Publication Ali Laïmeche ou l’irréductible révolutionnaire
Il a adhéré au PPA dès l’âge de dix-sept ans et crée autour de lui un noyau solide, assoiffé de liberté et dont les résolutions sont indébutablement tournées vers l’indépendance, mais des résolutions portant le sceau berbériste qui ont été mal digérés par le courant baâthiste ébranlé par des névroses insoutenables.
Mourir jeune, c’est partir trop tôt, souvent dans l’anonymat. Mourir à 21 ans, c’est presque injuste ! Tel est le destin implacable du nationaliste Ali Laïmèche qu’ont ravivé Mohand Amara et Kamal Ahmane dans un ouvrage assez documenté et richement illustré qui vient de paraitre ces jours-ci chez L’Harmattan. Brillamment préfacé par l’écrivain Younes Adli, cet ouvrage de 114 pages se veut une plongée dans les arcanes du nationalisme algérien durant les années 1940 où pullulent des figures de proue, qui ont balisé le chemin jusqu’à trouver la mèche et allumer le brasier de novembre 1954. Parler de Laïmèche est surtout ouvrir une page douloureuse mais glorieuse de la lutte du peuple Kabyle sinon pour son essor, du moins pour sa survie. » Ali n’avait que 21 ans lorsqu’il est décédé, mais sa vie intense et fulgurante le destinait dès lors à une véritable légende « , écrivent les co-auteurs pour l’amorce d’une rude aventure débute à sa naissance en 1925 à Icharïouène où Ali, éveillé tôt aux questions nationalistes de par l’engagement de son père et sa propre passion pour l’histoire, a subi les premiers affres du colonialisme. Ensuite, ses lectures diversifiées lui ont donné ce petit quelque chose de charismatique ; la clairvoyance doublée d’une inébranlable conviction.
Il a adhéré au PPA dès l’âge de dix-sept ans et crée autour de lui un noyau solide, assoiffé de liberté et dont les résolutions sont indébutablement tournées vers l’indépendance, mais des résolutions portant le sceau berbériste qui ont été mal digérés par le courant baâthiste ébranlé par des névroses insoutenables. L’époque est chaude ! Et les nombreux témoignages rapportés démontrent la justesse d’un homme doué d’une vive intelligence qui a mis à mal la police et l’administration coloniales qui le pourchassait manu militari. Par une plume chirurgicale tenue à deux mains, la figure de Laïmèche sort de l’oubli et se voit extrait d’un ostracisme outrancier ayant vainement voulu juguler la voix sinon ternir l’image pendant des décennies. Il a voulu être enseignant, mais Laïmèche était néanmoins poète fort inspiré ; son vers est transcendant, rehaussé d’un verbe qui secoue les consciences. L’ouvrage nous apprend notamment qu’il a composé un chapelet d’isefra : Ssalam ay idurar n tmurt-nne, Nekni s yelmezyen n Lezzayer et autres Ay ilmezyen, kkret fell-awen. Au lycée de Ben Aknoun, il implique d’autres noms au combat et sème des graines de nationalisme dans le corps de scouts qu’il a fréquenté. Toutefois, les graines ont fleuri, mais Ali Laïmèche est rattrapé par une maladie incurable; il meurt emporté par une paratyphoïde, le 6 août 1946. Derrière lui, il a laissé un chemin à emprunter et quelques enseignements. » Quelle différence y a-t-il entre l’organisation et la civilisation ? « , demandait-il. Réponse en pages intérieures !
Tarik Djerroud
16 février 2010
Colonisation