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Bouteflika n’est pas mort, vous, si…

6 mars 2010

Contributions

Bouteflika n’est pas mort, vous, si…

par Kamel Daoud

A la fin, Bouteflika n’est pas mort. Ni son frère. C’est un rendez-vous avec un joueur de foot, Zidane, qui a été «chargé» de transmettre le démenti de la rumeur au peuple de ce pays.

On nous a répondu par le biais de Mami un jour, pourquoi pas par celui d’un footballeur. Le pire dans cette affaire reste le même : on nous réduit, aussi nombreux et glorieux que nous sommes selon le journal officiel, à des voyeurs accrochés à des rebords de fenêtres pour distinguer ce que fait le Pouvoir, ce qu’il mange, avec qui il se marie cette nuit-là et ce qu’il va faire de nous et de notre terre. La communication institutionnelle est en Algérie soit de la propagande, soit elle n’est pas. Ceux que nous payons pour nous gouverner se comportent encore et encore comme une sorte de famille agacée par le devoir de communication et insultée par l’obligation de nous dire ce qui se passe. Car quand il s’agit de se faire élire ou de manger un Douar, on nous envoie l’ENTV, mais dès qu’il s’agit de nous parler, c’est à peine si on nous jette un os tactile.

La fonction de porte-parole du gouvernement a toujours été un emploi bref car l’obligation de communiquer n’a jamais été perçue comme une obligation. Le freedom act de la démocratie américaine et l’accès à l’information restent encore aléatoires dans un pays gouverné avec le syndrome de la clandestinité et géré comme une lointaine plaine par un maquis souverain et avare en paroles. Le chroniqueur a encore dans les oreilles cette voix caverneuse du communiqué, défilant sur l’écran de l’ENTV, lu avec la gravité d’un film d’horreur et qui commence par ce mot affreux : «Balagh», «Communiqué n°…», sur le mode stalinien et avec la langue des guerres perdues de Abd Nasser.

Et cette catastrophe du couple Mépris/Rumeur déteint un peu partout à la fin : de la présidence à l’APC. Un autre exemple ? Le nouveau code de la route. Pour en avoir des détails, il faut en être le coupable ou la victime. C’est dans les barrages routiers que l’on peut, parfois, vous informer de ce que vous devez respecter désormais. Sans cela, le peuple est dans le noir. En témoigne cette scabreuse rumeur sur l’obligation pour les propriétaires de véhicules de tourisme de se munir d’un gilet phosphorescent, d’un triangle de signalisation et d’un extincteur. Peuple sous informé, beaucoup d’Algériens se sont donc empressés de chercher ces fameux gilets, généralement à la mode chez les gardiens de parkings sauvages. Le prix a donc grimpé de 80 DA à 600 DA en quelques jours. Et le plus grave dans cette arnaque par le vide, restera ce traitement de chèvres qu’on nous impose en guise de droit à l’information, la vraie, pas celle transmise par un chanteur de Raï, ni celle débile de «la crise de démence» dans la pure tradition du KGB, ni celle du «Guermah voyou» de l’incompétence linguistique.

Cette réduction de tout un peuple à des ramasseurs de feuilles mortes n’est pas seulement un manquement au droit à l’information, même celle dite domestique, mais une insulte qui nous est faite depuis l’Indépendance. On a fini par en accepter le fond et la forme et par ne pas s’indigner de voir l’Etat réduit à un Pouvoir puis le Pouvoir réduit à une famille et la «Famille» se suffire de nous serrer la main avec le bout des doigts de son cuisinier du jour. On comprendra alors pourquoi le ministère de Amar Tou se contente de pondre un code sans campagne d’information pour ce peuple destiné à assumer le rôle de la chèvre et pourquoi un ministre de l’Intérieur nous demande de ne pas nous mêler de l’enquête sur la mort de Tounsi et pourquoi une APC peut vendre la moitié d’une commune à un fabricant de clefs sans en informer les électeurs.

Si le Président de la RADP se contente d’un chanteur et d’un joueur de foot, faut-il en vouloir au reste de nous envoyer des ronds de fumée ? Et le pire est qu’on a tellement intériorisé cette insulte que personne ne revendique son droit à avoir une copie du bulletin de santé du président payé pour être Président, ni son droit à un PV de délibération d’APC, un droit devenu impossible par les vœux d’Ouyahia. Peuples d’Algérie, vous êtes bons pour la collecte des sous, les bus des meetings et les applaudissements. Le reste ne vous concerne pas. A la prochaine colonisation, on vous convoquera peut-être pour gonfler le chiffre des morts et ceux des armées des frontières.

À propos de Artisan de l'ombre

Natif de Sougueur ex Trézel ,du département de Tiaret Algérie Il a suivi ses études dans la même ville et devint instit par contrainte .C’est en voyant des candides dans des classes trop exiguës que sa vocation est née en se vouant pleinement à cette noble fonction corps et âme . Très reconnaissant à ceux qui ont contribué à son épanouissement et qui ne cessera jamais de remémorer :ses parents ,Chikhaoui Fatima Zohra Belasgaa Lakhdar,Benmokhtar Aomar ,Ait Said Yahia ,Ait Mouloud Mouloud ,Ait Rached Larbi ,Mokhtari Aoued Bouasba Djilali … Créa blog sur blog afin de s’échapper à un monde qui désormais ne lui appartient pas où il ne se retrouve guère . Il retrouva vite sa passion dans son monde en miniature apportant tout son savoir pour en faire profiter ses prochains. Tenace ,il continuera à honorer ses amis ,sa ville et toutes les personnes qui ont agi positivement sur lui

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