La fête du Mouloud d’antan
La veille du jour de la naissance du Prophète, appelé communément à Oran « ziadète Ennbi », les familles se réunissaient à la maison, chez quelqu’un et surtout avec les voisins des « Houachs ». Le principal animateur, la mère de famille ou grandmère, réunit tous les enfants, sans distinction de sexe, pour l’application du henné, communément appelé «Heunna »
sur les paumes de leurs mains. Rares étaient les adultes qui aimaient mettre du henné. Les personnes superstitieuses bénéficiaient sans hésitation de cette couche de henné qui, selon leur croyance, les protège et pour d’autres pour une simple baraka, en souvenir de cet événement. Le lendemain est le « Maoulid », la grande fête. Cette période est une période faste pour les commerçants, vendeurs de feux d’artifice dont les pétards, les feux de Bengale et autres genres de feux d’artifices de toutes couleurs. D’ailleurs, cette nuit, au moment de « l’heure » de la naissance, la ville « arabe » d’Oran, (quartiers populaires) est pleine de joie et d’allégresse pour tous. « Les uns préfèrent », ajoute Feu Chaila Houari, « allumer les bougies et créer leurs propres cierges pour pouvoir illuminer le milieu où ils se trouvaient. Les autres faisaient des aventures avec les différents types de pétards, appelés communément (Tratègues !). Parfois, certains enfants achetaient les pétards pour les allumer en série et créer une grande ambiance, signe de joie et d’allégresse ». La célébration de l’anniversaire du Prophète Mohammed (QSSSL) était, selon des témoignages recueillis, très connus pour ses ambiances particulières : 1.Au niveau de la mosquée Lieu de prière et de méditation, la mosquée joue, jusqu’à l’heure actuelle, un rôle important dans la société musulmane. D’ailleurs, « Les hommes prennent le chemin de la mosquée où une cérémonie religieuse est organisée. Après la prière de « El Icha », les fidèles continuent leur soirée dans une ambiance religieuse : -Des « maddihs » (chants religieux et élogieux). Parmi les chants religieux, plusieurs textes dont : le poème de Cheikh El Aroussi, la « tasliya » (la formule rituelle de la « Que la Prière et la Paix soient Sur Lui » !) -L’histoire ou la « syra ennabaouiya » (biographie, événements, relatifs à Mohammed (QSSSL), -« Ahadith » (sentences du Prophète). Cette ambiance dure jusqu’à l’aube. Après avoir fait la prière, les hommes sortaient et passaient en traversant toute la ville (… ) avec le chant de « Talâa El Badro âalina » – « ouaja ba echrkrou âlina » 2.Au niveau des zaouiate (pluriel de zaouia) Dans chacun de ces endroits religieux d’un ordre mystique, la fête du « Maoulid Ennabaoui » serait célébrée, comme à Tlemcen par : -« Le Coran, -Les « maddihs » dont les poèmes de : « El Borda » du cheikh El Bossayri, « El Hemziya » du cheikh El Bossayri, Cheikh Lakhdar Bekhlouf et du Cheikh Mohamed Benm’ssaïb. -La « Syra ennabaouiya », -« El Adkar », poèmes religieux ou « dikr de la tariqa ». Les « zaouiate », aussi, célèbrent cet événement culturel, historique et religieux ». Le mouvement des soufis n’était pas fortement représenté à Oran, à l’exception faite de certains « mqaddem » avec les quelques adeptes des ordres religieux de : Sidi Blel, Sidi El Hasni et de Sidi Abdelbaki. Avec la « Alawiya », la Tidjaniya . Il faut noter, par ailleurs, que « Ces zaouiates demeurent, encore des lieux de rencontre des adeptes d’une même confrérie de la culture soufie, de l’enseignement de quelques principes de l’Islam, la religion du pardon et de la paix. Les événements religieux sont généralement célébrés par des veillées animées par les chants religieux et «Adkar » (pluriel de Dikr). Ces rencontres sont religieusement consacrées à la récitation des poèmes religieux et textes des chefs de la confrérie à laquelle les adeptes appartiennent ». Egalement, à cette veillée, plusieurs personnes étaient parmi les invités de ces lieux qui restent des espaces sociologiques considérés. D’ailleurs, les invitations étaient toujours suivies de consommation des sucreries».
F. Naim
1 mars 2010
Religion