Culture : Droits d’auteur : parlons-en
Ce fait ne peut être anodin, vu qu’il met sur le tapis les relations entre éditeurs et auteurs, estiment des auteurs joints par téléphone. Cela nous oriente donc vers un constat alarmant, celui des droits d’auteur (quand droits il y a) souvent non respectés, et des auteurs qui se retrouvent dans des situations rocambolesques devant la fuite en avant, le mépris et l’incompréhension qu’affichent à leur égard certains de leurs éditeurs.
Cette histoire malheureuse devra peut-être servir de leçon pour le devenir de l’édition en Algérie dans sa globalité, pour se pencher sérieusement sur ce problème, et mettre en place une charte de l’éditeur et un statut de l’écrivain. Or, le constat dressé par des écrivains et des auteurs est amer, certains éditent dans des maisons d’édition ayant pignon sur rue et se plaignent de l’inexistence d’un contrat d’édition et, si contrat il y a, souvent il est basique ou pas du tout respecté. Il ne s’agit pas que d’argent, mais de promotions, de rééditions (souvent incontrôlées), de considération, de respect, de communication. S’agissant de cette dernière, les auteurs sont formels, hormis une ou deux maisons d’édition, très peu d’entre elles se prêtent aux règles du jeu qui consistent à établir par écrit des états des livres vendus pour leurs auteurs, chaque fin d’année, comme le stipulent les termes du contrat. Il y a pire. Certains éditeurs, après avoir édité des auteurs, ne daignent plus les recevoir ou leur expliquer, du moins tenter de discuter avec eux de leurs préoccupations. Et lorsqu’il s’agit de récupérer les malheureux droits d’auteur qui sont, rappelons-le, de l’ordre de 10 % sur un tirage ne dépassant jamais les 3 000 exemplaires – parfois les livres ne sont tirés qu’à 500 exemplaires –, c’est la galère pour un chèque de 5 000 DA ou tout au plus 10 000 DA. Souvent, des manuscrits restent deux à trois années bloqués chez des éditeurs avant d’être soit édités soit rejetés, et souvent des livres sont sur le marché avant signature de tout contrat. Un fait accompli qui réduit les chances d’un auteur de discuter des termes de son contrat. La plupart des maisons d’édition en Algérie fonctionnent sans professionnalisme réel, il y a certes quelques-unes qui font du bon boulot, mais parfois cela reste aléatoire devant une réelle relation auteur-éditeur, codifiée déjà par un contrat en bonne et due forme. Il ya plusieurs contentieux qui parfois restent du domaine du privé, mais il y a des auteurs qui ont dû passer par des huissiers pour se faire entendre lorsque des dizaines de lettres adressées à leurs éditeurs sont restées sans réponses ou par l’ONDA pour imposer leurs droits. Parfois, des auteurs après l’échec d’une relation professionnel fiable ont tenté de récupérer tout bonnement les droits des livres édités. La plupart des écrivains éditant en Algérie ressentent un certain malaise devant cet alarmant constat, la formule toute trouvée que l’éditeur rend service à l’auteur en l’éditant, de là vient toute la problématique et la place de l’auteur qui semble être en dernier sur l’échiquier de l’édition.
N. B.
Source de cet article :
http://www.lesoirdalgerie.com/articles/2010/02/16/article.php?sid=95796&cid=16
16 février 2010
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