par El-Guellil
Tôt le matin, j’ai vu un type à l’allure fière exhibant une chevelure exagérément gominée. Ma curiosité m’a poussé à un panoramique vertical de haut en bas sur le personnage. Ce balayage s’est arrêté sur sa paire de pompe. Des souliers en bon état mais dégueulasses. Un simple coup de chiffon les aurait lustrés. Mais sa tête était trop gominée. L’étanchéité sur ce qui lui servait comme porte-tignasse était telle qu’aucune logique ne pouvait se frayer un chemin.
A propos de chemin, sur ma route il m’était impossible de marcher en ligne droite. Il me fallait sauter pour éviter une flaque d’eau boueuse, ou zigzaguer sur le terrain du combattant qui devait me mener à mon travail. Les voitures elles souffraient le martyr pour éviter les crevasses, les fosses et les nids-de-poule.
Mais quel rapport avec la gomina et les godasses de mon personnage premier ? C’est tout simplement que sur ce même circuit, une équipe de travailleurs taillaient les arbres leur donnant une allure plus élégante. Une autre équipe elle, sous une pluie habillaient les trottoirs. Même ma grand-mère en rirait. Agitation anormale. On travaille même les jours de pluie. C’est qu’il doit se préparer quelque chose d’important qui concerne des gens importants qui doivent discuter de sujets importants. Le moment est bien choisi car la plèbe est occupée à préparer Mouloud nabaoui. Et la douane à saisir les pétards.
Tôt le matin, j’ai vu de nouveaux palmiers adultes avant l’heure trôner sur des placettes qui n’ont vu, depuis des lustres, de verdure que des vertes et des pas mûres. C’est sans doute un événement important. J’ai vu et j’aurais aimé pour une fois être aveugle, non-voyant acceptant l’intention et l’attention qui sont accordées à ma ville à l’occasion de ce grand événement
il coûtera ce qu’il coûtera et ma ville goûtera ce qu’elle a toujours goûté
le laisser-aller quand iront les grosses cylindrées cuver les festivités derrière leurs bureaux. Et quand rejoindront les jeunes gominés leurs domiciles pour dormir et rêver à une harga. Coûte que coûte.
24 février 2010
Contributions