amrouche (écrit entre 1934 et 1939) le premier roman féminin algérien. Bien qu’elle soit en accord avec Jean Déjeux sur l’année de publication du premier roman féminin de langue française en Algérie, Christiane Achour souligne qu’il s’agissait d’abord de Djamila Debêche avec son premier roman Leila, jeune fille d’Algérie paru également en 1947. Arborant la thèse selon laquelle le premier roman féminin algérien né en Algérie a été écrit et publié en Algérie par Djamila Debêche qui vivait en Algérie, alors que Taos Amrouche a écrit et publié son premier roman hors du pays. Cependant, les écrivaines des milieux français et juif nés et publiant en Algérie ont publié des romans dès l’année 1919, se faisant connaître avec succès dans le milieu littéraire algérien : Lucienne Favre, Jeanne Faure-Sardet, Angèle Maroval-Berthoin. Puis, les plus connues : la Constantinoise Maximilienne Heller, avec La mer rouge (1923), Magali Boisnard qui publie dès 1909 des romans de qualité Les endormies, Marie Bugéja avec Nos sœurs musulmanes. Ensuite, Elissa Rhaïs qui a le plus marqué cette littérature par la somme des œuvres écrites ; Le Sein blanc, La Fille d’Eléazar, Saâda la Marocaine, Le Café chantant, La Fille des pachas et Djelloul de Fès.
N. B.
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http://www.lesoirdalgerie.com/articles/2010/03/07/article.php?sid=96678&cid=16
11 mars 2011 à 12 12 04 03043
Hello à tous !
Bravo pour le site Internet et vos articles.
C’est un véritable bonheur de venir vous relire régulièrement.
Féliciations