Lendemain de Coupes d’Afrique
Les défaites de l’Egypte, les vraies
L’un des commentateurs de la finale Egypte-Tunisie de Handball appelait avec beaucoup de conviction qu’il fallait « battre la tyrannie » et que « les pays du Maghreb vaincront » en citant un à un les cinq pays de l’Union du Maghreb Arabe comme pour préciser que l’Egypte n’en faisait pas partie.
Les commentaires entendus dépassent toutes les règles
de la retenue journalistique et démontrent clairement qu’il y a un ras le bol qui ne saurait plus être supporté.
« Algérie Tunisie, un seul combat solidaire » est l’autre appel pathétique pour ne pas laisser « le tyran » s’imposer contre leur volonté. Les joueurs de l’équipe nationale tunisienne avaient failli perdre leur sang froid devant la cupidité et les « négligences arbitrales », déjà vues sur ce même terrain et sous d’autres cieux, dans d’autres disciplines.
« Et la guerre fut terminée faute de combattants » disait le poète. Les joueurs égyptiens étaient lessivés, tous les moyens de dopage utilisés, les supporters, la pression, la presse aux ordres, les agressions sur des algériens la veille, des arbitres soudoyés ou menacés n’ont pu cacher une réalité têtue, les maghrébins, en ces temps-ci, étaient forts, les tunisiens l’ont prouvé contre l’adversité.
Les magouilles des égyptiens dans les joutes sportives n’échappent plus à personne et les matchs gagnés dans les éliminatoires de la coupe du monde et de la coupe d’Afrique, en Zambie et au Rwanda, ne sont pas passées inaperçues parce que beaucoup d’observateurs pensent que quelques joueurs de ces deux pays ont levé le pied pour permettre aux égyptiens de prendre les précieux points. Ce qui s’est passé ensuite en Angola ne mérite même pas que l’on s’y attarde.
Il semble, en tout cas, que les autorités égyptiennes n’aient plus les moyens de leur politique. Les « conquêtes sportives » qui mobilisent les masses ont pris trop d’importance dans la stratégie des Moubarak pour se maintenir au pouvoir et leur absence de la coupe du monde et leur défaite en finale de la coupe d’Afrique de Handball, face aux tunisiens, va peser lourdement dans la balance. « Ce recul » va faire de l’espace à l’arrivée de Mohamed El Baradei, le potentiel et légitime concurrent d’un Rais vieillissant, usé par le pouvoir et soucieux de garantir l’avenir de sa riche progéniture et de leurs intéressés sponsors qui restent les garants de la protection du régime… par l’Etat hébreu.
L’Egypte des grandes conquêtes semble être confinée dans un espace temps réduit et vit d’une histoire et d’épopées n’ayant plus droit de cité dans l’Egypte d’aujourd’hui ; celle-ci cherchant sa crédibilité et son aura dans les combats d’arrière garde, au sein des institutions régionales et internationales, politiques, culturelles et sportives pour manipuler les masses populaires. Les défaites successives des égyptiens se suivent et ne se ressemblent pas. Son leadership a été battu en brèche par les Qataris qui veulent faire l’impasse sur l’éternel tutorat égyptien parce que ne faisant plus recette dans la Realpolitik du moment. Sa crédibilité a été maltraitée par son échec à l’Unesco et par son alignement aveugle sur les thèses américaines et israéliennes contre l’Iran qui, quelle que soit sa position actuelle, ne représente pas un danger imminent pour le monde arabe et musulman. L’Egypte avait commencé à perdre, au vu et au su de tout le monde, lorsque l’administration américaine avait mis son veto contre la reconduction de Boutros Boutros Ghali, pour un deuxième mandat en tant que Secrétaire Général de l’ONU. L’Egypte, leader du monde arabe, a participé militairement, d’une manière ou d’une autre, à faire occuper l’Irak en soutenant par son silence son asphyxie. Le bilan n’est pas brillant, la chute vers l’abîme de l’autodestruction se précise par le lâchage de Omar El Bachir et par le mur de la honte contre le peuple désarmé de Ghaza qui fut longtemps, la cause arabe et qui n’est plus qu’un fond de commerce au service d’un régime aux abois.
Vouloir accuser l’Algérie d’un probable soulèvement populaire à cause du manque de gaz propane, en Egypte, relève de la paranoïa parce que le fournisseur, la Sonatrach , ne demande qu’à être payée pour les deux ans de retard de payement.
Accuser l’Algérie de vouloir s’en prendre à Orascom à travers sa filiale Djezzy est un acte aussi vil que lâche dans la mesure où le redressement fiscal était prévisible depuis 2005 et l’enquête du SRV (service de recherche et de vérification) avait, depuis longtemps, commencé son travail comme il le fait pour toutes les entreprises nationales ou étrangère. Cela se passe, du reste, de la même manière dans tous les pays du monde.
Alors c’est quoi une défaite ?
Etre éliminé par l’Algérie en Football ?
Etre éliminé par la Tunisie en Handball ?
Ou plutôt voir toute la société égyptienne se déstructurer et bientôt…imploser ? Aucun algérien et aucun maghrébin ne le souhaite.
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26 février 2010
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