Crise avec l’Egypte : la complaisance dangereuse de la diplomatie algérienne
Les responsables algériens ont-ils déjà oublié les insultes et les menaces égyptiennes contre l’Algérie, proférées avant et après le match d’appui du 18 novembre dernier à Khartoum pour la qualification au Mondial 2010 ?
Ou la diplomatie algérienne a-t-elle, comme cela a été le cas sur d’autres dossiers par le passé, renoncé à affronter cet allié des Etats-Unis, par crainte de représailles ? A la surprise générale, vendredi au Caire, le ministre de l’Energie et des mines, Chakib Khelil, a annoncé le lancement d’un projet entre Sonatrach et deux groupes égyptiens dans la production et la prospection pétrolière. Quelques jours plus tôt, c’est Mourad Medelci, ministre des Affaires étrangères, qui tendait la main aux Egyptiens dans un entretien accordé à Asharq al Awsat, un journal arabe paraissant à Londres. L’initiative de Chakib Khelil et sa déclaration sur la poursuite de la coopération économique entre les deux pays sont surprenantes. En Egypte, les joueurs et les supporters algériens ont été agressés avant et après le premier match. Le drapeau algérien a été brûlé à plusieurs reprises. Les symboles de l’Algérie, à commencer par la révolution et les martyrs, ont été malmenés par les médias et les officiels de ce pays. L’Egypte, qui a multiplié les actions de lobbying international contre l’Algérie, a même renoncé à accueillir la Coupe d’Afrique des Nations de handball à cause de la participation algérienne.
Tout le monde le sait : la famille de Moubarak a joué un grand rôle dans cette campagne anti-algérienne. Les deux fils de Moubarak ont même traité l’Etat et le peuple algériens de terroristes. Mais au lieu d’une réaction de fermeté de la part d’Alger, les ministres ont préféré l’apaisement, allant jusqu’à annoncer depuis le Caire un humiliant partenariat « 50-50 » entre Sonatrach, 10 eme compagnie pétrolière mondiale, et deux groupes égyptiens inconnus dans le secteur. On connaît l’apport des Egyptiens à l’économie nationale : des milliards de dollars transférés sous forme de dividendes par les groupes de ce pays installés en Algérie. Dans ce dossier, la diplomatie algérienne a raté l’occasion de défendre convenablement les intérêts de l’Algérie et des Algériens. Au moment où les Algériens s’attendaient à une utilisation de l’arme économique comme instrument de représailles contre dont plusieurs groupes à leur tête Orascom survivent grâce à l’Algérie, ils ont eu droit à l’inverse : Chakib Khelil se félicitant d’un contrat avec les Egyptiens dans le pétrole, un domaine où l’Algérie est censé partir à la conquête du monde.
L’empressement du gouvernement algérien de tourner la page des incidents qui ont suivi le match de Khartoum est incompréhensible. L’Egypte a tout à perdre dans son conflit avec l’Algérie. Au plan économique, les entreprises égyptiennes ont largement profité des programmes de relance en Algérie et les entreprises algériennes sont inexistantes en Egypte. Au plan politique, le Caire n’a pas intérêt à se brouiller avec Alger. L’Algérie peut réclamer la fin du monopole de l’Egypte sur la Ligue arabe et lui contester son leadership arabe sur de nombreuses questions.
En se montrant complaisant avec les Egyptiens, et on passant l’éponge sur les graves dérapages de leurs médias et officiels, les autorités algériennes ont pris le risque d’ouvrir une brèche pour les autres pays. Désormais, l’Algérie peut être insultée et ses ressortissants malmenés à l’étranger sans que personne ne lève le petit doigt.
Amer Naili ( tsa-algerie.com )
24 février 2010
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