A chacune des prestations de notre équipe nationale de football, c’est le même scénario qui se répète : files interminables sur l’esplanade du stade 5 Juillet et forces de l’ordre en alerte. Et à chaque rencontre, c’est devenu presque un rituel, des affrontements entre la police et les supporters éclatent.
Pourtant, tout a été mis en place minutieusement par les services concernés, mais en vain. Hier, tous les chemins qui mènent vers le stade du 5 Juillet étaient «squattés» par des vendeurs d’objets symbolisant l’équipe : châles, casquettes, chapeaux, drapeaux et autres sandwiches et gâteaux étaient vendus sur la chaussée. Les véhicules venus des quatre coins du pays formaient des files interminables.
Certains sont immatriculés à Ghardaïa, Oran, Constantine, Ouargla, Tlemcen, Tizi Ouzou… Des jeunes, des vieux et des familles entières sont venus supporter les poulains de Saâdane.
Y aura-t-il des places pour tout le monde ? Pas si sûr. Rafik, qui arrive droit de Mostaganem à bord de sa 4L datant de 1968, dira «je ne sais pas si vais trouver une place, et c’est injuste car nous n’avons pas eu notre part. Les tickets ont été vendus une semaine à l’avance uniquement à Alger».
Dès les premières heures de la matinée, on pouvait apercevoir des nuées de jeunes supporters collés aux grilles entourant le stade. Toutes les portes donnant sur les tribunes étaient fermées. Tout le monde attend midi, heure d’ouverture des portails, pour y accéder.
De l’autre côté du stade, la foule est plus nombreuse. La plupart des présents n’ont pas de ticket. Ils n’ont pas eu la chance d’en acheter, faute de temps ou de moyens.
«J’arrive à peine à m’acheter des cigarettes, et je n’ai aucun autre loisir pour me défouler, dois-je voler pour voir un match ?», fulmine Achour. «Je viens d’arriver de Relizane et je ne trouve plus de tickets, que dois-je faire ?», s’est interrogé Hamza. Son ami intervient, en colère, pour donner son avis :
«Nous sommes des Algériens à part entière, il faut que les organisateurs pensent un peu aux autres régions du pays, car l’Algérie ce n’est pas Alger seulement.» À cet instant, un groupe de jeunes fonce vers le portail qui conduit vers les tribunes réservées aux familles, mais les éléments de la police répondent fermement aux provocations et c’est l’émeute.
La chasse aux supporters commence
Le forcing de la foule a poussé les policiers à réagir à un acte aux conséquences imprévisibles. Un appel au calme est lancé par les stadiers et autres officiers de police afin de faire de cette rencontre de football un gala et non un affrontement entre la police et les supporters, mais rien n’y fait.
Les jeunes, affolés, commencent à lancer des pierres et toutes sortes d’objets vers les policiers. Ces derniers ripostent par la manière forte et font plusieurs blessés parmi la foule. Tous les supporters qui rodaient autour du stade viennent renforcer les rangs des émeutiers.
Les policiers sont pris de panique et appellent des renforts. Des camions lance-eau arrivent en trombe et font semblant de foncer sur la foule.
Plusieurs jeunes, pris en flagrant délit, sont arrêtés par des policiers en civil. Les quelques familles venues assister à ce match amical entre l’équipe nationale et l’équipe serbe ont rebroussé chemin. La cause est évidente. Selon Samira, venue avec ses deux filles «nous sommes encore loin de la notion du stade en famille.
Rien qu’à entendre ce qui se dit et les slogans vulgaires, ça nous décourage. Même l’accès réservé aux familles est fermé et sincèrement je ne me vois pas avec mes deux jeunes filles pousser avec des jeunes désœuvrés pour y accéder».
Et d’ajouter : «N’était la protection des policiers au moment des poursuites, nous serions à terre piétinés par la foule.» Vers 13h, après le renforcement du dispositif sécuritaire, la situation s’apaise. De visu, c’est la mauvaise organisation ayant caractérisé ce rendez-vous qui a causé les dérapages d’hier.
Des organisateurs ont pensé faire bénéficier les familles algériennes du spectacle avec dans l’idée de les faire participer à la fête. Avec les incidents d’hier, ils doivent mettre en place une stratégie adéquate. «Ce n’est qu’un match de foot de 90 minutes, mais avec une telle organisation, cela peut engendrer des soucis», a conclu Farid.
Par Elias Melbouci
4 mars 2010
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