Indice de Madjid Bekkouche : Le consommateur est la clé de la solution
Cela s’est produit dans un pays d’Europe vers la fin des années 80. Par un matin de septembre, les boulangeries affichaient zéro vente et cela s’est poursuivi jusqu’au soir. La raison ? Une décision des citoyens qui, comme d’un commun accord, ont boycotté le pain pour avoir constaté ce matin-là qu’on avait augmenté la baguette de 5 centimes sans les consulter.
Pourtant, il n’y avait aucune concertation sur le sujet et la surprise de l’augmentation rend encore plus étonnant cet esprit citoyen qui unit les individus, faisant que face à une même situation jugée intolérable, il y a eu la même attitude. En cette veille de mois de ramadhan, cet exemple est éloquent à plus d’un titre, car il pointe là la solution qui mettrait fin aux cycles de prédation commerciale qui se succèdent chaque année, faisant du mois sacré de ramadhan le mois où se bafouent le plus les principes qui règlent les relations entre musulmans. La solution n’est pas qu’entre les mains des pouvoirs publics ; elle n’est pas non plus l’apanage des commerçants qui, d’ailleurs, n’auraient jamais intérêt à en user pour ce que le ramadhan leur permet d’engranger comme bénéfices. La solution, comme le montre bien l’histoire qui s’est produite dans ce pays d’Europe, est entre les mains des citoyens. Imaginez qu’à la veille du ramadhan les Algériens, rentrés de leurs vacances, ne se ruent pas tous vers les marchés pour s’arracher des quantités dignes de ravitaillements. Imaginez que ces mêmes Algériens, par respect pour l’esprit du ramadhan, décident d’avoir une attitude de retenue devant les produits alimentaires, et tout spécialement ceux sur lesquels une demande importante s’exprime chaque année. Imaginez enfin que tout Algérien qui se respecte s’abstienne d’acheter, ne serait-ce que pendant les deux premiers jours, les produits dont les vendeurs affichent des prix prohibitifs ou encore des prix qui n’ont rien à voir avec la valeur intrinsèque du produit. N’imaginons plus, il s’agit là de la seule attitude qu’il faut avoir pour annihiler les techniques de spéculation et de dopage des prix. Car un produit périssable qui ne se vend pas les premiers jours, perd de sa valeur et face à l’idée qu’il puisse pourrir sur place, les commerçants n’auraient d’autre choix que de revoir leurs prix et leurs ambitions de gain. Il n’est même pas question de sacrifice à faire, mais d’une attitude citoyenne qui préserve les intérêts de tous. D’ailleurs, les premiers à devoir agir dans ce sens, ce sont ceux qui ont les moyens d’acheter à n’importe quel prix, car ceux-là sont l’arme par laquelle les commerçants indélicats tirent sur les petites bourses.
Pour peu que le consommateur algérien sache allier sa conscience économique et sa conscience civique, il gagnerait toutes les batailles contre les prédateurs qui s’attaquent à son pouvoir d’achat et par la même à sa dignité. On peut vivre sans tomates ni courgettes même pendant le ramadhan.
13 février 2010
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