ALI ZAMOUM / La mort d’un brave
Da Ali Zamoum est parti. Il est allé rejoindre ses amis Kateb Yacine et M’hamed Issiakhem au ciel.
Publie le : dimanche 29 août 2004
A deux mois de la célébration du 50e anniversaire du déclenchement de la Révolution, le maquisard d’Ighil Imoula vient de tirer sa révérence. Ali Zamoum est décédé, à l’âge de 71 ans, samedi à 3 h à l’hôpital Paul Brousse de Villejuif, à Paris, après une très longue et éprouvante maladie.
Ali Zamoum a été transféré le 21 juillet dernier à l’hôpital Porte de Pantin à Paris, après avoir fait de courts séjours à l’hôpital Aït Idir, puis celui de Baïnem et le CHU Mustapha. Tous ceux qui l’ont connu, ceux qui l’ont rencontré, témoignent toujours que Da Ali est resté un homme humble, modeste, simple. Un homme vivant aux côtés de ses semblables. Son nom est toujours associé à l’appel du 1er Novembre 1954. Il avait 21 ans lorsque l’appel a été tiré chez lui au village d’Ighil Imoula. Pour la génération d’aujourd’hui, Ali Zamoum restera un exemple. Au volant de son fourgon portant le nom de l’association Tagmats (fraternité) qu’il présidait, Da Ali a parcouru de nombreux villages de Kabylie, répondant à des sollicitations d’associations de militants ou de simples citoyens, que ce soit pour apporter son aide ou alors pour témoigner sur la Révolution, sur l’après-indépendance, pour dire aussi ce qu’il pense d’un système qui ne lui a pas fait de cadeau. Il a été pour de nombreux militants un repère, celui qui n’hésite pas à dire ce qu’il pense, que ça plaise ou pas. Durant ces trois dernières années malgré le poids des ans, Ali Zamoum a toujours répondu présent à chaque sollicitation. Ses interventions publiques étaient appréciées. Sur les colonnes des journaux ou lorsqu’il était invité par le mouvement des archs, Ali Zamoum ne parlait pas pour plaire, mais il avait le langage d’un sage, de celui qui ne cherche ni la gloire et encore moins les honneurs. Hier matin, la nouvelle de sa mort s’est répandue comme une traînée de poudre dans toute la Kabylie. Le téléphone de l’association Tagmats à Boghni n’a pas cessé de sonner toute la journée, tout comme celui de son domicile. De nombreux citoyens ont tenu à vérifier d’eux-même l’information. Au siège de l’association où ses membres ont improvisé une cellule de crise, c’est le branle-bas de combat. En collaboration avec sa famille et ses amis, on prépare le rapatriement du corps et l’enterrement qui aura lieu cette semaine, normalement dans son village natal d’Ighil Imoula. Adieu Da Ali, tu resteras toujours vivant pour ceux qui t’ont aimé.
Par Mourad Hachid – El Watan du 29/08/2004
18 février 2010
Colonisation