Il y a des jours où tout va mal. Où rien ne va bien. On est en colère contre tout le monde.Et d’abord contre soi. Devant la merderie, il faut que les choses exultent ! Dire tout haut un peu ce que l’on pense tout bas. Sans froisser ou embarrasser néanmoins le pauvre lecteur qui n’y peut mais. D’où une utilisation raisonnable et certainement insuffisamment mesurée du « Dictionnaire des jurons », publié par les Presses Universitaires de France (PUF)
Nicolas Sarkozy, crénom ! semble avoir fait son deuil de la prochaine échéance électorale française : la désignation des majorités et présidents de la vingtaine de conseils régionaux qui structurent la France métropolitaine et celle d’Outre-mer. Bouffre ! Une élection importante, capitale, décisive ! Même si très peu d’électeurs sont à même de connaître les pouvoirs de cette noble institution créée, coquin de sort !, en son temps par le président Giscard-crédienne ! d’Estaing.
Car il faut au moins être un chancre d’énarque pour maîtriser l’infinie complexité des instances territoriales françaises. C’est des crénoms d’élections subtiles à tous les niveaux. Il y a ce que tout le monde connaît : les élections municipales et la sacralisation du personnage politique français le plus populaire : le maire du village ou de la cité, parbleu ! Celui-là, dans les 33 000 communes, au moins, sang du diable ! On le connaît ! On connaît moins ses adjoints, mais qu’importe ! Ailleurs, dans des endroits bien secrets, crénom ! Les élus choisissent, parmi leurs pairs du canton, ceux qui les représenteront au Conseil général du département.
Coquin de sort ! Vous n’avez pas compris ? Ce n’est pas grave, les électeurs français, eux aussi, n’y comprennent goutte. Dans les prochains jours, on va élire de nouveaux édiles pour la taille géographiquement supérieure : la région, constituée de-gerlure!-départements, eux-mêmes constitués de foutredieu cantons. Vous suivez ?
Elections régionales – Cent diables ! Mille bougres ! Eh bien, vous avez de la chance ! Alors quels seront les pouvoirs de ces nouveaux élus ? Les électeurs eux-mêmes s’y perdent. Dans un même établissement public, le personnel fonctionnaire peut être payé en partie par l’Etat, en partie par le Conseil général, les locaux entretenus par le Conseil régional et le jardin soigné aux frais de la mairie. La seule constante est que l’Etat, pourtant garant du bon fonctionnement des services publics, ne veut plus se faire présenter l’addition. Il renvoie tout cela aux institutions locales, sans, palsembleu !, leur donner le crénom de budgets correspondant au bon fonctionnement du service public en question (écoles, universités, service de l’eau, transport, etc.). Officiellement, l’impôt d’Etat n’augmente pas, celui des, mille bougres ! collectivités territoriales explose ! Pour se défouler, les contribuables français pourront exprimer leur colère lors de l’élection reine, la, tonnerre de tonnerre ! élection présidentielle. Ou à défaut, se rabattre la chancreuse élections des députés européens. Ceux-ci, matin !, ont au moins un avantage pour les citoyens usés par les interminables campagnes électorales. Les candidats tiennent, lors de celles-ci, de mâles propos sur la construction européenne et puis on n’en entend plus parler jusqu’à l’élection suivante
Bref ! Pour l’élection qui vient, la droite va prendre une branlotée et la gauche, qui va gagner la quasi-totalité des présidences de conseils régionaux, va croire qu’elle est sauvée. Sacredieu ! Si la droite UMP est devenue impopulaire, le Parti socialiste est encore tout sauf crédible. Les deux grandes formations politiques françaises, celles qui structurent l’alternance, sont en effet plus qu’à la peine. L’UMP a du mal à attirer l’électorat réactionnaire du Front national. Nicolas Sarkozy, qui avait voulu enterrer juridiquement son seul rival potentiel à droite, l’ancien Premier ministre, Dominique de Villepin horreur ! malheur ! -, n’a réussi qu’à le transformer en martyr. Haineux. Bigre !
Le PS a quelques difficultés sur son flanc gauche, avec le gredin Front de Gauche (alliance Mélenchon/PC) et le NPA du cornegidouille trotskiste Besancenot. Ajoutez à cette sauce du diable, malédiction ! les écolos éthérés de Cohn-Bendit, les centristes illuminés qui votent pour Bayrou et, tonnerre de tonnerre !, le spectacle est presque prêt.
Economie : par le cadavre de mon grand-père, tout va mal !
Morboeuf ! Ces enfoirés de banquiers n’ont rien appris, et rien compris. Après avoir nagé une morguieu de folie financière, les grands établissements financiers ont sauvé leur misérable peau en implorant le secours des Etats (devenus subitement « la solution. Pas le problème », bougres d’idiots !). Rassurez-vous, les Etats vont transmettre la note à régler aux contribuables, eux-mêmes clients des banques et parfois leurs salariés. Mais pour les particuliers, les banques, soudainement vertueuses, ont décidé d’être intraitables : fini les découverts, fini les crédits à la consommation. Pas un fifrelin pour les particuliers ou les PME, jugés doctement « insuffisamment solvables ». Pas un rond pour ces cornards ! Dans le même temps, la BNP, Banque nationale de Paris, annonce en frétillant un milliard d’euros de stocks options et primes diverses pour ses dirigeants spéculateurs et autres foutus traders. Un milliard d’euros ? Vérole ! On ne sait pas vraiment ce que cela veut dire ! Un milliard ? C’est bien simple : comptez à haute voix «un euro, deux euros, trois euros » Et bien, vous atteindrez le milliard dans trente-quatre ans, si vous ne dormez pas et si, peuchère, vous réussissez à ânonner votre énumération en mâchouillant quelques misérables sandwichs (eh bien oui, vous ne pouvez pas compter et travailler en même temps…).
Toute nouvelle victoire de la connaissance à son prix. En comptant jour et nuit pendant un tiers de siècle, chacun d’entre nous pourra mesurer ce que le millier de dirigeants de la BNP s’est mis dans la poche en 2010. Evidemment, pour les bénefs de 2011, 2012, etc., il faudra recommencer l’exercice
Le banquier n’est pas, pécaïre ! un crétin : il sait qu’il doit se refaire fissa-fissa sa foutredieu de pelote. Vite ! Du cash, du liq, de la némo, du flouz
Alors, les grandes institutions financières internationales, associées avec les prestigieuses agences de notations boursières, ont décidé derechef de spéculer contre les Etats. Ceux-là même qui les ont sauvés de la faillite contre le très vague engagement moral d’être dorénavant des banques « plus gentilles et plus civiques ». Civique toi-même ! Les banques européennes, sauvées par les Etats et les contribuables européens, ont pour Bon Dieu ! – se refaire, décidé de spéculer sur les Etats européens et leur dette consentie pour sauver les mêmes établissements bancaires Belzebuth !
Evidemment, cette spéculation ne concerne que les Etats européens les plus endettés ou les plus faibles. On s’attaque aujourd’hui à la Grèce, demain ce sera le tour de l’Italie ou de l’Espagne, dont les déficits budgétaires sont abyssaux.
Avec la délicatesse et la distinction qu’on leur connaît, ces crédiennes de banquiers ont désigné leur cible dans leur foutu jargon anglo-saxon: les PIGS, les « porcs », parbleu !, Portugal, Italie, Grèce, Spain-Espagne A titre personnel, je serais assez favorable que l’on pende, chaque semaine, un ou deux de ces banquiers internationaux, pris au hasard. Mes amis de gauche me rappellent qu’ils sont contre la peine de mort et me proposent plutôt une grande réflexion citoyenne qui déboucherait dans une dizaine d’années sur une vaste et publique commission d’enquête. Mes amis de droite, plus fortunés, ne rechignent pas sur l’hypothèse de peines exemplaires. Mais ils insistent beaucoup pour que le châtiment s’applique d’abord et avant toute chose aux « vrais délinquants » : rmistes coupables de vols, chômeurs trafiquants de drogue, jeunes de banlieues brûleurs de voitures J’hésite.
Afghanistan : nom de gueu !
Il y a comme cela des conflits qui sont, comment pourrait-on dire ? marqués au seing infernal du « politiquement correct ». Cela a été le cas dans le conflit, à la fin du XX° siècle, dans les Balkans. La messe a été dite très vite. A ma gauche, les méchants, les Serbes. A ma droite, les gentils : les autres. Non pas que les Serbes n’aient pas été méchants. Mais les gentils n’ont pas été aussi gentils que la presse française et Bernard-Henry Levy le croient encore. Surtout, l’Union européenne aurait évité de nombreux massacres en proposant, dès le début du conflit, l’intégration directe à l’Union des pays issus de l’ex-Yougoslavie. Une manière simple d’éviter l’effondrement des sociétés civiles et politiques, les famines, les conflits interethniques et les très cruelles guerres civiles qui s’en ont suivi.
Cette proposition, certes hardie, n’a guère rencontré d’écho. Un réfugié serbe de la Krajina ou un Kosovar, de loin, c’est joli Mais à la maison !
Jarnibleu ! L’affaire afghane paraissait au début aussi simple. 2001, millions de tonnerres ! C’est l’effondrement des Twin Towers et la rapide mise au pat de l’Afghanistan, base arrière officielle de la Qaïda.
En 2001, l’Afghanistan, c’est une terre tenue par une clique de féodaux qui se disputent les dépouilles d’un gouvernement corrompu ; la population est sous-éduquée et sous-alimentée ; les talibans font régner un climat de terreur islamiste : les femmes n’ont droit à aucune liberté et sont contraintes au port de la burqa ; de nombreuses minorités subissent la contrainte inflexible des Pachtounes. Le Pakistan se sert cyniquement de l’Afghanistan dans son immense partie d’échecs pour contrer l’influence indienne
En 2010, après une décennie d’intervention militaire occidentale, tout a changé ! En 2010, l’Afghanistan est une terre tenue par une clique de féodaux qui se disputent les dépouilles d’un gouvernement corrompu ; la population est sous-éduquée et sous-alimentée ; les talibans font régner un climat de terreur islamiste : les femmes n’ont droit à aucune liberté et sont contraintes au port de la burqa ; de nombreuses minorités subissent la contrainte inflexible des Pachtounes. Le Pakistan se sert cyniquement de l’Afghanistan dans son immense partie d’échecs pour contrer l’influence indienne
Seule variable, l’Afghanistan est redevenu, ce qu’elle n’était pas sous la dictature des talibans, le 1er fournisseur de pavot et d’héroïne du monde (9O% du marché, une vraie performance économique !). Avec l’acceptation tacite des forces américaines, anglaises, françaises, allemandes et celles d’une dizaine de pays occidentaux qui « font la guerre » dans ce pays. Contre qui ? On ne sait plus trop depuis que le concept un peu obscur de « taliban modéré » est venu enrichir le discours commun. Diable ! La plus grande difficulté dans l’écriture d’une pièce de théâtre, c’est de prévoir la fin. Au bout d’une heure et demie de spectacle, les genoux s’ankylosent et les gens commencent à avoir faim. L’heure du dénouement est arrivée. Tout le talent du dramaturge se concentre sur les derniers mots, la fin, la « chute ». Si c’est une comédie, il faut faire rire. Si c’est une tragédie, il faut émouvoir, c’est les trippes du spectateur qu’il faut secouer.
A la guerre, c’est un peu pareil. Quand on a gagné, ou qu’on a cru qu’on a gagné, la recette est assez simple : un grand défilé de chars dans la capitale vaincue, un pouvoir ami, quelques médailles et de grands discours. Quand on a perdu, c’est plus court. Salut les copains et à la prochaine !
En Afghanistan, les troupes occidentales savent qu’elles ne gagneront jamais mais elles savent aussi qu’elles peuvent se maintenir très longtemps en imposant leur présence à des populations qui semblent les détester chaque jour davantage. Il serait plus raisonnable, tout au moins pour le contingents français, de partir au plus vite.
Conclusion :
madre de dios !
On ne peut pas tous les matins s’emporter et la colère est mauvaise conseillère. Dire des gros mots, prononcer des jurons n’est guère utile. A râler tout le temps, on finit vieux con. M’enfin… !
4 mars 2010
Contributions