6.Une ville, une histoire -Si l’Algérie m’était contée

Une ville, une histoire
Si l’Algérie m’était contée (6e partie)
Par K. Noubi
Résumé de la 5e partie : Zahra est jetée dans un trou par ses frères, qui la croient enceinte. Un cavalier, qui passe dans la forêt, la découvre.

Le cavalier écarte les herbes et découvre, au fond du trou, Zahra. Il est aussitôt ébloui par sa beauté.
« Je vais te tirer de là !»
Avec une corde, il descend dans le trou et la retire. Il admire encore sa beauté et lui dit.
— Tu es enceinte !
— Hélas, lui dit-elle, c’est ce ventre qui cause ma perte !
Et elle lui raconte sa mésaventure.
— C’est un complot de mes belles-sœurs, elles ont fait croire à mes frères que je suis enceinte pour qu’ils me tuent !
Le chasseur comprend ce qui s’est passé.
— Elles t’ont fait avaler un œuf de serpent, il a éclos dans ton ventre, c’est ce qui explique qu’il gonfle de la sorte !
Zahra se met à pleurer.
— Il va encore grossir et il finira par me dévorer !
­— Nous allons consulter le vieux sage de la forêt, il nous dira ce qu’il faudra faire !
Un vieil ermite vivait, en effet, à l’orée de la forêt. Le cavalier le consulte et le vieil homme lui fait cette recommandation.
— Prends un mouton, égorge-le, enduis-le de sel et rôtis-le. Donne à manger à la femme. Elle te réclamera de l’eau mais garde-toi de lui donner à boire. Quand elle aura fini de manger pends-la par les pieds à une poutre. Prends une écuelle pleine d’eau et, avec une louche, agite l’eau. Le serpent qui a mangé la viande entendra le clapotis de l’eau, il sortira pour boire, alors tu le frapperas !»
Il remercie l’ermite et entre avec Zahra, chez lui. Il égorge un mouton, il le sale plus que de mesure, le fait rôtir et le donne à manger à la jeune femme.
— Je ne peux pas avaler !
— Tu dois tout manger !
— J’ai le ventre enflé !
— Le serpent doit manger !
Elle a soif et réclame de l’eau.
— Je te supplie de me donner à boire !
— Non, c’est le serpent qui a soif !
Elle a la bouche en feu et le serpent s’agite dans son ventre.
— Il est temps de le faire sortir de là !
Il la pend par les pieds à une poutre et met, sous sa bouche, une écuelle d’eau. Puis, avec une louche, il se met à remuer l’eau.
Au bout de quelques instants, le serpent pointe la tête. L’homme continue à agiter l’eau. Le serpent, assoiffé, ne résiste pas : il se jette dans l’écuelle. L’homme s’empare d’un bâton et le tue.
«Te voilà débarrassée de ce serpent !»
Zahra est enfin soulagée. Elle aurait souhaité que ses frères la voient. (à suivre…)

K. N.