Ils sont de plus en plus nombreux à se donner la mort Quelles solutions pour le suicide ?
Ils sont de plus en plus nombreux à se donner la mort
Quelles solutions pour le suicide ?
Par Assia Boucetta
Nombreux sont les phénomènes bannis dans notre culture et condamnés par notre religion qui ne cessent de prendre de l’ampleur. Le suicide ou le «meurtre de soi», est, à ce titre, devenu un fléau social récurrent. La complexité de la situation sociale en Algérie y est certainement pour quelque chose. Nul n’ignore, toutefois, que le passage à l’acte suicidaire n’est pas exclusivement le résultat d’une misère sociale. Tous les spécialistes s’accordent à dire que la détresse psychique est génératrice de candidats potentiels à la mort volontaire. Les études réalisées en Europe et aux USA ont établi que 90% des personnes qui se sont suicidées présentaient un trouble mental. Mais celui-ci ne conduit pas systématiquement au suicide sans un environnement extérieur qui s’y prête. Outre les problèmes de la vie quotidienne auxquels ils font face, les sujets en situation de déprime sont rarement pris en charge…
A. B.
À propos de Artisan de l'ombre
Natif de Sougueur ex Trézel ,du département de Tiaret Algérie
Il a suivi ses études dans la même ville et devint instit par contrainte .C’est en voyant des candides dans des classes trop exiguës que sa vocation est née en se vouant pleinement à cette noble fonction corps et âme .
Très reconnaissant à ceux qui ont contribué à son épanouissement et qui ne cessera jamais de remémorer :ses parents ,Chikhaoui Fatima Zohra Belasgaa Lakhdar,Benmokhtar Aomar ,Ait Said Yahia ,Ait Mouloud Mouloud ,Ait Rached Larbi ,Mokhtari Aoued Bouasba Djilali …
Créa blog sur blog afin de s’échapper à un monde qui désormais ne lui appartient pas où il ne se retrouve guère .
Il retrouva vite sa passion dans son monde en miniature apportant tout son savoir pour en faire profiter ses prochains.
Tenace ,il continuera à honorer ses amis ,sa ville et toutes les personnes qui ont agi positivement sur lui
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19 février 2010 à 14 02 27 02272
Ni la religion ni la société…
Constat n La foi, l’éducation et le «qu’en dira-t-on» ne constituent plus aujourd’hui un rempart solide contre cet acte tragique qu’est le suicide.
La dissimulation en mort accidentelle ou naturelle reste pour de nombreuses familles, accablées par le poids des traditions et de la religion, la seule échappatoire. Elle leur permet, en tout cas, d’éviter les stigmates entraînés par l’acte du membre suicidaire.
Pourtant, ce geste d’extrême violence n’engage que le suicidé qui, pour des raisons multiples, a décidé de mettre fin à une quelconque souffrance.
Il serait même illusoire de vouloir avancer des arguments pour justifier un tel acte, selon les spécialistes. «Chaque suicide est unique en son genre. Le suicidé avait mal dans sa vie et, à sa souffrance morale, il a préféré la mort», selon le sociologue Emile Durkheim. Si la plupart des cas signalés tiennent leur origine de troubles psychiques, d’autres sont directement liés à la misère et à tout ce qu’elle entraîne comme désillusions, sentiment d’injustice et comportements extrêmes. Mais le passage à cette ultime et triste solution peut aussi intervenir après un événement traumatisant comme le viol et les atteintes à l’honneur et à la dignité. Les dernières statistiques en date remontent à 2007 où il a été enregistré 177 suicides contre 169 en 2006 et 114 en 2005, selon les services de police.
Dans 70% des cas, le suicidé a choisi la pendaison pour mettre fin à ses jours. Viennent ensuite l’empoisonnement et les armes à feu et blanches. Ces données confirment, de toute évidence, le constat fait par de nombreux journaux selon lesquels le phénomène prend de l’ampleur.
Une lecture à laquelle adhèrent, d’ailleurs, de nombreux spécialistes qui parlent de chiffres en deçà de la réalité. «Les chiffres avancés ne sont certainement pas conformes à la réalité», selon le Dr Boudarène, auteur de plusieurs articles médicaux sur le suicide, la toxicomanie, la harga…Pour lui, «les seuls éléments chiffrés constants semblent être le ratio hommes-femmes, soit 3 pour 1 et l’âge de la population concernée par le passage à l’acte suicidaire qui se situe pour tous les rapports entre 18 et 40 ans.
Ces données sont conformes à celles qui sont rapportées à l’échelle internationale», affirme-t-il. Le mutisme observé chez les pouvoirs publics et l’absence de recherches et d’études en la matière a, en effet, laissé libre cours aux supputations et à un diagnostic aléatoire de la situation qui pourrait être bien plus grave qu’on ne le croit. Enfin, à la mémoire de toutes ces victimes de «la mort volontaire», Dr Boudarène écrit : «La bonne raison pour se suicider est la raison évidente et compréhensible au regard extérieur. Et la raison qui rend licite socialement le passage à l’acte est celle qui nous convainc que le concerné ne pouvait pas faire autrement.»
A.B.
19 février 2010 à 14 02 29 02292
Un cas toutes les 12 heures
En l’absence de statistiques officielles, nous nous référons exclusivement à la recherche faite par notre psychiatre, le Dr Mahmoud Boudarène. «Un suicide en Algérie toutes les 12 heures», rapportent certains quotidiens. Ce chiffre peut inquiéter, mais cela fait 728 décès par an. Rapporté à la population du pays (30 millions d’habitants environ) le taux est de 2,4/100 000 habitants.
Ce chiffre n’est pas officiel et il doit être en deçà de la réalité, relève le spécialiste.
«Le nombre de suicides doit certainement être plus important. Les rapports faits, ici et là, par les services qui traitent directement des cas de suicide à savoir la gendarmerie, les services de police, la protection civile, etc. ne possèdent pas les informations complètes et indispensables à un diagnostic précis du phénomène», précise-t-il. En France, il y a un suicide toutes les 40 minutes. Soit 12 000 suicides/an.
En moyenne, 20/100 000 habitants. La réalité du suicide chez nos voisins du Maghreb reste cependant méconnue. En Algérie, un taux de 3 à 4 suicides/100 000 habitants est officieusement avancé, lit-on dans l’article médical consacré à ce fléau par le dr Boudarène.
Dans le monde, il y a un suicide toutes les 40 secondes et une tentative de suicide toutes les trois secondes. Les hommes se tuent plus souvent, trois hommes pour une femme. Le taux est inverse en ce qui concerne les tentatives de suicide.
Autrement dit, «les femmes tentent de se suicider trois fois plus souvent que les hommes. Mais globalement, les tentatives de suicide sont 10 à 15 fois plus fréquentes que les suicides accomplis», révèle notre interlocuteur.
De son point de vue, le sujet de sexe féminin est moins exposé socialement à l’échec. C’est ainsi qu’il explique le fait que le phénomène soit moins observé chez la gent féminine.
La tentative de suicide concerne, selon lui, essentiellement la jeune fille. Comme on peut l’imaginer cela reflète une souffrance enfouie et un manque de communication certain au sein de la cellule familiale.
Il tient enfin à préciser que «la tentative de suicide n’a pas valeur de désir de mort. Encore que la mort peut être au bout de la tentative, en particulier quand il y a répétition et quand la détresse de la personne n’est pas entendue et n’est pas prise en charge».
A.B.
19 février 2010 à 14 02 29 02292
Ni la religion ni la société…
Constat n La foi, l’éducation et le «qu’en dira-t-on» ne constituent plus aujourd’hui un rempart solide contre cet acte tragique qu’est le suicide.
La dissimulation en mort accidentelle ou naturelle reste pour de nombreuses familles, accablées par le poids des traditions et de la religion, la seule échappatoire. Elle leur permet, en tout cas, d’éviter les stigmates entraînés par l’acte du membre suicidaire.
Pourtant, ce geste d’extrême violence n’engage que le suicidé qui, pour des raisons multiples, a décidé de mettre fin à une quelconque souffrance.
Il serait même illusoire de vouloir avancer des arguments pour justifier un tel acte, selon les spécialistes. «Chaque suicide est unique en son genre. Le suicidé avait mal dans sa vie et, à sa souffrance morale, il a préféré la mort», selon le sociologue Emile Durkheim. Si la plupart des cas signalés tiennent leur origine de troubles psychiques, d’autres sont directement liés à la misère et à tout ce qu’elle entraîne comme désillusions, sentiment d’injustice et comportements extrêmes. Mais le passage à cette ultime et triste solution peut aussi intervenir après un événement traumatisant comme le viol et les atteintes à l’honneur et à la dignité. Les dernières statistiques en date remontent à 2007 où il a été enregistré 177 suicides contre 169 en 2006 et 114 en 2005, selon les services de police.
Dans 70% des cas, le suicidé a choisi la pendaison pour mettre fin à ses jours. Viennent ensuite l’empoisonnement et les armes à feu et blanches. Ces données confirment, de toute évidence, le constat fait par de nombreux journaux selon lesquels le phénomène prend de l’ampleur.
Une lecture à laquelle adhèrent, d’ailleurs, de nombreux spécialistes qui parlent de chiffres en deçà de la réalité. «Les chiffres avancés ne sont certainement pas conformes à la réalité», selon le Dr Boudarène, auteur de plusieurs articles médicaux sur le suicide, la toxicomanie, la harga…Pour lui, «les seuls éléments chiffrés constants semblent être le ratio hommes-femmes, soit 3 pour 1 et l’âge de la population concernée par le passage à l’acte suicidaire qui se situe pour tous les rapports entre 18 et 40 ans.
Ces données sont conformes à celles qui sont rapportées à l’échelle internationale», affirme-t-il. Le mutisme observé chez les pouvoirs publics et l’absence de recherches et d’études en la matière a, en effet, laissé libre cours aux supputations et à un diagnostic aléatoire de la situation qui pourrait être bien plus grave qu’on ne le croit. Enfin, à la mémoire de toutes ces victimes de «la mort volontaire», Dr Boudarène écrit : «La bonne raison pour se suicider est la raison évidente et compréhensible au regard extérieur. Et la raison qui rend licite socialement le passage à l’acte est celle qui nous convainc que le concerné ne pouvait pas faire autrement.»
A.B.
19 février 2010 à 14 02 30 02302
Qui est concerné ?
n La tentative de suicide ou le suicide accompli sont le fait de personnes qui sont dans une grande détresse psychologique. Mais tout un chacun peut être concerné par l’idée ou le passage à l’acte suicidaire, selon le Dr Boudarène.
Cela peut être le fait, selon lui, d’une maladie mentale avérée ou du fait de très graves difficultés qui hypothèquent le destin personnel de l’individu. Et «parfois, ces deux éléments sont additionnés. Je pense en particulier aux sujets qui présentent, ce que nous appelons dans notre jargon, les «états dépressifs», notamment les états mélancoliques», explique-t-il.
Il s’agit de sujets qui «ont un violent désir de mourir du fait de la maladie qu’ils présentent et ces malades ne se ratent jamais quand ils veulent en finir», affirme notre psychiatre avant de rappeler le grand contingent des psychoses, en particulier les schizophrénies. Ces personnes passent, de l’avis du spécialiste, à l’acte de manière inattendue. Contrairement aux dépressions mélancoliques, «dans le cas de la psychose, il est impossible de prévoir de manière certaine ce qui peut arriver», a-t-il ajouté.
Pour compléter son explication, il fera remarquer que cela est aussi «valable pour le passage à l’acte auto-agressif, c’est-à-dire le suicide, mais aussi à celui hétéro-agressif, c’est-à-dire agressif vis-à-vis d’autrui. Se tuer ou tuer autrui est, dans ce cas, le résultat d’une organisation délirante». L’homicide ou le suicide vient énoncer un traumatisme jusque-là peu connu par l’environnement familial et professionnel de l’individu qui est la schizophrénie. «Le passage à l’acte est inaugural.
Il est immotivé et rien ne pouvait le prévoir et raisonnablement le justifier. C’est dans ces cas que l’incompréhension fait dire à la famille que le sujet était jusque-là normal et en bonne santé.
Ce qui est totalement faux», a précisé le Dr Boudarène.
A. B.
19 février 2010 à 14 02 31 02312
Causes et facteurs influents
Réflexion n «Chaque société est prédisposée à fournir un contingent déterminé de morts volontaires…»
Une réflexion qui laisse entendre, dit le Dr Boudarène, que le suicide existe bien en Algérie. Ils seraient même très nombreux, selon lui, à mettre fin à leurs jours car la situation du pays s’y prête bien en insistant sur le fait que les jeunes restent les plus concernés par ce fléau.
Pour cause, il évoque en premier lieu les pathologies mentales qui surviennent à un âge jeune. «La schizophrénie concerne d’abord le sujet jeune. Sur 100 personnes, une peut être concernée par la maladie en question. Ce taux passe à 10%, si un des parents en souffre et à 50% si les deux sont atteints par la maladie. A cela, il faudrait ajouter les ravages que font les mariages consanguins dans notre société», précise-t-il.
Ce dernier élément augmente dans l’absolu le nombre de sujets malades qui risquent de se suicider, affirme notre psychiatre. La population algérienne est constituée à 30% de jeunes de moins de 30 ans et la schizophrénie est essentiellement le fait de la tranche d’individus âgés de 14 à 30 ans. Il s’agit-là du deuxième facteur qui «rend encore plus important le nombre de sujets exposés à cette maladie et potentiellement candidats au suicide», dit-il en soulignant les autres pathologies mentales, en particulier celles dont l’évolution est émaillée de décompensations dépressives. Celles-ci ne font qu’amplifier le nombre de candidats au suicide «surtout quand viennent se greffer à ces désordres graves de la personnalité, des difficultés d’ordre social qui compromettent le destin individuel», rappelle le Dr Boudarène avant d’ajouter : «Chez les sujets malades, le passage à l’acte suicidaire est précipité par le handicap social surajouté qui les empêche de vivre en harmonie avec la communauté.»
La situation socio-économique des jeunes algériens est, dans la majorité des cas, très précaire. «Le travail, le logement, les loisirs, les voyages, pour ne citer que cela, sont des «privilèges» inaccessibles», dit-il. Soit autant de privations mises en relief par le spécialiste et qui ne font qu’augmenter le nombre des prétendants au suicide. «Ces fléaux sociaux constituent des passages à l’acte d’une extrême gravité qui concernent presque exclusivement le jeune citoyen. Une vie pénible et humiliante peut, en effet, amener l’individu à se donner la mort, à s’adonner à la drogue, ou à risquer sa vie dans un projet migratoire impossible», déplore l’orateur.
Ce passage à l’acte s’introduit dans l’esprit du sujet quand ce dernier, «en proie au mal être, rumine une existence marquée par des manques difficilement compatibles avec un minimum de dignité. Car il s’agit de cela», précise-t-il avant de conclure sur cette réflexion franche et édifiante : «Le suicide témoigne du désespoir d’un sujet qui a perdu l’initiative sur son existence et qui n’a, de toute évidence, pas d’autre solution pour s’extraire de sa détresse psychologique.»
A. B
19 février 2010 à 14 02 33 02332
Le Dr Mahmoud Boudarène* à InfoSoir
«La médecine ne soigne pas le malheur»
InfoSoir : Comment définir le suicide du point de vue psychiatrique ?
l Dr Boudarène : Il n’y a pas de définition psychiatrique du suicide. La définition est dans le sens étymologique du mot. Suicide signifie tout simplement le «meurtre de soi».
Il n’y a pas d’autre signification du mot. Encore que quelquefois, par pudeur je dirais, les psychiatres utilisent le terme d’autolyse pour parler du suicide ou de la tentative de suicide. Un vocable retrouvé surtout dans les dossiers hospitaliers des malades qui ont tenté de mettre fin à leurs jours.
Ce mot, autolyse, est soigneusement choisi pour éviter d’évoquer le suicide, pour éviter d’en parler parce que ce passage à l’acte est interdit, notamment pour des raisons sociologiques bien connues. Toutes les religions interdisent le suicide. Le suicidé «va en enfer» et jette la honte et l’opprobre sur sa famille.
C’est pourquoi le passage à l’acte suicidaire se produit moins souvent, du moins a priori, dans les sociétés où la religion a un poids important. Toutes les religions taisent le suicide, mais ne l’empêchent pas. Dans tous les cas, le suicide est socialement moins visible car quand il se produit, il est tu par les familles qui en sont frappées. C’est pourquoi il n’est pas toujours aisé pour les pouvoirs publics de prendre connaissance des cas de suicide et de les comptabiliser.
Peut-on décrire l’état mental d’une personne prête au suicide ?
l C’est une question difficile. L’état mental du sujet inscrit dans une logique suicidaire n’est pas toujours clairement perceptible. Dans la majorité des cas, une analyse psychologique très fine est nécessaire pour «détecter» les signes qui alertent. Cela ne peut être que le fait d’un professionnel, d’un psychiatre. Certaines maladies – comme celles que je viens de vous citer, la mélancolie ou la schizophrénie – sont de grandes pourvoyeuses de suicide, donc leur diagnostic permet déjà d’envisager ce risque.
Dans les autres cas, il faut rechercher le risque au cours de l’examen psychiatrique et c’est ce que nous faisons en posant les questions appropriées et notamment en allant chercher clairement les symptômes qui peuvent précipiter le passage à l’acte, comme une angoisse importante, des idées de culpabilité ou encore des idées délirantes qui peuvent être à l’origine d’un raptus anxieux… D’autres fois, il faut aller chercher le désir de mourir chez le sujet. Ce dernier peut manifester spontanément le dégoût de la vie et exprime alors, sans équivoque, son désir d’y mettre fin. Dans ces cas, les membres de la famille, les amis, les proches sont alertés et viennent voir le médecin.
Peut-on récupérer médicalement quelqu’un qui a tenté de se suicider ?
l Bien sûr. Il y a toujours possibilité de prendre en charge le sujet qui vient de tenter de mettre fin à ses jours. Le principe de base est de comprendre pourquoi un individu a décidé d’en finir avec la vie. Il y a toujours des raisons invoquées. Elles peuvent être franchement pathologiques et trouver alors une réponse axée essentiellement sur un programme thérapeutique adapté à la maladie. Je ne vais pas entrer volontairement dans les détails, mais ce programme doit nécessairement associer un accompagnement psychologique.
Si les raisons qui ont amené le sujet à cet acte ne s’inscrivent pas dans un contexte pathologique, la prise en charge peut s’avérer plus ardue parce que le manque de bonheur et la souffrance psychologique due à des causes sociales objectives ne trouvent pas toujours de solution dans un cabinet de psychiatre. La médecine ne soigne pas le malheur, quelles qu’en soient les causes, et n’a pas de solution à la détresse sociale.
Que faut-il faire après une tentative ?
l Cette question rejoint la précédente. Le but est d’amener la personne à ne pas recommencer. Ce qui veut dire qu’il faut décoder le message envoyé par la tentative de suicide, le faire savoir à la personne qui a fait ce geste d’une part et le faire comprendre à la famille et aux proches, d’autre part. Parce que ce geste a toujours une signification et qu’il est un moyen de communiquer quand les réseaux «habituels» de communication sont inopérants. Le rôle du médecin est de servir de médiateur entre le suicidant et son environnement social pour restaurer ce lien de communication et de compréhension. La tentative de suicide sera privée de son objet et ne sera plus indispensable. Mais est-il toujours possible de restaurer ces «canaux traditionnels» de communication entre ces sujets à risque et leur environnement familial, social, etc. ? Question à méditer.
A. B.
*Psychiatre
19 février 2010 à 14 02 37 02372
Une ville, une histoire
Si l’Algérie m’était contée (14e partie)
Par K. Noubi
Résumé de la 13e partie n Un roi, très attaché à sa fille, impose au premier prétendant qui se présente, une épreuve impossible.
Le prince apprend qu’il existe, au royaume de la jeune fille, un homme qui passe pour être le plus intelligent du pays. Il va le trouver et lui soumet son problème.
— Toi dont on loue l’intelligence, dis-moi ce que je dois faire pour parvenir au royaume du Grand Djinn ?
— Rien de plus facile pour moi !
— Alors tu veux me dire ce qu’il faut faire !
Je pourrai, mais j’ai une exigence à formuler !
Le prince sourit.
— Je te donnerai ce que tu voudras !
— Il te sera difficile de me satisfaire !
Le prince secoue la tête.
— Dis ce que tu veux !
— Je veux ton oreille !
Le prince le regarde, stupéfait.
— Mon oreille ?
— Oui, je veux que tu coupes ton oreille et que tu me la donnes !
— C’est absurde ! Demande-moi autre chose !
— Non, je veux ton oreille !
— Tu veux me mutiler !
— Je veux ton oreille !
Le prince, qui veut absolument avoir la princesse, lui tend l’oreille.
— Vas-y, coupe-là !
L’homme prend un couteau, coupe l’oreille et la met dans un coffre.
— Que veux-tu faire de mon oreille ?
— Ce n’est pas ton affaire !
Le prince hoche la tête.
— Tu as raison !
— Maintenant, je vais te dire comment parvenir au pays du Grand Djinn. Tu vas monter sur la cime de la montagne où niche le Grand Aigle. Tu ne le trouveras pas, car il sera parti à la chasse et comme le gibier est rare, il ne ramènera rien dans ses serres et il désespérera de nourrir ses oisillons ! Toi, prends de la viande, remplis son nid et cache-toi. L’aigle découvrira la viande et s’écriera :
«A celui qui me nourrit et qui nourrit mes petits, j’accorderai tout ce qu’il voudra !»
Le prince demande.
— Il pourra m’emmener au pays du Grand Djinn ?
— il t’emmènera où tu voudras !
Le prince hoche la tête.
— J’espère que je parviendrai au jardin du Djinn et que j’apporterai la pomme que le roi exige. Il pourra alors m’accorder sa fille ! (à suivre…)
K. N.
19 février 2010 à 14 02 39 02392
Ainsi va la vie
La fille de l’étrangère (14e partie)
Par K. Yerbi
Résumé de la 13e partie n Nadir est heureux de parler à sa mère et à ses sœurs, de sa fiancée. Il doit annoncer son mariage à la famille, en soirée.
Les quatre familles qui partagent la maison, vivent à part, mais pour le retour de Nadir, Zoulikha a invité tout le monde à dîner.
Il y a, outre les deux oncles, Kaci et Zoubir, leur femme, Ghania et Saliha, leurs enfants, ainsi que la cousine Djazia et sa fille Souad.
Tout le monde est à table, sauf la cousine Djazia et sa fille.
—que font-elles ? se demande Zoulikha.
Saliha lui chuchote.
— c’est Souad qui doit se pomponner !
— se pomponner ? Mais pourquoi ?
— tu n’as pas compris ? C’est pour Nadir !
Zoulikha fronce les sourcils. Saliha rit sous cape.
— quoi, Nadir ?
— peut-être qu’elle attend…
— elle attend quoi ?
— qu’il la demande en mariage !
Zoulikha la repousse du coude.
— tu es folle !
— quoi ? Tu n’es pas au courant ? demande Saliha.
— qu’est-ce qu’il y a encore ? dit Zoulikha, irritée.
— Djazia répète partout que sa fille va épouser Nadir !
— Quel toupet !
Elle a parlé à voix haute. Tout le monde la regarde.
— excusez-moi !
Elle s’adresse de nouveau à Saliha.
— on complote derrière mon dos, et chez moi !
— je te rapporte ce qui se dit !
— cette Djazia et sa fille auront une belle surprise !
Saliha murmure inquiète.
— tu ne diras pas que tu tiens l’information de
moi ! Mon mari va me tuer !
— ne t’inquiète pas, je ne dirai rien !
A table, on attend toujours la cousine et sa fille.
—que font-elles ? demande Kaci.
— peut-être qu’elles ne sont pas au courant, dit Zoubir.
— je les ai invitées, dit Zoulikha.
On s’adresse à un petit garçon.
— Amine, va les chercher !
Le petit garçon se lève.
— ce ne sera pas nécessaire, dit Zoulikha.
En effet, les deux femmes viennent de faire leur entrée. Et quelle entrée ! (à suivre…)
K. Y.
19 février 2010 à 14 02 40 02402
Au coin de la cheminée
Zalgoum (6e partie)
Résumé de la 5e partie n Les jeunes filles du royaume – jalouses de Zalgoum -essaient, par tous les moyens, de faire découvrir au prince qu’il lui manque une main…
Zalgoum lui jeta un plein écheveau et l’oiseau partit à tire-d’aile. Il alla droit vers la maison où le frère continuait de geindre dans son coin, et se posa sur le toit : la blanche main de Zalgoum était desséchée, mais elle était toujours là. La corneille la prit dans son bec et, aussi vite qu’elle était partie, s’en revint ; en chemin elle cueillit dans un pré l’herbe de guérison, d’une maison elle emporta un fil d’or. Elle fut bientôt de retour.
— Donne-moi ton bras, dit-elle à Zalgoum.
Elle adapta au moignon la main desséchée, la cousit avec le fil d’or et, quand le travail fut terminé, frotta la jointure avec l’herbe de guérison. Les doigts aussitôt recommencèrent à bouger, d’abord à peine, puis de plus en plus aisément. En même temps la main reprenait son volume, la peau sa belle teinte rose et blanc. A la fin Zalgoum tendit le bras : il parut entier, comme si on ne l’avait jamais amputé de la main. Elle se mit à l’ouvrage aussitôt, travaillant jour et nuit, pour finir avant les autres femmes. Elle eut bientôt terminé et exhiba un superbe manteau, que le fils du roi préféra à tous les autres.
Les femmes, dépitées, ne dirent rien, mais quelle ne fut pas leur stupéfaction quand, montant chez la jeune femme pour voir comment elle s’y était prise, elles la trouvèrent cette fois avec ses deux mains.
Le prince fit alors publier qu’il allait célébrer son mariage et convia aux cérémonies la foule de ses sujets. Les fêtes furent splendides et durèrent sept jours et sept nuits. Par la suite, Zalgoum eut deux garçons. Elle leur prodiguait tous ses soins et les préparait à succéder à leur père.
Quand ils furent grands, ils allèrent un jour trouver leur mère et lui demandèrent pourquoi elle ne les conduisait jamais chez ses parents à elle, et Zalgoum, qui, jusque-là, trop occupée par son nouveau rôle, avait oublié son frère, se mit à se ressouvenir de lui. Elle pensa à la malédiction qu’elle avait un jour lancée et se demanda si elle avait été suivie d’effet. Avec les années son ressentiment s’était usé. Aussi répondit-elle à ses enfants que, si leur père le leur permettait, ils allaient partir dès le lendemain. Les enfants, au comble de la joie, allèrent demander l’autorisation du prince.
— Chez vos grands-parents ? dit celui-ci, mais vous n’en avez pas : j’ai tiré votre mère d’une grotte.
— Laisse-nous seulement partir : notre mère sait où sont nos grands-parents.
Le prince finit par céder et Zalgoum commença les préparatifs du voyage. Elle prit deux couffins, emplit l’un de son et l’autre de pièces d’or, puis, sur les habits princiers de ses enfants, jeta de laides guenilles.
— Pourquoi ? se plaignirent les garçons ; nous voulons nous présenter dans nos beaux habits chez nos grands-parents.
— La route est longue, dit Zalgoum, les poussières du chemin risquent de salir vos beaux habits, et puis nous pouvons rencontrer des bandits, qui voudront nous attaquer s’ils nous voient trop richement habillés. Aussi nous allons faire semblant d’être des mendiants et c’est comme cela que nous allons d’abord nous présenter devant mes parents, car je ne sais pas s’ils se souviennent encore de moi. (à suivre…)
Contes berbères de Kabylie Mouloud Mammeri
19 février 2010 à 14 02 41 02412
Histoires vraies
L’Ogre du Bengale (11e partie et fin)
Résumé de la 10e partie n Le gouverneur Decaen, jaloux de Surcouf, réquisitionne le «Revenant» pour en faire un navire de guerre. Quelques mois après, il est coulé…
Après ses démêlés avec le gouverneur, Surcouf quitte l’île de France : il n’y reviendra jamais. Son retour est encore une fois mouvementé. Il n’échappe que de peu aux Anglais avec sa précieuse cargaison. Il arrive quand même à Saint-Malo en février 1809, et c’est, pour lui, le début d’une nouvelle existence celle d’un richissime homme d’affaires. Car sa fortune est immense. Il est devenu, au propre comme au figuré, le plus gros armateur de Saint-Malo. Non seulement, il a une véritable flotte, mais il possède ses propres chantiers navals et sa science de marin en fait un ingénieur hors pair.
Il est nommé baron. Les bruits les plus fous courent sur sa fortune. Il achète près de Saint-Servan le château de Riaucourt, dont le domaine est aussi grand que la ville de Saint-Malo, et une autre propriété, près de Coutances, en Normandie. Ne dit-on pas qu’il a tant de napoléons qu’il en a pavé son salon ? En l’apprenant, l’Empereur, dont il est devenu l’un des familiers, lui aurait dit :
— Je t’interdis de marcher sur ma figure. Mets tes pièces sur la tranche !
La chute de l’Empire sonne le glas de ses honneurs. Au traité de Paris, l’île de France redevient l’île Maurice : sa chère île de France est désormais anglaise. Il décide de tourner définitivement la page et demande à être rayé du contrôle de navigation : il ne remettra plus jamais les pieds sur un bateau. Il a quarante-quatre ans.
Cela ne l’empêche pas de garder son caractère bouillant et ses extraordinaires qualités de combattant. Après la défaite de Napoléon, la France est occupée par les armées étrangères. Fidèle au souvenir de l’Empereur, il déteste les occupants.
En 1817, dans une auberge, il se prend de querelle avec douze officiers prussiens. Il les tient en respect avec une queue de billard et les défie au sabre les uns après les autres. Il tue les onze premiers et fait grâce au douzième pour qu’il puisse raconter l’histoire.
Les dernières années de sa vie sont assombries par la mort de Napoléon et surtout par celle de son fils Édouard en 1823, à l’âge de treize ans. Au printemps 1827, alors qu’il a cinquante-trois ans, un violent malaise l’oblige à prendre le lit. Il se fait transporter à Riaucourt où il veut mourir. Il endure pendant plusieurs mois un mal terriblement douloureux, peut-être un cancer de l’estomac. Le 8 juillet, il meurt entouré des siens, en adressant à Marie-Catherine ses dernières paroles :
— Ma bien-aimée…
Ses funérailles sont grandioses. Sa dépouille mortelle prend la mer de Saint-Servan à Saint-Malo, escortée de trente navires convoyant le clergé et les troupes. Tous les bateaux en rade saluent en levant leurs rames l’illustre marin, qui sera inhumé sous une modeste tombe de granit dont l’épitaphe rappelle ses combats.
Cette modestie ne change rien. Ce sont bien les corsaires qui ont inscrit les pages les plus glorieuses de la marine française, et c’est sans nul doute Surcouf qui a été le premier d’entre eux.
D’après Pierre Bellemare
19 février 2010 à 14 02 49 02492
Licencié pour avoir grogné comme un cochon
l Un journaliste vedette de la première chaîne de télévision tchèque, Nova, a été licencié, hier, lundi, pour avoir diffusé sur son blog une vidéo dans laquelle il grogne comme un cochon, en référence à l’actuelle épidémie de grippe porcine. Dans cette vidéo tournée dans la salle de rédaction de Nova, le reporter, Jiri Dlabaja, interroge cinq de ses collègues pour savoir sur quoi ils travaillent, avec pour réponse… un grognement et une grimace. A la fin de la brève séquence, l’auteur émet le grognement le plus sonore de tous en se filmant. Le directeur de Nova a estimé que la plaisanterie qui s’est propagée sur Internet représentait une «grave violation des normes internes» de la chaîne privée. «Comme cette vidéo a été tournée pendant les heures de travail et dans les espaces de la salle de rédaction, nous avons opté pour une solution énergique», a-t-il affirmé, dans un communiqué.
19 février 2010 à 14 02 51 02512
Turquie : noces sanglantes
Quarante-quatre personnes, dont six enfants et seize femmes, ont été tuées hier, lundi, dans une fusillade lors d’un mariage célébré dans un village du sud-est de la Turquie à majorité kurde. Des témoins ont raconté que quatre hommes masqués, venant chacun d’une direction différente, ont lancé des grenades avant d’ouvrir le feu sur l’assistance, peu après qu’un imam eut conduit la cérémonie religieuse. Les assaillants ont ensuite investi plusieurs maisons, en continuant à tirer. Une jeune femme de 19 ans ayant survécu, a affirmé que les assaillants avaient rassemblé des femmes et des enfants dans une pièce d’une des maisons avant de les mitrailler. La plupart des victimes de la tuerie sont des femmes et des enfants. Les jeunes fiancés figurent parmi elles. L’armée a immédiatement bouclé la zone et lancé une importante chasse à l’homme. Ainsi, huit assaillants ont été arrêtés en possession de leurs armes, a annoncé le ministre turc de l’Intérieur. Et d’écarter l’hypothèse d’une «attaque terroriste», en référence aux séparatistes kurdes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), actifs dans cette région. Selon les premiers éléments de l’enquête, le drame aurait été provoqué par un différend entre les habitants du petit village de Bilge, près de la ville de Mardin.
19 février 2010 à 15 03 19 02192
Une ville, une histoire
Si l’Algérie m’était contée (15e partie)
Par K. Noubi
Résumé de la 14e partie : Pour parvenir au Jardin du Grand Djinn et cueillir la pomme que le roi exige de lui, pour lui donner sa fille, le prince-prétendant reçoit des conseils d’un homme intelligent.Suite…
Il fait comme il lui a été dit. Il monte jusqu’au sommet de la montagne et là, il découvre un nid d’aigle. Des oisillons affamés poussent des cris. Le prince leur jette des quartiers de viande, ils mangent à satiété et laissent de côté le reste. Puis, le prince se cache derrière un rocher.
Peu après l’aigle arrive. C’est un oiseau géant, aux serres et aux ailes puissantes. En déployant ses ailes, il recouvre de son ombre une partie de la montagne. Il n’a rien apporté, mais, en s’approchant de son nid, il aperçoit ses aiglons rassasiés et il aperçoit surtout les quartiers de viande. Il se jette aussitôt dessus et se repaît.
Une fois repu, il s’écrie :
«Qui a nourri mes petits et m’a nourri ? Je satisferai tous ses désirs, même s’il me demande de le conduire au royaume du Grand Djinn, situé au-dessus des sept mers !
Le prince sort aussitôt de sa cachette.
— C’est moi !
L’aigle le regarde de son œil perçant.
— Alors, je réaliserai ton désir le plus cher !
— Je veux que tu me conduises au royaume du Grand Djinn !
L’aigle s’écrie.
— Que veux-tu faire au royaume du Grand Djinn ?
— Je veux cueillir une pomme dans son jardin !
— Tu sais que s’il te découvre, dans son jardin, il t’avalera !
— Je ferai en sorte qu’il ne me découvre pas !
L’aigle hoche la tête.
— Puisque tel est ton désir !
Il sort de son nid.
— Saute sur mon dos !
Le prince obéit. L’aigle prend aussitôt son envol. Le voyage dure plusieurs jours et plusieurs nuits. L’aigle traverse sept mers, puis survole une île.
— Voici le royaume du Grand Djinn ! Mais je te conseille de ne t’y aventurer que la nuit… Le jour, des milliers de djinns gardent le jardin !
Le prince doit donc patienter jusqu’à la tombée de la nuit. Une fois que l’obscurité est là, l’aigle le dépose au beau milieu du jardin :
«Je t’attendrai ici, va, cueille ta pomme et rejoins-moi vite… Il ne fait pas bon s’attarder dans ces lieux !» Le prince pénètre dans le jardin où se trouvent des centaines d’arbres fruitiers. Il choisit un pommier, cueille un fruit et retourne sur ses pas. C’est alors qu’une cohorte de djinns découvre sa présence. Les djinns se lancent aussitôt à sa poursuite et sont sur le point de le rattraper. Mais l’aigle vient à sa rencontre et de ses serres le saisit et l’enlève.
Le retour dure plusieurs jours. L’aigle dépose le prince qui va aussitôt remettre la pomme au roi.
«J’admire ton courage, mais je dois encore réfléchir, avant de t’accorder la main de ma fille.» (à suivre…)
K. N
19 février 2010 à 15 03 20 02202
Ainsi va la vie
La fille de l’étrangère (15e partie)
Par K. Yerbi
Résumé de la 14e partie n Pour le retour de Nadir et pour fêter son mastère, Zoulikha a invité à dîner la famille, les parents (les oncles, la cousine et sa fille) qui vivent avec eux.
La cousine s’est changée, mais c’est sa fille, Souad, qui s’est parée, comme pour une fête : robe de soirée, cheveux tirés, bijoux…
— bonjour, dit la cousine Djazia.
Elle s’approche de Nadir et l’embrasse.
— félicitations, pour ton mastère, mon fils. Et bienvenue parmi nous !
Souad, qui se sent regardée, rougit et ne dit rien.
— va faire la bise à ton cousin, lui dit sa mère.
Elle obéit, évitant de lever les yeux vers Nadir, qui est tout aussi embarrassé qu’elle. C’est que tous les regards le fixent, y compris ceux de sa mère et de ses sœurs.
Djazia et Souad s’assoient. Il s’ensuit un silence, que l’oncle Kaci rompt en s’exclamant :
— nous sommes heureux de féliciter Nadir pour son diplôme !
Et Zoubir d’enchaîner :
— c’est le plus important diplôme de la famille !
L’oncle fait la morale aux enfants présents.
— votre cousin vient de donner l’exemple ! Il faudra l’imiter et faire comme lui !
Nadir est confus.
— Nous sommes fiers de toi ! Ah, si ton père pouvait être parmi nous !
Zoulikha écrase une larme. Nadir est ému.
— je vous remercie, tous !
Ghania, la femme de Zoubir, s’exclame.
— l’exil, c’est fini maintenant !
Nadir sourit.
— quoi, tu ne dis pas non ?
— tu ne vas pas retourner en France ? dit Saliha, la femme de Kaci.
— si, ma tante !
— Mais juste pour régler quelques affaires !
Nadir regarde sa mère : c’est sans doute le moment d’apprendre à la famille qu’il va se marier, et que le prochain voyage, ce sera pour chercher sa femme.
— euh, oui, dit-il.
Sa mère le pousse du coude et murmure.
— Allez, vas-y, fais l’annonce…
— après, dit-il.
En réalité, il est intimidé par la cousine Djazia et sa fille.
— fais-le, insiste sa mère.
— après…
Comme elle voit qu’il ne se décide pas, elle se résout à le faire à sa place.
— Eh bien, j’ai une nouvelle à vous annoncer
Tout le monde la regarde.
— Nadir va se marier. (à suivre…)
K. Y.
19 février 2010 à 15 03 22 02222
Au coin de la cheminée
Zalgoum (7e partie)
Résumé de la 6e partie n Les deux garçons que Zalgoum a eus avec le prince, veulent connaître leurs grands-parents maternels…
Ils marchèrent longtemps jusqu’à ce que Zalgoum reconnût le pays de ses parents. Elle se rendit d’abord chez une femme du village, qui, jadis, l’aimait par-dessus tout. Elle se fit reconnaître d’elle, puis lui confia ses enfants :
— Vous allez rester là, leur dit-elle, jusqu’à ce que je revienne, puis, si vos grands-parents me reconnaissent, je reviendrai vous chercher. Elle prit ses deux couffins et se dirigea droit vers la maison, qu’elle avait quittée il y avait si longtemps de cela. Elle fit sa voix dolente :
— Pour l’amour de Dieu, cria-t-elle de la porte.
De l’intérieur une voix dit :
— Va ton chemin, mendiante, et que Dieu te vienne en aide.
C’était une voix de femme : le frère était donc marié.
— Pour l’amour de Dieu, répéta Zalgoum, donnez-moi n’importe quoi, car je meurs de faim.
La porte s’ouvrit, un petit enfant apporta un tout petit peu de couscous dans le fond d’une écuelle de bois.
— Dieu vous le rendra, dit Zalgoum.
En même temps elle jetait un regard ardent à l’intérieur de la pièce. Ce qu’elle vit la bouleversa : dans un coin, près du feu, un homme, son frère certainement, était couché sur une méchante natte de peau de mouton et geignait. Un de ses genoux, enflé, avait pris des proportions énormes. Le frère avait vieilli, maigri ; ses yeux fiévreux étaient enfoncés dans leurs orbites… lui, jadis si beau et qui parcourait à cheval les coins les plus perdus de la forêt ! Dans la pièce il n’y avait que le malade et sa femme : Zalgoum en conclut que ses parents étaient morts. Le cœur de Zalgoum s’émut :
— De quoi souffre ce pauvre homme ? demanda-t-elle.
— Une épine lui est entrée dans le genou il y a de cela plusieurs années, dit la belle-sœur.
— Pourquoi ne l’enlevez-vous pas ?
— Nous avons tout essayé. Nous avons consulté plus de dix clercs, fait venir plusieurs guérisseurs…
— Si vous le voulez, dit Zalgoum, je puis essayer moi aussi.
— Avant toi des dizaines d’hommes parmi les plus habiles l’ont tenté, personne n’a pu enlever l’épine, et toi, pauvre mendiante du bord du chemin, tu veux réussir ?
Le malade intervint :
— Laisse la mendiante essayer, ce n’en fera jamais qu’une de plus, mais, mendiante, je te préviens, une foule d’hommes plus savants et plus adroits que toi s’y sont essayés en vain. Tu en seras pour ta courte honte. Tâche au moins de ne pas me faire souffrir, Zalgoum s’entoura le visage d’un pan de ses voiles sales et approcha. (à suivre…)
Contes berbères de Kabylie Mouloud Mammeri
19 février 2010 à 15 03 23 02232
Histoires vraies
Le magicien de Madagascar (1re partie)
En ce mois de juin 1886, Marius Cazeneuve prend quelque repos dans l’île de la Réunion. C’est un habitué des voyages à quarante-sept ans, il a déjà fait quatre fois le tour du monde. Et, s’il dispose de l’argent nécessaire pour de pareils déplacements, ce n’est pas parce qu’il est industriel ou grand propriétaire, Marius Cazeneuve est un artiste, mais pas n’importe lequel, c’est le plus grand prestidigitateur de son temps.
Né à Toulouse en 1839, il est l’élève de Robert Houdin et il débute très tôt dans la profession, puisqu’il donne sa première représentation à seize ans. Ses dons lui valent un succès fulgurant. En 1863, il se produit devant l’empereur Napoléon III et les tours auxquels il se livre sont si extraordinaires que, longtemps après, la cour en parle encore.
Par exemple, il montre un jeu de cartes au souverain.
— Pensez à une carte, Majesté, et cherchez-la. Vous ne la trouverez pas.
Le souverain s’exécute.
— C’était le valet de trèfle. Il a effectivement disparu. Où est-il ?
— Où vous voudrez. Dites un endroit.
Napoléon III désigne le grand lustre du salon.
— Dans la chandelle du fond… Celle-là.
Un domestique prend un escabeau et va regarder l’endroit désigné : le valet de trèfle est là !
Après Napoléon III, Marius Cazeneuve se produit devant le tsar et, en 1870, devant le roi d’Italie Victor-Emmanuel. Il rentre, d’ailleurs, précipitamment en France, car la guerre vient d’éclater et il veut absolument se battre. Marius Cazeneuve n’est pas seulement un grand artiste, il est aussi patriote et courageux et il le prouve, puisque sa bravoure lui vaut d’être cité à l’ordre de l’armée.
Après les hostilités, il continue sa carrière de manière tout aussi brillante. Durant deux ans, de 1876 à 1878, il fait une tournée triomphale en Amérique. Il est considéré désormais comme le plus grand prestidigitateur du monde, certains disent même de tous les temps.
Indépendamment de ses dons d’illusionniste, il a des idées bien arrêtées. Il est résolument libre penseur. Il combat ceux qui présentent la magie comme provenant du surnaturel. Son métier, affirme-t-il, n’est fait que de procédés, de trucs, même si, bien sûr, comme tous ses confrères, il ne les dévoilera jamais. C’est à ce titre que le ministre de l’Instruction publique l’engage dans la lutte pour la laïcité en lui faisant faire une conférence antispirite à la Sorbonne.
Et, en cette année 1886, Marius Cazeneuve, qui est toujours aussi patriote, est très préoccupé par la situation de Madagascar. La grande île n’est pas très loin de la Réunion et il a une idée : aider les autorités françaises grâce à ses talents. Elle ne vient d’ailleurs pas de lui, mais de son maître Robert Houdin, qui avait joué un rôle semblable, quelques dizaines d’années auparavant, dans la conquête de l’Algérie.
Il écrit au résident général, M. Le Myre de Vilers : «On dit que la reine Ranavalo est passionnée de magie. Laissez-moi venir à Madagascar pour lui montrer quelques tours qu’elle n’oubliera jamais. Je pense pouvoir agir sur son esprit et la disposer favorablement envers la France.»
La situation à Madagascar est effectivement préoccupante. Nous sommes en pleine période de colonisation et, comme dans beaucoup d’autres endroits du monde, les Français et les Anglais s’affrontent pour la conquête du pays. Les Français sont de loin partis les premiers, puisque leur présence remonte au XVIIe siècle. C’est Richelieu qui a fondé le premier comptoir, Port-Dauphin, dans le sud de l’île. Mais les Anglais se sont manifestés à leur tour, par la présence de missionnaires protestants de plus en plus nombreux. (à suivre…)
D’après Pierre Bellemare
19 février 2010 à 15 03 32 02322
Téléphone portable
Une arme à double tranchant
Par Aziz Zamèche
Considéré comme un luxe dans les premières années de son introduction en Algérie, le téléphone portable est devenu à la portée de tout le monde. Il faut reconnaître que la concurrence en matière de prix et de services y est pour beaucoup dans cette démocratisation. Depuis plus de cinq ans, donc, presque tous les Algériens sont équipés d’un portable. 29 millions selon les dernières statistiques récentes. Cette merveille de la technologie de communication est aussi largement utilisée par les adolescents et même par les enfants pour communiquer avec leurs camarades, proches et amis mais aussi pour se défouler et s’amuser. Et c’est précisément ce besoin légitime qui a été abusivement utilisé par la nouvelle génération à d’autres fins. Toutes les règles du jeu ont changé. Les tabous ont été brisés, les traditions bafouées et les repères occultés. Sur le portable, tout circule en toute facilité et sans limites ni contrôle : sexe, violence, insultes, propagande, menaces, mensonges… Une réalité qui a créé des désagréments sur les plans social, culturel et moral.
A. Z.
19 février 2010 à 15 03 33 02332
Pour la rumeur et la propagande
Danger n Le portable, entre les mains de gens malintentionnés, peut détruire la vie d’une personne, séparer un couple, briser la carrière d’un footballeur…
Les rumeurs sont distillées aussi sur le portable. L’affaire qui a défrayé la chronique, il y a quelques semaines, sur la prétendue mort de la chanteuse kabyle, Chérifa, en est un parfait exemple.
Cette information mensongère a ému toute la famille de l’artiste. En fait, l’origine de cette rumeur était un message envoyé par un autre artiste qui pouvait avoir agi innocemment ou non. La rumeur de la mort de Chérifa a donc fait le tour du pays grâce justement au téléphone portable.
Mais le mobile est aussi utilisé pour semer la zizanie entre les amis, les proches, les commerçants, les couples… Le procédé est simple : on envoie un SMS à quelqu’un, et, selon l’intérêt que suscite l’intox ou le mensonge, le message est diffusé à maintes reprises et atterrit chez plusieurs personnes. Chez nous, ce procédé est surtout utilisé dans le monde du football.
Quand un joueur est mal vu par les supporters ou par ses dirigeants, certains supporters, souvent manipulés par les commanditaires, passent à l’acte. Ils diffusent une rumeur sur un joueur qui sera sue par tous les autres supporters joueurs et proches. Une «machination» qui peut constituer un véritable danger pour la personne concernée.
De nombreux joueurs et entraîneurs ont été agressés dans l’enceinte ou hors du stade par des supporters chauffés à blanc ou rémunérés.
Le même procédé est aussi utilisé dans le monde de la chanson, notamment dans les milieux du raï où on «lâche» des rumeurs comme, par exemple, cet artiste a été vu dans tel ou tel lieu peu recommandable ou cette vedette de la chanson a «volé» le texte d’une chanson, etc. Souvent, cela commence par un simple message sur le téléphone portable…
Le portable sert aussi à la diffusion des idées politiques et à la persuasion idéologique. Récemment, le ministère de l’Intérieur, dans le souci d’assurer une participation appréciable à l’élection présidentielle, a eu l’idée d’envoyer des millions de SMS incitant les citoyens à aller voter.
Une première peut-être dans le monde.
Par ailleurs, des SMS ont circulé, faisant l’éloge de certains candidats à l’investiture présidentielle… et ils sont nombreux les groupes politiques, idéologiques ou religieux qui ont recours à ce moyen pour diffuser des idées…
A.Z.
19 février 2010 à 15 03 34 02342
Pas seulement chez nous !
Les collégiens et lycéens japonais, surtout les filles, ne s’imaginent plus vivre sans leur sacro-saint téléphone portable, un objet qu’ils utilisent pour échanger quotidiennement des dizaines de courriers électroniques. Selon une enquête réalisée par l’institut de recherches Fujitsu pour le compte du gouvernement auprès de quelque 10 500 enfants dans tout le pays, 95,9% des lycéens, 45,9% des collégiens et 24,7% des écoliers du primaire possèdent leur propre téléphone portable. Dans tous les cas, le nombre des filles possédant des portables est nettement supérieur à celui des garçons, les Nippones se montrant, dès leur plus jeune âge, des fanatiques de la communication orale et écrite, pas rebutées, au contraire, par les nouvelles technologies. La plupart des écoliers déclarent avoir reçu un portable de leurs parents, qui se disent rassurés de pouvoir contacter leurs chérubins à tout moment. Les collégiens et lycéens, en revanche, possèdent un portable, d’abord «parce que les amis en ont un» ou parce qu’ils pensent que cet objet «rend la vie plus agréable».L’enquête montre que ces adolescents téléphonent très peu, mais échangent essentiellement des messages écrits, lesquels sont de véritables e-mails décorés, tapés avec une dextérité troublante, et non des SMS. Plus de 40% des collégiens et lycéens affirment expédier entre 10 et 50 e-mails par jour, et près de 20% entre 50 et 100. On les voit à proximité des établissements scolaires, dans les transports en commun, déambulant dans les rues, assis sur un banc pour grignoter, les yeux rivés sur l’écran de leur mobile sur lequel le pouce s’agite à une vitesse étonnante.
Sources : AFP
Les services de sécurité impuissants n La loi est très claire. Elle punit toute production ou mise en circulation d’images portant atteinte aux mœurs. Mais il faut reconnaître, cependant, que le travail des services de sécurité est très difficile dans ce domaine. «Aucune loi ne nous autorise à vérifier ou à fouiller le contenu des portables des gens», souligne un policier au commissariat de Chéraga (Alger). Ce dernier assimile un tel procédé au non-respect des libertés individuelles et de la vie privée. «Il n’y a qu’un seul cas où nous pouvons intervenir et agir, c’est quand une personne dépose plainte pour une atteinte aux mœurs (viol, pédophilie, attouchements…). Et même dans ce cas, il faut que le plaignant ait des preuves, reconnaisse des personnes suspectes ou impliquées…», ajoute notre interlocuteur.
A. Z.
19 février 2010 à 15 03 35 02352
Danger pour la santé : la part de vérité
Depuis des années, on ne parle plus que des dangers du téléphone portable pour la santé. Périodiquement, des informations et des précautions à prendre sont diffusées sur Internet et dans les médias à travers le monde sur le sujet. Un appel a même été lancé par un groupe de scientifiques. Voici les extraits publiés dans un journal français d’un entretien avec un grand spécialiste (français), sur la réalité de ces informations :
Quels sont les arguments scientifiques qui tendraient à prouver les dangers des ondes des téléphones portables ?
Il s’agit d’un faisceau d’arguments que nous avons énoncé dans notre appel :
1) Les rayonnements électromagnétiques des téléphones portables pénètrent le corps, et en particulier le cerveau, et encore plus chez les enfants
2) Leurs effets biologiques néfastes sont avérés. En particulier l’augmentation de la perméabilité de la barrière hémato-encéphalique, et l’expression des protéines de stress dans les cellules.
3) Les études existantes selon lesquelles «aucune preuve de nocivité n’existe chez l’homme», ont porté sur des durées insuffisantes pour conclure à quoi que ce soit. Les mêmes études auraient été incapables de mettre en évidence le lien entre le fait de fumer un paquet de cigarettes par jour et le risque de cancer du poumon.
4) Les rares études récentes qui ont suivi des personnes utilisant leur téléphone portable plus de deux heures par semaine pendant plus de dix ans observent, elles, un risque de tumeurs accru. Il serait de l’ordre de deux fois le risque d’un non-utilisateur.
On a donc toutes les raisons d’être inquiet et de préconiser des mesures préventives, d’autant plus que celles-ci n’empêchent pas l’utilisation d’un téléphone portable. Elles en guident simplement les modalités pour que celles-ci se fassent en sécurité (…)
Un moyen de chahut dans les classes l Dans les écoles, certains élèves perturbateurs utilisent leurs portables pour déranger leurs enseignants et leurs camarades. Ces «élèves trouble-fêtes» sont devenus de véritables bêtes noires pour leurs enseignants et leurs camarades. Une tendance qui prend de plus en plus d’ampleur. En effet, à l’école, ce petit bijou de la technologie de communication est devenu un moyen pour perturber le bon déroulement des cours.
A. Z.
19 février 2010 à 15 03 37 02372
Une ville, une histoire
Si l’Algérie m’était contée (16e partie)
Par K. Noubi
Résumé de la 15e partie n Le prince qui veut épouser la fille du roi a réalisé l’exploit qui lui a été demandé. Mais le roi veut réfléchir avant de prendre une autre décision.
En réalité, c’est qu’un autre prétendant s’est présenté. Il est également prince et il veut épouser la fille du roi.
— Je veux bien te donner ma fille, mais je vais exiger de toi l’impossible !
Le prince sourit.
— Tout ce que tu demanderas, je le réaliserai !
— Alors, dit le roi, je veux que tu me ramènes un fardeau de bois…
Le prince rit.
— C’est tout ce que tu demandes, ô roi ?
— Je veux que tu ramènes le fagot sur le dos d’un lion ! Quel meilleur hommage que celui du Roi des animaux s’humiliant devant moi ?
Le prince est atterré.
— Ce que tu me demandes là, relève du domaine de l’impossible !
— Je te l’ai dit, mais c’est ma condition pour t’accorder la main de ma fille !
Le prince s’en va. Oui, ce que le roi lui a demandé, relève de l’impossible, mais il est épris de la belle princesse et il voudrait l’épouser !
C’est ainsi que, comme le premier prétendant, il entend parler du jeune homme intelligent. Il va le retrouver et lui raconte son histoire.
— On m’a dit que tu sais résoudre les problèmes les plus épineux. Veux-tu résoudre le mien ? Je saurai te récompenser !
— Tout ce que je veux, c’est ton oreille !
— Mon oreille ? Mais pour quoi faire ?
— Si tu veux que je te conseille, donne-moi ton oreille !
— D’accord, mais dis-moi comment faire pour satisfaire le roi !
Il coupe son oreille et la remet à l’homme.
— Voilà comment tu dois faire : rends-toi à la montagne, tu trouveras la caverne d’un lion, égorge un mouton bien gras et pose-le à l’entrée. Le fauve rentrera affamée et trouvera de quoi faire bombance. Chaque jour, renouvelle l’opération pendant six jours. A la fin, le lion acceptera, pour te remercier, de faire tout ce que tu voudras. Alors, tu lui diras de t’accompagner chez le roi, avec un fagot sur le dos.
Le prince se rend dans la montagne et fait comme l’homme intelligent lui a dit. A la fin, le lion s’écrie :
— Quel est l’homme généreux qui nourrit ainsi le Roi des animaux ? Je jure solennellement que je ferai tout ce qu’il me demandera !
Alors le prince sort de sa cachette.
— C’est moi, et je voudrai que tu m’accompagnes chez le roi, avec un fagot sur le dos !
Le lion rugit.
— Tu me demandes de m’humilier devant un autre roi, mon égal. Mais comme j’ai prêté serment, j’accepte !
Et le lion accompagne le prince, avec son fagot sur le dos.
«Tu as réalisé un exploit. Mais je dois encore réfléchir avant de t’accorder la main de ma fille.» (à suivre…)
K. N.
19 février 2010 à 15 03 38 02382
Ecriture féminine
Combat de sang, combat de plume
l Des écrivaines venues de plusieurs pays arabes participent à un colloque sur l’écriture féminine en relation avec la condition des femmes dans les sociétés arabes. Cette rencontre de deux jours, première du genre, se déroule depuis hier, mercredi, à l’Institut national supérieur de la musique d’Alger, et ce, à l’initiative de l’Association algérienne «Femmes en Communication». Elle vise à l’établissement de liens entre écrivaines des pays arabes dans la perspective de la création d’un «espace commun de réflexion». Les organisatrices, qui ont placé la rencontre sous la devise «Du combat du sang au combat de la plume», ont choisi d’honorer trois anciennes moudjahidate, Mmes Djamila Boupacha, Louizette Ighilahriz et Z’hor Ounissi, en même tant que deux auteures algériennes de la nouvelle génération, Fadhela El Farouk et Shahrazed Aabir.
Ces distinctions se voulaient un clin d’œil à la continuité entre le combat pour la libération et le combat pour la citoyenneté, selon elles. L’écriture au féminin dans les pays arabes et ses thèmes de prédilection tels que la discrimination, l’absence de citoyenneté et les diverses violences faites aux femmes dans ces pays, feront l’objet de communications données par des écrivaines maghrébines et du Moyen-Orient lors de ce colloque. Samar Al Moqrin, rendue célèbre au Moyen- Orient après la parution, en 2008, de son roman Femmes sans vertu, un réquisitoire contre les conditions d’incarcération des femmes, a été le centre d’intérêt de cette première journée du colloque, avant même son intervention programmée pour ce jeudi. Il est à noter qu’une promesse a été faite par le ministère de la Culture d’institutionnaliser le colloque et de lui permettre de se tenir tous les ans, et ce, en lui réservant une enveloppe spéciale dans le budget alloué au festival de la créativité.
APS
19 février 2010 à 15 03 39 02392
Bibliothèque nationale de France
Hommage à Moufdi Zakaria
l Une manifestation culturelle sera organisée le 15 mai prochain à la Bibliothèque nationale de France (BNF), en hommage au poète de la révolution algérienne, le regretté Moufdi Zakaria, annonce un communiqué de la fondation qui porte le nom du défunt poète. Cette manifestation, organisée conjointement par la fondation Moufdi-Zakaria et l’Association France -Algérie, sera marquée par la participation du Slimane Chikh, président de la fondation et ancien ministre de la Culture, de l’écrivain Bruno Racine, président de la BNF, de Pierre Joxe, président de l’association France -Algérie, membre du Conseil constitutionnel, ancien ministre et ancien président de la Cour des comptes de France, ainsi que Hédi Baccouche, ancien Premier ministre tunisien et militant du Grand Maghreb. Une projection d’un film documentaire de 72 minutes retraçant la vie du défunt poète et militant de la cause nationale est prévue au programme de cette manifestation où, une table -ronde sur l’œuvre et la vie de l’auteur de l’hymne national algérien sera animée par M. Hédi Baccouche, l’historien Benjamin Stora, l’écrivain Rachid Boudjedra et l’universitaire et romancier Waciny Laredj.
APS
19 février 2010 à 15 03 41 02412
Ainsi va la vie
La fille de l’étrangère (16e partie)
Par K. Yerbi
Résumé de la 15e partie n Au cours d’un dîner qu’il offre à sa famille, Nadir doit annoncer son mariage. Comme il ne le fait pas, sa mère s’en charge.
C’est d’abord la surprise générale, puis l’oncle Zoubir applaudit.
— Bravo !
Il agite un index vers Nadir.
— Tu ne me l’as pas dit, tout à l’heure !
Nadir sourit.
— Je voulais vous faire une surprise !
— Félicitations, dit l’oncle Kaci !
— Félicitations et longue vie !
Tout le monde les félicite. Djazia et sa fille, elles, ne disent rien. Elles sont trop émues pour parler.
Les sœurs de Nadir, Nadia et Yacina les observent.
— Regarde-les, chuchote Nadia, à sa sœur.
— Souad est rouge !
— Elle doit croire que c’est elle qu’il va épouser !
— Elle va vers une grande désillusion !
L’oncle Zoubir s’adresse à Nadir.
— Quelle est l’heureuse élue ? demande-t-il
Nadir baisse les yeux et sourit.
— Tu ne veux rien dire ?
Le jeune homme continue à sourire.
— Alors, c’est à Zoulikha de tout nous révéler !
Saliha, la femme de Kaci, intervient.
— Laisse-nous deviner…
Djazia et Souad dressent la tête.
— C’est une femme qu’on connaît ?
— Cherche, cherche, dit Zoulikha
— Je donne ma langue au chat !
Kaci plaisante
— Moi je ne donne pas ma langue au chat ! Allez, Nadir, dis-nous de qui il s’agit !
— Eh bien, c’est une femme…
On éclate de rire.
— ça, on l’avait deviné !
— Eh bien, dis-nous de qui il s’agit !
Djazia et Souad tendent l’oreille.
— C’est une émigrée… Une fille d’origine algérienne, de bonne famille !
Djazia pousse un cri.
— Tu n’es pas sérieux !
Tout le monde la regarde.
— Pourquoi donc, ma tante ? demande Nadir
— Tu es tombé dans le piège d’une Européenne !
— Mais ma tante, elle est d’origine algérienne !
— Qu’importe, c’est une étrangère ! (à suivre…)
K. Y.
19 février 2010 à 15 03 42 02422
Au coin de la cheminée
Zalgoum (8e partie et fin)
Résumé de la 7e partie n Zalgoum se présente chez son frère, déguisée en mendiante. Elle se propose de lui extraire l’épine qui était dans son genou depuis qu’elle lui avait jeté un sort…
L’épine, fichée dans la rotule, ne faisait plus, avec les chairs, qu’une seule masse durcie et violette. Zalgoum y porta les doigts de la main qu’un sabre avait jadis tranchée ras et tira. Aussitôt l’énorme épine glissa et parut au bout du bras de la jeune fille comme un coin.
Le frère aussitôt, se sentant soulagé, cessa de geindre et commença même à mouvoir le genou. La belle-sœur sanglotait de joie, tant elle était convaincue qu’une pauvre mendiante ne pouvait réussir là où tant d’autres avaient échoué avant elle, Zalgoum pendant ce temps s’approchait doucement de la porte.
Elle allait y disparaître, quand le malade, revenu de son étonnement, se ressouvint de la malédiction de sa sœur : nulle autre main ne pourrait le guérir, «que cette main que ton sabre vient d’arracher à mon bras».
Il se mit aussitôt à crier :
— C’est elle ! C’est Zalgoum, ma sœur ! Attrapez-la ! II essaya de se lever pour se lancer derrière elle, mais sa blessure était encore trop fraîche et il retomba sur sa peau de mouton. Zalgoum franchit la porte en courant ; elle se précipita vers la maison où elle avait laissé ses enfants, les reprit et aussitôt s’élança à travers les rues pour fuir avec eux. Entre-temps sa belle-sœur avait ameuté tous les habitants qui se mirent à poursuivre la jeune femme.
Mais Zalgoum, tout en courant, puisait les pièces d’or dans son couffin et les lançait à la volée derrière elle. Les villageois essayaient de les attraper au vol ou bien se les disputaient, une fois qu’elles étaient tombées à terre.
Cela retardait considérablement leur poursuite. Ceux qui, malgré cela, se rapprochaient jusqu’à presque la toucher, Zalgoum leur jetait dans les yeux de pleines poignées de son, qu’elle prélevait dans l’autre couffin, et ainsi les aveuglait. A la fin, fatigués ou repus d’or, ils cessèrent tous de la poursuivre, mais Zalgoum n’en continua pas moins à courir aussi vite que le pouvaient les jambes de ses enfants.
Ils arrivèrent enfin au palais, où le prince les attendait dans l’inquiétude, car il savait qu’il avait tiré Zalgoum d’une grotte. Aussi fut-il soulagé de les voir revenir sains et saufs. Il leur demanda ce qu’ils avaient fait et Zalgoum reprit son histoire depuis le jour lointain où, se baignant à la fontaine, elle avait laissé tomber un de ses cheveux d’or.
— Après tant d’années, conclut-elle, j’ai eu pitié de mon frère, car je savais qu’il souffrait et que seule ma main pouvait le guérir.
Ils continuèrent à mener une vie heureuse avec leurs enfants. Quant à son frère et à sa belle-sœur, Zalgoum ne les revit plus et n’entendit plus jamais parler d’eux.
Machaho !
Contes berbères de Kabylie Mouloud Mammeri
19 février 2010 à 15 03 43 02432
Histoires vraies
Le magicien de Madagascar (2e partie)
Résumé de la 1re partie n Le magicien, Marius Cazeneuve, propose au résident général d’agir sur la reine de Madagascar pour qu’elle soit favorable à la France…
En cette fin du XIXe siècle, ce n’est pas l’affrontement armé entre les deux pays, mais la situation est tendue à l’extrême. La France et l’Angleterre s’appuient, l’une sur la reine Ranavalo, l’autre sur son Premier ministre Rainilaiarivony, qui est aussi son mari et que tout oppose. Autant la reine est douce et jolie, autant il est désagréable et autoritaire. Elle a vingt-trois ans, il en a soixante. Elle est passionnément pour les Français, il est farouchement pour les Anglais. Normalement, c’est elle qui décide, mais elle subit son influence et le laisse agir à sa place. La position de la France est de plus en plus compromise.
Le résident général Le Myre de Vilers, qui n’a fait jusque-là qu’essuyer échec sur échec, accepte la proposition de Marius Cazeneuve, à condition qu’il vienne à ses frais. La chose est entendue et il débarque à Tamatave, le grand port de l’île, où il est accueilli par le lieutenant de vaisseau Buchard, collaborateur du résident général. L’illusionniste ressemble tout à fait à l’empereur Napoléon III : même petite taille, mêmes jambes courtes, même torse bombé et mêmes moustaches noires impeccablement entretenues. Le lieutenant de vaisseau l’accueille avec chaleur.
— Si vous pouviez donner ici un échantillon de vos talents, cela impressionnerait les notables de la ville et la rumeur vous précéderait jusqu’à Tananarive.
— C’est une excellente idée. Quand voulez-vous que cela se fasse ?
— Chez moi, demain soir.
Le moment venu, tout ce que Tamatave compte de personnalités est réuni dans le salon du lieutenant Buchard. Lorsque Marius Cazeneuve fait son apparition, un murmure désapprobateur accompagne son entrée : il a une barbe de plusieurs jours. Il s’aperçoit de la réaction de l’assistance et s’excuse :
— Je vous demande pardon : j’ai oublié de me raser ce matin. Peut-être pourrait-on faire venir un barbier…
On en appelle un. Celui-ci arrive avec son savon, son blaireau et son rasoir. Il se met à l’ouvrage. Lorsqu’il a terminé, il s’aperçoit que les poils ont repoussé sur la joue droite. Eberlué, il recommence. Il vient à bout de sa tâche, mais, cette fois, c’est la joue gauche qui devient barbue. Et ainsi de suite, à six reprises, sous les yeux de l’assistance sidérée.
Après ce tour, qu’il est le seul à avoir jamais réalisé et dont il taira le secret, Marius Cazeneuve fait plus fort encore. Il fait venir son assistant, lui remet un immense cimeterre, comme on en voit dans les illustrations des Mille et Une Nuits, et lui demande ni plus ni moins de lui couper la tête.
Après les rires qui avaient accompagné la séance de rasage, c’est un frisson d’angoisse qui se saisit de l’assistance. L’aide du prestidigitateur s’exécute. Chacun voit distinctement la tête sauter. Marius Cazeneuve s’en empare, la met sous son bras et parcourt : ainsi les rangs de son public. Après quoi, il demande à son adjoint de le coiffer d’un grand cône en carton blanc et réapparaît avec sa tête sur ses épaules. Inutile de dire que c’est un triomphe et qu’une réputation de véritable magicien le précède à Tananarive.
Dès qu’il est arrivé dans la capitale de l’île, Marius Cazeneuve va trouver le résident général. Malheureusement, la situation n’est guère brillante. M. Le Myre de Vilers est dans un état proche de la fureur. (à suivre…)
D’après Pierre Bellemare
19 février 2010 à 18 06 03 02032
Une ville, une histoire
Si l’Algérie m’était contée (17e partie)
Par K. Noubi
Résumé de la 16e partie n Le deuxième prétendant réalise également l’épreuve que lui impose le roi. Mais à lui, non plus, il n’accorde pas la main de sa fille.
Un troisième prétendant se présente.
— Je veux épouser ta fille !
Le roi a un sourire ironique.
— Je veux bien t’accorder la main de ma fille, mais pour cela, tu dois accomplir une tâche !
— Je ferai tout ce que tu voudras !
— Alors, je veux que tu te rendes dans la forêt des ogres et que tu me ramènes, dans une outre, du lait d’ogresse !
— Mais elle me dévorerait !
— C’est mon exigence !
Comme les autres prétendants, le prince a entendu parler de l’homme intelligent. Il va donc le voir et lui expose son problème.
— Je veux bien t’aider, mais à condition que tu coupes ton oreille et que tu me la donnes !
— J’accepte.
Il coupe son oreille et la donne à l’homme.
— Voilà, lui dit-il, tu te rends dans la forêt des ogres, de bonne heure, alors que les ogres dorment encore. Tu trouveras une ogresse d’une grande saleté. Tu la peigneras, tu lui laveras le visage, tu lui épileras les sourcils et tu mettras un miroir devant elle. Quand elle se réveillera, elle se verra et s’écriera : à celui qui m’a rendue belle, je ferai tout ce qu’il exigera de moi !
Le prince se rend dans la forêt où vivent les ogres. Il repère une ogresse qui dort encore. Il la peigne, lui lave le visage et lui épile les sourcils, puis il place devant elle un miroir.
L’ogresse se réveille peu après, elle se regarde dans le miroir et s’exclame :
— A celui qui m’a rendue belle, je ferai tout ce qu’il voudra.
Le prince sort de sa cachette.
— C’est moi, je voudrai que tu me remplisses cette outre de ton lait !
L’ogresse grogne.
— Un fils d’homme, je t’aurai bien mangé, mais une promesse est une promesse !
Elle prend l’outre, la remplit de lait et la remet au prince. Celui-ci va aussitôt la remettre au roi.
Le roi est perplexe. Trois prétendants se sont présentés, il a imposé à chacun d’eux une épreuve impossible, et tous l’ont réussie. A qui accordera-t-il la main de sa fille chérie ?
Il réunit les trois prétendants pour discuter avec eux. C’est alors que l’homme intelligent se présente.
— ô roi, tu hésites à donner ta fille à ces prétendants, parce que tu crois que ce sont eux qui ont réalisé les épreuves que tu leur as imposées. En réalité, les pommes du jardin du Grand Djinn, c’est moi, de même que le lion qui t’a ramené un fagot sur son dos et le lait de l’ogresse !
— C’est faux, c’est nous qui avons réalisé ces exploits, protestent les prétendants.
Le roi s’adresse à l’homme intelligent.
— Peux-tu apporter la preuve de ce que tu dis ?
Et l’homme montre les oreilles des trois prétendants. Le roi, maintenant, sûr d’avoir trouvé l’époux qui convient à sa fille, donne la main de cette dernière à l’homme intelligent. (à suivre…)
K. N.
19 février 2010 à 18 06 04 02042
Colloque sur l’écriture féminine
Recommandations pour les prochaines éditions
l Les participantes au 1er colloque sur l’écriture féminine dans le monde arabe, ouvert mercredi à Alger, ont conclu leurs assises jeudi en début de soirée par une série de recommandations dans la perspective des prochaines rencontres. Parmi ces recommandations figurent notamment la création d’un site Internet dédié à l’information sur la production littéraire et autres travaux académiques de femmes dans les pays arabes, l’institution d’un prix pour honorer les meilleures auteurs dans chacune de ces disciplines ainsi que l’établissement de réseaux interarabes «actifs» pour donner une meilleure visibilité aux écrivaines, poétesses et essayistes de ces pays. Sous la houlette de l’association algérienne Femmes en communication, cette rencontre qui a regroupé de nombreuses romancières et universitaires maghrébines et du Moyen Orient, a permis aux participantes de confronter leurs expériences d’intellectuelles activant dans un environnement «souvent hostile» à l’expression publique écrite des femmes, selon l’aveu des conférencières. Outre l’intervention de l’écrivaine saoudienne Samar Al Moqrin, auteur d’un roman controversé sur l’univers carcéral des femmes dans les prisons saoudiennes publié en 2008, la communication de la Tunisienne Amel Grami a suscité un intérêt particulier. Parlant de l’étude de la pensée islamique et de son évolution à travers les siècles, objet de son investigation, l’universitaire tunisienne a préconisé de «revisiter» l’exégèse islamique par des femmes, au moyen d’instruments nouveaux et en appliquant des méthodes modernes. Selon Amel Grani, l’exégèse « fiq’h » n’est pas une «chasse gardée» de l’homme, de même que «l’Islam n’a pas interdit à la femme de commenter le texte sacré ni d’édicter des fetwas», a-t-elle affirmé, s’appuyant sur des exemples d’exégètes musulmanes ayant existé dans l’histoire musulmane, «mais que la tradition et le conservatisme ont occultées», a-t-elle dit.
APS
19 février 2010 à 18 06 06 02062
Ainsi va la vie
La fille de l’étrangère (17e partie)
Par K. Yerbi
Résumé de la 16e partie n Comme il hésitait à annoncer son mariage à sa famille, c’est sa mère qui le fait. Cette nouvelle crée la surprise…
Nadir ne sait que répondre à la cousine. Sa mère intervient.
— voyons, Djazia, puisqu’il dit que c’est une Algérienne !
— et moi, je le répète, c’est une étrangère.
Elle s’adresse à Nadir.
— mon fils, tu dois renoncer à cette fille !
— mais, ma tante…
— ce serait manquer de respect à la mémoire de ton père !
Zoulikha s’irrite.
— que vas-tu chercher là, Djazia !
— c’est la vérité !
— allons, allons, Nadir sait ce qu’il fait !
— justement, il n’est pas conscient !
— tu exagères !
— il devrait épouser une femme de son pays !
Zoulikha s’emporte.
— ce n’est pas à toi de décider !
Djazia veut répondre, mais elle comprend qu’elle est allée loin. Elle s’arrête. Kaci veut décrisper la situation.
— félicitons Nadir. C’est pour quand, la fête ?
— dans un mois mon oncle !
Saliha et Ghania, les épouses des deux oncles, s’écrient.
— mais, c’est pour bientôt !
Nadia et Yacina, les sœurs de Nadir, jubilent.
— nous allons nous atteler aux préparatifs !
Elles s’adressent aux deux tantes.
— nous comptons sur vous pour nous aider !
— bien sûr…
— nous commencerons à rouler le couscous dans quelques jours !
Elle regarde la cousine Djazia.
— toi, aussi, Djazia.
Elle ne répond pas tout de suite, mais sa fille la pousse du coude.
— bien sûr, dit-elle.
Kaci plaisante.
— et nous, les hommes, que devrons-nous faire ?
— vous nous laisserez travailler !
— ah bon, dit Kaci, c’est vous qui déciderez de tout !
Nadir se déride.
— vous, mes oncles, vous financerez !
Zoulikha sourit.
— C’est la tradition, Kaci.
— Eh bien, nous respecterons la tradition ! (à suivre…)
K. Y.