C’était un écrivain mûr et particulièrement prolifique.
A l’occasion de la célébration du 43e anniversaire de l’assassinat de l’écrivain algérien de langue française Mouloud Feraoun, l’Etablissement Arts et Culture a organisé à la médiathèque Bachir-Mentouri (ex-Pichon-Audin) une rencontre à laquelle ont pris part des intellectuels tels Rachid Mokhtari, Belgacem Aït Ouyahia et Youcef Mehari.
D’abord, Rachid Mokhtari a tenu à préciser, dans son intervention, que Mouloud Feraoun, et ce, à travers «sa dramaturgie romanesque», «oeuvrait à montrer non pas une Kabylie mythique, folklorique, chatoyante, mais plutôt une Kabylie déstructurée où toutes les attaches sont rompues», ajoutant que «la pauvreté était telle que le rapport de l’individu ? comme celui de la collectivité ? à la terre était désacralisé». «Mouloud Feraoun montrait une Kabylie de l’errance, une terre de la migration», reprend-il.
Youcef Merahi, de son côté, dira à propos de Mouloud Feraoun : «C’était quelqu’un qui, déjà, était arrivé au summum de la maturité, mais il a suffi que les forces du mal l’arrachent à la vie.»
Feraoun était, en effet, un écrivain mûr et particulièrement prolifique. Toutefois, le même intervenant déplore le fait qu’un homme aussi édifiant, productif ne soit pas enseigné dans les écoles. Il s’interroge : «Comment se fait-il que du primaire jusqu’à la terminale, les élèves n’ont pas une connaissance complète sur la vie et l’oeuvre littéraire de Feraoun, alors qu’il est considéré comme l’une des grandes figures de la littérature algérienne d’expression française compte tenu de ses écrits qui constituent un véritable document historique et un fort témoignage de la société algérienne (kabyle) de son époque.» Ensuite, Youcef Mehari a rappelé les initiatives entreprises par le Haut-Commissariat à l’amazighité, à savoir la traduction de deux livres de l’écrivain : Jours de Kabylie (2000) et Le fils du pauvre (2003).
Belgacem Aït Ouyahia, qui a connu Mouloud Feraoun et qui était son ami, dira : «Célébrer la mémoire de Mouloud Feraoun constitue un témoignage qui se veut un hommage à ce que Feraoun n’a cessé d’être un instituteur d’origine indigène.»
L’intervenant évoquera sa première rencontre avec Mouloud Feraoun. «Je l’ai connu, en 1955, à l’Ecole normale de Bouzaréah», se rappelle-t-il. Et d’ajouter : «Moi, j’étais médecin, j’étais tout petit devant Feraoun, l’instituteur ; j’avais une admiration pour lui.» Et de dire également que Mouloud Feraoun «était enfermé dans le carcan de la morale que l’on appelle la justice». A souligner qu’un hommage a été rendu au défunt, mercredi, par l’université Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou qui a organisé, au campus de Hasnaoua, une conférence intitulée «Les martyrs du 15 mars 1962, les faits et les origines du drame», avec l’animation de J.-P. Aoudia, fils de Salah, l’une des victimes de ce drame, ainsi que de deux historiens français.
Supplément Edition du 17/3/2005
Rencontre
Par Yacine Idjer
27 février 2010
Non classé