Ainsi va la vie
Derrière le mensonge (37e partie)
Par K. Yerbi
Résumé de la 36e partie : Tahar a conduit Lila dans son appartement privé. C’est alors que sa femme, Rabéa, arrive avec son fils et les surprend.
Tahar ne sait que faire.
— Rabéa, je t’assure que nous sommes en séance de travail !
— et tu viens travailler ici, dans cet appartement, avec ta secrétaire !
Elle avance vers Lila.
— voleuse d’hommes !
La jeune femme se réfugie derrière Tahar.
— Tahar, ne la laisse pas me faire du mal !
Rabéa éclate.
— elle t’appelle par ton prénom !
Elle prend son fils à témoin.
— tu as vu ce qu’il nous fait !
Tahar s’approche de son fils.
— Amine, je vais t’expliquer…
— ne me parle pas ! Tu n’es qu’un traître.
Rabéa s’est mise à pleurer. Elle prend son fils par la main.
— rentrons, mon petit, ton grand-père va s’occuper de lui !
Tahar est devenu livide.
— je t’en prie, n’alerte pas ton père… Nous allons tout arranger !
— je n’ai plus rien à faire avec toi…
Il se jette à ses genoux.
— pardon, je te demande pardon…
— je ne veux plus te voir !
Elle s’en va, en claquant la porte. Tahar est désespéré.
— Mais comment a-t-elle pu savoir !
— on nous espionne !
— on veut me nuire…
Il regarde Lila.
— ma pauvre amie, toi aussi, tu es cmpromise…
La jeune femme secoue la tête.
— moi ? Mais pourquoi ?
— adieu ton recrutement dans mon entreprise… Je suis sûr que c’est la condition que ma femme et son père vont m’imposer !
— mais je n’ai pas démissionné de mon
entreprise !
Il sourit.
— tant mieux…
— tu m’as dit que tu dois ta situation à ton beau-père, peut-être va-t-il entreprendre quelque chose contre toi !
Il la regarde, inquiet.
— il n’osera pas… Ce serait aussi perdre sa fille !
— je veux rentrer chez moi, dit Lila.
— je t’accompagne.
— non, non, je veux rentrer seule. (à suivre…)
K. Y.
12 février 2010 à 18 06 22 02222
Ainsi va la vie
La fille de l’étrangère (7e partie)
Par K. Yerbi
Résumé de la 6e partie n Malika invite Nadir à dîner chez ses parents. Ce sera l’occasion pour elle de le présenter à sa famille émigrée, établie depuis longtemps en France.
Elle habite dans une rue assez chic, en tout cas loin des quartiers populaires qu’il a l’habitude de fréquenter. La porte de l’immeuble est fermée, il appuie sur l’interphone pour qu’on lui ouvre
— Oui ?
Il reconnaît la voix de Malika.
— C’est moi, Nadir.
— Je t’ouvre, c’est au quatrième étage, prends l’ascenseur…
Il a apporté des fleurs et une boîte de chocolats.
Il sonne à la porte, c’est Malika qui lui ouvre.
— Entre, papa et maman sont au salon.
Il attend qu’elle referme la porte et qu’elle le conduise au salon. Un homme d’un âge certain se lève pour l’accueillir.
— Ah, voilà notre jeune et brillant étudiant !
Nadir, très gêné, lui tend la main.
— Bonjour…
Mais l’homme l’embrasse.
— Bienvenue…
La femme se lève, elle lui sert la main.
— Bienvenue.
Il dépose les fleurs et les chocolats sur une table.
— Il ne fallait pas te déranger… viens, assois-toi !
Il prend place.
— Moi, c’est Mahieddine, dit l’homme, voilà ma femme, Yamina
— Enchanté, dit Nadir.
— Toi, c’est Nadir… Malika nous a dit que tu reviens du pays !
— Oui…
Mais dis-moi, de quelle région d’Algérie es-tu originaire ?
Nadir lui dit sa région, l’homme acquiesce.
— C’est une belle région… Mais moi, ça fait quarante ans que je suis sorti du pays…
Malika revient avec des rafraîchissements.
— On ne prend que des sodas, dit Mahieddine
— Je ne prends ni vin ni alcool ! dit Nadir
— Bon musulman ?
— Oui, dit Nadir.
L’homme s’adresse à sa femme.
— Voilà qui est bien !
On parle d’autres choses. Du pays, des études de Nadir, de ses projets. Puis l’heure du dîner arrive. (à suivre…)
K. Y.
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12 février 2010 à 18 06 23 02232
Au coin de la cheminée
L’oiseau d’or (12e partie et fin)
Résumé de la 11e partie n Comme le lui a conseillé le sage, le roi demande à sa femme emprisonnée, de s’adresser à l’oiseau d’or pour lui demander ce que signifient ses paroles …
Femme, dit-il, le jeune homme que tu vois ici est ton fils et cette fille ta fille. Ce sont les deux autres épouses du roi qui, jalouses, quand tu les as mis au monde, demandèrent à la vieille sorcière que tu vois là d’enlever tes enfants dans leur berceau et de leur substituer des chiots. Le roi les vit et te jeta en prison, et tu y es restée tant d’années, et tu y serais encore si ton fils ne m’avait pas ramené de mon lointain pays pour dévoiler la vérité.
L’oiseau d’or se tourna vers le roi :
— Quant à vous, Sire, vous savez bien que, le premier jour où vous êtes entré dans cette maison, vous avez trouvé votre fille tellement belle que vous avez en vous-même résolu de tuer son frère afin de vous emparer d’elle.
— Je ne savais pas, dit le roi.
— C’est pour cela que, chaque fois que vous m’avez demandé de chanter, je vous ai averti.
La reine aussitôt chancela et il fallut que le roi la soutînt pour qu’elle ne tombât pas. Puis on entendit de nouveau la voix de l’oiseau.
— La sorcière, la sorcière veut fuir.
On la chercha. Elle se faufilait dans la foule et cherchait à la hâte à gagner la porte. Le roi la fit saisir et ramener par un de ses gardes. Elle tremblait. De grosses gouttes de sueur coulaient sur son visage.
Le roi lui ordonna de parler sous peine d’être immédiatement décapitée. Elle commença par refuser ; comme le roi allait donner l’ordre de l’exécuter, elle parla, elle révéla tous les mauvais coups qu’elle avait préparés contre Aziz et Aziza, depuis le jour lointain où elle les avait enfermés dans un coffre et jetés à la mer.
Le roi se tourna vers la mère des enfants :
— Qu’est-ce qui ferait plaisir à ton cœur ?
— Je veux, dit-elle, qu’on attache ces trois femmes à la queue d’un cheval indompté. Puis qu’on m’apporte leurs os dispersés : avec les mains je ferai des louches à cendres, avec les tibias des bâtons pour chasser les chiens et des crânes je ferai des pierres du foyer pour y poser mes marmites.
Ainsi fut fait. Puis le roi ordonna une fête magnifique de sept jours et sept nuits. La reine reprit sa place auprès de lui. Quelque temps après Aziza fut mariée à un prince d’un lointain pays et Aziz lui-même y alla prendre femme avant de succéder à son père.
Machaho !
Contes berbères de Kabylie Mouloud Mammeri
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12 février 2010 à 18 06 24 02242
Histoires vraies
L’Ogre du Bengale (4e partie)
Résumé de la 3e partie n Toujours sur «L’Aurore», Robert Surcouf se distingue lors d’une tempête…
Surcouf fait ensuite plusieurs voyages, toujours avec Port-Louis comme point de départ : vers la presqu’île de Malacca, Pondichéry et Madagascar. Il est à présent lieutenant. Au printemps 1791, il décide de rentrer en France. A l’autre bout du monde lui sont parvenus les échos de la Révolution en marche et il veut absolument découvrir la situation par lui-même.
Il prend le premier poste qui se présente, timonier sur la «Bienvenue», et rentre à Saint-Malo.
Ses parents le reconnaissent à peine. Leur garnement est devenu un homme. Il a dix-huit ans et il paraît plus que son âge. Il est de grande taille, de forte corpulence avec les cheveux bruns, le teint hâlé, des taches de rousseur. Quant à lui, il découvre une France totalement bouleversée. Il n’y a plus de noblesse, plus de privilèges ; on parle de république. Il est tout de suite favorable à ces changements. C’est un esprit neuf, plein de hardiesse.
Mais pour l’instant, ce n’est pas de politique ni de révolution qu’il va s’agir, c’est à ce moment que se place l’épisode le plus romanesque de son existence. Les Blaize de Maisonneuve sont les plus importants armateurs de Saint-Malo. Un jour d’avril 1792, ils donnent une réception dans leur hôtel particulier qui domine la ville. Robert est invité. Après le déjeuner, il échange quelques mots sur la terrasse avec la fille de la maison, Marie-Catherine, et c’est le coup de foudre réciproque.
Ils semblent pourtant bien mal assortis : elle n’a que treize ans. Mais l’amour ne s’explique pas et entre cette frêle adolescente et cet athlétique corsaire naît une passion qui va durer toute la vie. Surcouf et Marie-Catherine Blaize de Maisonneuve se revoient en cachette. Bien entendu, étant donné son âge, le jeune homme fait preuve du plus grand respect. Ils se jurent de se marier plus tard. En attendant, il doit repartir.
Arrivé dans l’île de France en mars 1793, Robert trouve une situation politique totalement changée. Pendant les longs mois qu’a duré la traversée, les événements se sont précipités. Louis XVI vient d’être guillotiné et la France est en guerre avec le reste de l’Europe. D’ailleurs, Port-Louis a changé de nom et s’appelle Port-la-Montagne Conséquence, le lieutenant Surcouf est mobilisé. Il embarque comme officier sur la frégate la «Cybèle». C’est à son bord qu’il reçoit le baptême du feu contre un navire anglais.
Il parvient pourtant à échapper à ses obligations militaires et accepte le commandement d’un navire négrier. La chose est non seulement douteuse moralement, elle est, de plus, très risquée. La Convention vient d’abolir l’esclavage, et la traite des Noirs est illégale.
Surcouf charge sa marchandise humaine sur les côtes africaines et prend la direction non de l’île de France, trop surveillée, mais de l’île de la Réunion. Évitant la capitale Saint-Denis, il débarque les Noirs dans un endroit discret quelques lieues plus au sud. Les autorités ont tout de même vent de la chose : les commissaires montent à bord et découvrent, sans mal, la vérité. Surcouf s’en sort de justesse en les invitant à déjeuner. Il fait lever l’ancre pendant le repas et ne les relâche qu’une semaine plus tard, après leur avoir fait signer un rapport l’innocentant.
L’incident le dégoûte cependant de la traite des Noirs et, de retour à Port-la-Montagne, il décide de se lancer dans sa vocation de toujours : la course. (à suivre…)
D’après Pierre Bellemare
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12 février 2010 à 18 06 29 02292
Droits de l’homme, dites-vous ?
Hypocrisie : C’est peut-être en politique où tous les coups sont admis et permis, que l’arnaque est la plus répandue.Suite…
Il y a quelques années, en Suisse, un vent de xénophobie provoquait une panique sans précédent chez les étrangers installés dans les cantons. Un député s’en prendra tout particulièrement aux Arabes maghrébins qu’il traitera de tous les noms.
Pendant des semaines, il accaparera les colonnes des journaux et les ondes de la radio pour verser son venin sur une communauté qu’il accusera de tous les maux. Jusqu’au jour où un journaliste plus futé que les autres, décidera de remonter discrètement le passé de cet homme aux allures brusquement fascistes.
Quelle n’a pas été sa surprise de découvrir que ce tribun anti-arabe à la parole facile, et au dehors irréprochable… était un Tunisien naturalisé qui a vite oublié ses origines. Nous ne savons pas ce qu’il est advenu de ce «représentant du peuple», mais il a disparu sans crier gare. Même de la Chambre des députés.
Mais la meilleure nous vient d’Amnesty International, une ONG connue pour ses penchants politiques et surtout sa collusion avec les milieux d’intérêt américains et, pour être tout a fait franc, avec les milieux judéo-chrétiens. Elle vient tout récemment d’accuser Hamas de crime de guerre et de crime contre l’humanité pour avoir lancé sur Israël des roquettes artisanales qui ont touché des écoles vides et qui, de l’aveu même de Tel-Aviv, n’ont fait aucune victime. Comble de l’ironie : c’est le territoire de Gaza qui a été envahi par les colonies juives qui ont massacré 1 300 civils, blessé des milliers d’autres, détruit toutes les infrastructures du pays y compris une école de l’Unicef où s’étaient réfugiés une trentaine d’enfants et qui plus est, ont utilisé des armes au phosphore blanc, interdites d’emploi contre des populations désarmées… et c’est Hamas que l’on met au banc des accusés… Pour faire bonne mesure et éviter d’être soupçonné de partialité et de parti pris flagrant, Israël a été aussi condamné ; mais du bout des lèvres… Il y a pire dans le cynisme des Occidentaux : la cour pénale internationale vient d’envoyer un mandat d’amener contre le Président soudanais, Omar El-Béchir, au motif qu’il aurait laissé massacrer 300 000 personnes dans la province du Darfour.
En supposant que cela soit effectivement avéré, ce qui n’est pas le cas puisque des guerres tribales ont toujours ensanglanté cette région, pourquoi alors George Bush qui a envahi et détruit l’Irak à tort – il le reconnaît lui-même – n’a jamais été convoqué par aucun tribunal et coule des jours heureux dans son ranch ? Que cette ONG qui se prévaut d’être au-dessus de tout soupçon et qui veut faire croire qu’elle vole au secours des veuves et des orphelins à chaque fois que le devoir l’appelle, nous explique pourquoi George Bush n’est pas inquiété et qu’il ne le sera jamais, pourquoi Olmert qui a fait couler le sang des Libanais et des hommes du Hezbollah ne sera jamais poursuivi par la Cour internationale de justice pas plus que les patrons des lobbies qui leur envoient des armes de plus en plus sophistiquées.
I. Z.
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12 février 2010 à 18 06 32 02322
Une ville, une histoire
Si l’Algérie m’était contée (8e partie)
Par K. Noubi
Résumé de la 7e partie n Les sept années de misère de Lagraâ Boukricha étant achevées, il reprend son aspect de roi. Il réalise l’épreuve qui lui a été imposée.
Tandis que les six prétendants prennent la direction du château, pour remettre au roi l’outre pleine de lait de lionne, le roi cache leurs six petits doigts dans un coffret, et reprend l’aspect de Lagraâ Boukricha, avec sa panse posée sur la tête et ses haillons.
Quand il arrive, il trouve les six prétendants remettant l’outre au roi.
— Majesté, nous avons couru les plus grands dangers, nous avons dû livrer combat à des lions et peiné pour traire une femelle, mais nous l’avons fait. Voilà l’outre pleine de lait de lionne, dans une outre fabriquée à partir de la peau de l’un de ses lionceaux, attachée avec des poils de lion !
Le roi acquiesce.
— Vous êtes des hommes valeureux !
Il se retourne vers Lagraâ Boukricha.
— Et toi ?
— Moi, majesté, j’ai cherché partout les lions, mais je n’ai rien trouvé !
Les prétendants éclatent de rire.
— Dis plutôt que tu t’es caché, par peur des lions !
On le hue, on le houspille.
— Tu n’es qu’un vaurien !
— Un personnage aussi répugnant ne peut prétendre épouser la fille d’un roi !
On veut le battre, le roi les arrête.
— Assez ! Je vais vous soumettre à une deuxième épreuve !
Les prétendants tendent l’oreille.
— Voilà, je voudrais que vous traversiez sept mers, que vous arriviez au pays de Mansour et que vous cueilliez des pommes dans le jardin de sa fille Alia… Chacun d’entre vous me ramènera une pomme !
Les prétendants sont atterrés. Comme traverser sept mers, atteindre le pays de Mansour et ramener des pommes de son jardin !
— C’est impossible !
— Majesté, tu veux notre perte !
Le roi a un sourire ironique.
— N’êtes-vous pas de valeureux chevaliers ?
— Nous le sommes, sire !
— Alors faites ce que je vous dis, sinon, je ne vous accorderai pas la main de mes filles !
Lagraâ Boukricha, lui, jubile.
— Voilà une épreuve facile !
Une fois hors du palais, les prétendants s’en prennent à lui.
— Comment peux-tu dire que l’épreuve imposée par le roi est facile ?
Ils le battent et le laissent évanoui. C’est alors que l’ange lui apparaît en rêve.
«quand tu te réveilleras, tu trouveras dans ta poche un anneau. Tourne-le et tous tes souhaits se réaliseront !»
Il se réveille. Il trouve dans sa poche l’anneau (à suivre…)
K. N.
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12 février 2010 à 18 06 33 02332
Au coin de la cheminée
Zalgoum (1re partie)
Un homme et une femme avaient deux enfants : une fille, Zalgoum, belle comme le jour avec ses longs cheveux d’or, et un fils qui leur donnait bien des soucis, car ils voulaient le voir marié et lui s’y refusait obstinément et passait son temps à chasser et à faire de longues randonnées dans la forêt.
Zalgoum l’y suivait quelquefois, mais c’était pour s’y baigner dans la fontaine d’eau claire, où son frère menait boire son cheval. Un jour que justement elle y était allée, elle y laissa tomber un de ses cheveux d’or. Le soir, quand son frère, revenant de la chasse, voulut abreuver son cheval, l’animal refusa obstiné-ment d’avancer vers le bassin, où il avait pourtant coutume de boire. Le cavalier descendit voir ce qui empêchait sa monture d’approcher et, ne trouvant rien, prit une petite branche de chêne rugueuse et la promena dans l’eau. Quand il la retira, un long cheveu souple et blond y pendait. La lumière jouait dans les gouttelettes qui y étaient accrochées. Le jeune homme l’admira longuement, puis le recueillit avec soin et le ramena à la maison.
— Mon père et toi, dit-il à sa mère en arrivant, me poussez depuis longtemps à me marier.
— C’est que nous sommes vieux tous les deux et nous voudrions, avant de mourir, vous voir mariés, Zalgoum et toi.
Le jeune homme alors lui montra le cheveu :
— Eh bien, dit-il, si tu trouves la femme à qui ce fil d’or appartient, je promets de l’épouser.
La mère, transportée de joie à cette nouvelle qu’elle n’attendait plus, se hâta d’aller le redire à son mari. Puis elle prit le cheveu et, de porte en porte, s’en alla. faire le tour des maisons du village. Elle essaya le cheveu à toutes les filles qu’elle y trouva, mais… à son grand désespoir, il n’alla à aucune ! Il était trop long, ou trop fin, ou trop clair. Le père, qui attendait le retour de sa femme impatiemment, fut déçu d’apprendre qu’elle n’avait pas trouvé la fille à qui le cheveu fatidique appartenait :
— Tu es sûre de n’avoir oublié personne ? lui demanda-t-il.
— Personne…, dit-elle, sauf Zalgoum, naturellement.
Il réfléchit :
— Et si tu l’essayais à Zalgoum ?
— A quoi bon ?
— Au moins nous saurions qu’il est inutile de chercher plus longtemps. La mère fit venir Zalgoum, elle lui essaya le cheveu et… merveille ! il lui allait exactement : c’était la même couleur, la même longueur, la même finesse. Les parents étaient atterrés, car leur fils n’allait naturellement pas épouser Zalgoum et qui sait s’il accepterait encore de se choisir une fiancée ?
Le jeune homme bientôt rentra de la chasse et, dès qu’il fut descendu de cheval :
— Alors ? demanda-t-il.
La mère avait une peur affreuse de voir son fils renoncer à tout jamais à prendre femme. Aussi prit-elle d’infinies précautions pour lui avouer que le cheveu n’allait qu’à sa sœur.
J’ai visité toutes les filles du village, lui dit-elle, il y en a de très belles et dont les cheveux ressemblent .à celui-ci à s’y méprendre.
— Ils lui ressemblent, mais.., ils ne sont pas les mêmes.
Il allait continuer, quand son regard rencontra celui de sa mère, bouleversée :
— Tu as l’air affolée, dit-il.
— Aucune, souffla la mère, n’a les mêmes cheveux exactement, sauf (à suivre…)
Contes berbères de Kabylie Mouloud Mammeri
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12 février 2010 à 18 06 35 02352
Histoires vraies
L’Ogre du Bengale (5e partie)
Résumé de la 4e partie n Robert Surcouf, ayant failli se faire accrocher au commandement d’un négrier, est dégoûté par ce genre d’activité…
Un armateur lui propose le commandement du «Modeste», un petit bateau, on ne peut mieux nommé, pouvant abriter seulement trente hommes d’équipage et très médiocrement armé de quatre canons. Surcouf le rebaptise «L’Emilie» et se met en devoir d’obtenir une lettre de marque, formalité indispensable sans laquelle il ne serait qu’un simple pirate.
Mais le général Malartic, gouverneur de l’île, refuse. Les Anglais sont menaçants et il a décidé de garder tous les marins pour la défense de Port-la-Montagne. Devant l’insistance de Surcouf, le gouverneur finit par lui accorder un «permis de navigation», qui lui interdit d’attaquer, mais l’autorise à se défendre. Le futur capitaine de corsaires se retire satisfait. Il n’en demandait pas plus. Qui peut dire où finit la défense et où commence l’attaque ?
«L’Emilie» part le 4 avril 1795 «chercher des tortues aux Seychelles», ainsi qu’il est écrit sur son rôle imposé par le gouverneur. Elle arrive sur place le 15 septembre, mais n’y cherche aucune tortue : elle se met à zigzaguer dans la région, en quête d’une proie.
Trois mois se sont écoulés lorsque, fin décembre, elle rencontre le «Penguin», navire anglais chargé de bois. Le «Penguin» hisse ses couleurs et les accompagne d’un coup de semonce, comme c’est l’usage maritime courant. Surcouf feint de se croire attaqué, envoie une bordée de ses quatre pièces et l’adversaire se rend.
Peu après, c’est au tour de la «Diana», un beau trois-mâts chargé de riz. La «Diana» refuse d’abord de se rendre, Surcouf la poursuit et parvient à la prendre en abordage en pleine nuit. Trois autres bâtiments tombent à leur tour en son pouvoir. Il est maintenant à la tête d’une flottille. Il a pris place à bord d’un bateau anglais plus gros et plus maniable que «L’Emilie», qu’il a rebaptisé le «Cartier». Comme il a dû laisser des hommes sur chaque navire capturé, son équipage est squelettique : dix-sept hommes, en comptant le chirurgien et le cuisinier, et il n’a toujours que quatre canons. C’est pourtant dans ces conditions qu’il va faire sa plus belle prise.
Le 29 janvier 1796, la vigie signale un gros navire droit devant. Il s’agit du «Triton», puissant bateau de la Compagnie des Indes orientales. Surcouf fait hisser le drapeau anglais – pratique normalement interdite mais courante dans un camp comme dans l’autre – et s’approche. Une fois à portée, il se rend compte que son adversaire est plus fort qu’il ne le supposait (il est armé de vingt-six canons) et que son équipage n’est pas indien, comme il l’espérait, mais uniquement composé de marins anglais. Il est pourtant trop tard pour fuir. D’autant que le «Triton» a reconnu, dans ce navire de rencontre, un faux anglais. Il faut combattre.
La mer est assez forte. Surcouf espère qu’avec le roulis la salve de son adversaire ira soit trop haut, dans les nuages, soit trop bas, dans la mer. C’est exactement ce qui se passe : la bordée du «Triton» passe au-dessus des voiles du «Cartier», qui est sur lui quelques instants plus tard. Les dix-sept assaillants font pleuvoir sur le pont un déluge de grenades. Leurs adversaires, abasourdis, se rendent : ils sont cent cinquante !
C’est cet exploit que célébrera, en le plaçant à une date fantaisiste, une fameuse chanson de marins «Le 31 du mois d’août ». (à suivre…)
D’après Pierre Bellemare
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12 février 2010 à 18 06 38 02382
Une ville, une histoire
Si l’Algérie m’était contée (8e partie)
Par K. Noubi
Résumé de la 7e partie n Les sept années de misère de Lagraâ Boukricha étant achevées, il reprend son aspect de roi. Il réalise l’épreuve qui lui a été imposée.
Tandis que les six prétendants prennent la direction du château, pour remettre au roi l’outre pleine de lait de lionne, le roi cache leurs six petits doigts dans un coffret, et reprend l’aspect de Lagraâ Boukricha, avec sa panse posée sur la tête et ses haillons.
Quand il arrive, il trouve les six prétendants remettant l’outre au roi.
— Majesté, nous avons couru les plus grands dangers, nous avons dû livrer combat à des lions et peiné pour traire une femelle, mais nous l’avons fait. Voilà l’outre pleine de lait de lionne, dans une outre fabriquée à partir de la peau de l’un de ses lionceaux, attachée avec des poils de lion !
Le roi acquiesce.
— Vous êtes des hommes valeureux !
Il se retourne vers Lagraâ Boukricha.
— Et toi ?
— Moi, majesté, j’ai cherché partout les lions, mais je n’ai rien trouvé !
Les prétendants éclatent de rire.
— Dis plutôt que tu t’es caché, par peur des lions !
On le hue, on le houspille.
— Tu n’es qu’un vaurien !
— Un personnage aussi répugnant ne peut prétendre épouser la fille d’un roi !
On veut le battre, le roi les arrête.
— Assez ! Je vais vous soumettre à une deuxième épreuve !
Les prétendants tendent l’oreille.
— Voilà, je voudrais que vous traversiez sept mers, que vous arriviez au pays de Mansour et que vous cueilliez des pommes dans le jardin de sa fille Alia… Chacun d’entre vous me ramènera une pomme !
Les prétendants sont atterrés. Comme traverser sept mers, atteindre le pays de Mansour et ramener des pommes de son jardin !
— C’est impossible !
— Majesté, tu veux notre perte !
Le roi a un sourire ironique.
— N’êtes-vous pas de valeureux chevaliers ?
— Nous le sommes, sire !
— Alors faites ce que je vous dis, sinon, je ne vous accorderai pas la main de mes filles !
Lagraâ Boukricha, lui, jubile.
— Voilà une épreuve facile !
Une fois hors du palais, les prétendants s’en prennent à lui.
— Comment peux-tu dire que l’épreuve imposée par le roi est facile ?
Ils le battent et le laissent évanoui. C’est alors que l’ange lui apparaît en rêve.
«quand tu te réveilleras, tu trouveras dans ta poche un anneau. Tourne-le et tous tes souhaits se réaliseront !»
Il se réveille. Il trouve dans sa poche l’anneau (à suivre…)
K. N.
Dernière publication sur 1.Bonjour de Sougueur : Mon bébé, Justin, me manque beaucoup
12 février 2010 à 18 06 39 02392
Une ville, une histoire
Si l’Algérie m’était contée (9e partie)
Par K. Noubi
Résumé de la 8e partie n Le roi impose une autre épreuve difficile aux prétendants de ses filles. Cueillir des pommes du jardin de Alia Bent Mansour, qui se trouve au-delà des sept mers.
Lagraâ Boukricha reprend son aspect de roi. Il tourne l’anneau magique et formule son désir.
— Je désire me retrouver au pays de Mansour, qui se trouve au-delà des sept mers, dans les jardins de sa fille Alia.
Aussitôt, en un éclair, il se retrouve dans le pays de Mansour, dans les jardins de sa fille Alia. Il cueille six pommes, puis tourne de nouveau son anneau :
— Je voudrais retourner dans mon pays !
Il se retrouve aussitôt dans son pays. A peine est-il revenu, qu’il aperçoit un nuage de poussière. Ce sont les six prétendants qui rentrent. Une fois encore, ils ne reconnaissent pas, dans ce beau cavalier, monté sur un cheval magnifiquement harnaché, Lagraâ Boukricha.
— Où allez-vous de la sorte ? leur demande-t-il
— Nous rentrons au palais du roi !
— Hélas, le roi nous a demandé de réaliser un exploit, mais hélas, nous avons échoué !
— Quel est cet exploit vous a-t-on ordonné ?
— Le roi a demandé à chacun d’entre nous, de ramener une pomme du jardin de Alia, la fille de Mansour, dont le pays se trouve au-delà des sept mers !
Le roi sourit.
— Ces pommes, je les ai !
Aussitôt les six prétendants le supplient de lui remettre les pommes.
— Si on ne ramène pas ces pommes, le roi ne nous accordera pas la main de ses filles !
— Je veux bien, mais que me donnerez-vous en échange ?
— Tout ce que tu voudras !
— Tout, dites-vous ?
— Oui !
— Alors, que chacun d’entre vous coupe le lobe de son oreille et me le remette !
Les hommes s’étonnent.
— Pourquoi le lobe de nos oreilles ?
— C’est mon exigence !
— Nous acceptons !
Ils coupent le lobe de leur oreille et le lui remettent.
— Voici les pommes.
Ils prennent les pommes et la direction du palais. Le roi, range les lobes d’oreille dans son coffret, avec les petits doigts. Puis, il reprend l’aspect de Lagraâ Boukricha et, lui aussi, prend la route du palais.
Quand il arrive, il trouve les prétendants remettant les pommes au roi.
— Sire, nous avons affronté de graves dangers !
— Mais nous avons ramené les pommes !
On se moque de Lagraâ Boukricha.
— Lui, bien sûr, n’a rien ramené !
Le roi hoche la tête.
— Je vais vous imposer une dernière épreuve… Une course de chevaux. Nous verrons qui arrivera le premier ! (à suivre …)
K. N.
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12 février 2010 à 18 06 41 02412
Ainsi va la vie
La fille de l’étrangère (9e partie)
Par K. Yerbi
Résumé de la 8e partie n Les parents de Malika trouvent Nadir sympathique, mais ils ne veulent pas se séparer de leur fille unique : l’envoyer vivre loin de chez eux.
En rentrant dans sa chambre, Nadir est quelque peu déçu. Les parents de Malika l’ont bien reçu, ils ont apprécié qu’il ne boive pas et qu’il soit bon musulman, mais quand il a demandé la main de leur fille, ils ne se sont pas montrés enthousiastes.
Il est clair qu’ils ne veulent pas qu’elle les quitte pour vivre en Algérie.
Son portable sonne. Il le prend. C’est sa sœur Nadia.
— allô, c’est toi, Nadia ?
— voilà un moment que tu n’appelles plus !
— je n’ai pas le temps…
— le téléphone, ça coûte… Alors, je vais droit au but, as-tu, oui ou non, fais ta demande ?
— de quelle demande parles-tu ?
— ne te moque pas de moi… Ta demande en mariage !
— je l’ai faite…
j’attends !
— quoi, elle est indécise…
— ce n’est pas elle… ce sont ses parents, ils ne veulent pas se séparer d’elle !
— c’est à toi, mais aussi à elle de les convaincre !
Nadir va réfléchir à ce que sa sœur lui a dit : il a essayé de convaincre les parents de Malika. C’est maintenant à elle d’intervenir.
Ils se revoient le lendemain. Il l’interroge aussitôt.
— que pensent tes parents de moi ?
— tu les as charmés !
— et que pensent-ils de ma demande ?
— ils hésitent…
— mais pourquoi ?
— je t’en ai déjà parlé : ils ne veulent pas que je m’éloigne d’eux !
Nadir la regarde dans les yeux.
— tu m’aimes, oui ou non ?
— bien sûr que je t’aime !
— et tes parents, ils t’aiment ?
— quelle question !
Nadir hoche la tête.
— non, ils ne t’aiment pas !
— Nadir, tu n’es pas sérieux !
— bien sûr qu’ils ne t’aiment pas… Car, s’ils t’aimaient, ils penseraient à ton bonheur… Et toi aussi, je ne pense pas que tu m’aimes !
— Nadir, tu exagères !
— non, car si tu m’aimais, tu me défendrais mieux que cela !
— tu es injuste !
— tu dois convaincre tes parents de te libérer du carcan de leur amour… Un amour exclusif et étouffant et qui t’empêche de vivre ta propre vie !
Malika baisse la tête.
— tu dois agir ! (à suivre…)
K. Y.
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12 février 2010 à 18 06 42 02422
Au coin de la cheminée
Zalgoum (2e partie)
Résumé de la 1re partie n Les parents de Zalgoum sont très déçus d’apprendre que le cheveu que leur fils a trouvé et dont il a juré d’épouser la propriétaire, est celui de leur fille…
Il y en a donc une ? dit le jeune homme. Vite, dis-moi qui elle est, et je l’épouserai.
— Zalgoum !
Elle ne laissa pas à son fils le temps de se récrier.
— Mais qu’importe ? Il y a beaucoup de filles belles et sages au village. Les cheveux de quelques-unes ne sont pas tellement différents de celui-ci.
— Non, dit le fils, j’ai juré d’épouser la femme à qui ce cheveu appartient et je ne me dédirai pas.
Longtemps la mère essaya de lui faire sentir combien la chose était impossible, impensable. II ne voulut rien entendre.
— Je ne me parjurerai pas, ou bien… je quitterai le pays.
A l’idée qu’ils allaient perdre leur unique garçon, les parents furent terrifiés. Ils acceptèrent, la mort dans l’âme, et durent promettre de commencer tout de suite les préparatifs du mariage. A Zalgoum, ils apprirent seulement que son frère allait se marier, mais sans lui dire à qui. La mère commença par le trousseau de la mariée. Chaque fois qu’elle allait acheter un habit, elle le faisait essayer à Zalgoum.
Les robes :
— La fiancée de ton frère a juste ta taille, lui disait-elle.
Les souliers :
— La fiancée de ton frère a ta pointure.
Les bijoux :
— La fiancée de ton frère a même tour de cou, même rondeur de bras, mêmes chevilles que toi.
Mais, quand Zalgoum demandait qui était la fiancée de son frère, la mère détournait la tête et ne répondait pas. Quand le trousseau fut prêt, elle dit à sa fille :
— Prends cette argile et va enduire les murs de la chambre de ton frère.
Zalgoum se mit à l’ouvrage. Pendant qu’elle pétrissait la pâte blanche, une hirondelle vint à passer :
— Si tu me donnes un peu d’argile pour mon nid, je te dirai qui ton frère va épouser.
— Et que m’importe de savoir qui mon frère épouse ? Il va se marier et cela me suffit.
Quand la chambre fut prête, la mère demanda à sa fille de trier le blé pour la fête. Zalgoum prit le plat d’alfa. Une corneille traversa le ciel en croassant :
— Quelques grains de blé pour mes petits et je vais te dire qui est la fiancée de ton frère.
— Passe ton chemin, lui dit Zalgoum, et laisse-moi, car j’ai fort à faire.
Quand le blé fut trié, on le porta à moudre. La mère donna alors la farine à Zalgoum :
— Tiens, roule-nous du couscous pour la fête de ton frère.
Zalgoum, installée devant le grand plat de bois, vit s’approcher une vache au pas nonchalant :
— Un peu de couscous pour mon veau et je m’en vais te révéler qui ton frère doit épouser. (à suivre…)
Contes berbères de Kabylie Mouloud Mammeri
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12 février 2010 à 18 06 43 02432
Histoires vraies
L’Ogre du Bengale (6e partie)
Résumé de la 5e partie n A bord de «L’Emilie», Surcouf conquiert de nombreux navires britanniques dont sa plus grosse prise le «Triton»…
Il y est question d’un navire d’Angleterre capturé :
Par un corsaire de six canons
Lui qu’en avait trent’six de bons…
Le retour à Port-la-Montagne est triomphal. La vision de la minuscule «Émilie» à la tête de ce cortège géant déchaîne l’enthousiasme. L’armateur, Surcouf et l’équipage se préparent à se partager un sensationnel butin, quand, coup de théâtre : le gouverneur Malartic refuse le bénéfice des primes !
Juridiquement, il le peut. «L’Émilie» n’avait pas le droit de course. Comment croire qu’elle ait eu raison de ces six navires en se défendant ? Elle a forcément agi par surprise. Moralement, c’est un déni de justice. L’armateur se démène. Surcouf fait appel à toutes les relations qu’il a dans l’île. Le gouverneur ne cède pas. Alors Surcouf rentre en France pour obtenir satisfaction.
Il est à Saint-Malo au début de l’année 1797, et sa première démarche n’a pas de rapport avec le butin de «L’Emilie». Il va trouver M. Blaize de Maisonneuve, dans son bel hôtel particulier dominant Saint-Malo. L’armateur le reçoit courtoisement, ayant toujours entretenu les meilleurs rapports avec la famille Surcouf. Après un échange d’amabilités et de banalités, Robert en vient au but de sa visite :
— J’ai l’honneur de vous demander la main de Marie-Catherine.
M. Blaize de Maisonneuve tombe des nues, car les deux jeunes gens avaient conservé le secret le plus absolu. Il fait venir sa fille. Robert la découvre avec saisissement. Elle a dix-huit ans. C’est maintenant une jeune femme à la beauté épanouie.
— Robert vient de me demander ta main, voudrais-tu l’épouser toi aussi ?
Marie-Catherine répond en rougissant :
— Oui, père.
M. Blaize de Maisonneuve hoche la tête :
— Je ne suis pas contre votre union, mais il y a la différence de fortune. J’avais prévu de te faire épouser un autre armateur.
Il se tourne vers le jeune homme
— Deviens riche et tu auras la main de ma fille….
Surcouf n’est pas affecté par ce demi-refus. Il ne doute de rien : riche, il sait qu’il le sera un jour. Et d’abord, il va récupérer les prises de «L’Emilie». Il se rend à Paris plaider sa cause auprès du Directoire, le nouveau régime en place. Et il obtient satisfaction. Les cargaisons des six navires anglais sont déclarées valables et évaluées à 660 000 livres. Sur ce total, sa part représente une jolie somme, néanmoins elle n’est pas suffisante pour épouser la fille de l’armateur. Il décide de repartir.
Cette fois, avec la réputation qui le précède, on lui propose autre chose que le «Modeste». Des armateurs nantais mettent à sa disposition la «Clarisse», un beau navire bien armé, fait pour cent quarante hommes d’équipage. Robert choisit pour second son frère aîné Nicolas, excellent marin, qui a longtemps combattu les Anglais et, en juillet 1798, ils partent pour la capitale de l’île de France, redevenue Port-Louis.
A Port-Louis, la «Clarisse» est accueillie à coups de canon. Surcouf parvient à temps à se faire reconnaître «il apprend la raison de cette réception : des navires anglais arborent souvent, tout comme leurs adversaires, le pavillon ennemi». Après une courte escale, il reprend la mer. C’est d’abord une interminable campagne dans la région de Sumatra, au cours de laquelle il ne capture que deux petits bateaux. (à suivre…)
D’après Pierre Bellemare
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12 février 2010 à 18 06 46 02462
Une ville, une histoire
Si l’Algérie m’était contée (10e partie)
Par K. Noubi
Résumé de la 9e partie n Grâce à son anneau magique, Lagraâ Boukricha reprend son ancienne forme et part chercher les pommes de Alia Bent Mansour, au-delà des sept mers.
La course a lieu le lendemain. Les six prétendants arrivent sur leur coursier, magnifiquement harnachés et se mettent en file, attendant que le roi donne le signal de départ.
— Mais où est Lagraâ Boukricha ?
Le septième prétendant ne s’est pas, en effet, présenté. Les rires fusent.
— Il a peur qu’on le vainque !
— Sa mule a dû crever sous son poids !
Le roi, n’apercevant pas le sixième prétendant s’apprête à donner le signal quand on voit arriver un cavalier. Son cheval paraît presque féérique, tellement il est beau et grand. L’homme qui le chevauche est habillé d’un costume splendide qui arrache des cris d’admiration.
— Qui est ce cavalier qui veut prendre part à la course ?
On n’a pas, bien sûr, reconnu Lagraâ Boukricha qui a repris son aspect normal, celui d’un grand roi.
Le roi est aussi surpris que les autres, mais il n’arrête pas l’inconnu. Il lève la main, donnant le départ de la course.
— Oh ! s’écrie la foule.
En quelques secondes, le cavalier a dépassé les six prétendants et atteint le point d’arrivée. Et il attend patiemment que ses adversaires arrivent.
— Holà, preux cavaliers, c’est maintenant que vous arrivez ?
Puis, dédaigneusement, il va vers le roi.
— Qui es-tu, preux cavalier ?
— Sire, tu ne m’as pas reconnu ? Je suis Lagraâ Boukricha !
— Oh, s’écrie de nouveau la foule.
— Je suis, comme toi, un grand roi, Majesté, mais le destin a voulu que je passe sept années de misère, c’est pourquoi j’avais cet aspect répugnant de garçon d’écurie, la tête recouverte d’une panse d’agneau et revêtu de haillons. Si une de tes filles m’a désigné pour époux, c’est parce qu’elle m’a vu dans ma splendeur.
Le roi est ébloui.
— Et pourquoi n’as-tu pas participé aux épreuves que j’ai données ?
— J’y ai participé, comme les autres !
Les six autres prétendants s’écrient.
— C’est faux, il n’a jamais été avec nous !
— C’est que vous m’en avez empêché !
Nous ne t’avons jamais vu !
— Et pourtant, j’ai surmonté les trois épreuves : le lait de la lionne enfermé dans une outre fabriquée à partir de la peau de son lionceau et attachée avec des poils de la moustache de lion, c’est moi, ainsi que les pommes de Alia bent Mansour, qui vit au-delà des sept mers !
— C’est faux, c’est nous qui avons apporté le lait et les pommes !
Une querelle s’ensuit. Le roi exige des preuves du cavalier. Celui-ci ouvre son coffret.
— Les voici mes preuves, les petits doigts et les lobes des oreilles que ces messieurs m’ont donnés en échange du lait et des pommes !
Les six prétendants avouent. Lagraâ Boukricha, reconnu comme roi, épouse la fille du roi. (à suivre…)
K. N.
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12 février 2010 à 18 06 48 02482
Ainsi va la vie
La fille de l’étrangère (10e partie)
Par K. Yerbi
Résumé de la 9e partie n Nadir met Malika devant ses responsabilités : si elle l’aime, elle doit appuyer fortement sa demande en mariage devant ses parents.
Elle ne l’appelle pas pendant trois jours. Nadir, inquiet de ce silence, s’apprête à lui téléphoner quand elle le contacte.
— Malika, tu vas bien ? j’allais t’appeler !
— On peut se voir demain ?
— Bien sûr !
Il remarque que le ton de sa voix est grave.
— Il se passe quelque chose ?
— Oui… mais je me donne encore un peu de temps… Mais demain, tout sera clair…
— Je ne comprends pas !
— Demain, tu comprendras !
Et elle raccroche. Nadir est perplexe. Que veut-elle dire ? Peut-être qu’elle a réglé le problème avec ses parents, peut-être qu’elle va lui annoncer la rupture.
C’est donc avec impatience, qu’il se présente au rendez-vous.
— Malika…
— Je sais, mon coup de fil a dû t’inquiéter !
— Oui, et je le suis toujours !
— Je t’avais dit, il me fallait encore un peu de temps…
Nadir la regarde, toujours inquiet.
— C’est à propos de ma demande ?
— Oui… j’en ai parlé avec mes parents.
— Je suppose qu’ils ont refusé !
— Oui… Tu sais, ils te trouvent très gentil…
— Mais ils ne veulent pas se séparer de toi !
— Oui… et je leur ai rappelé les paroles que tu m’as dites !
Nadir ne comprend pas.
— Tu as oublié ? Tu m’as dit que mes parents ne m’aiment pas, qu’ils m’étouffent de leur amour exclusif et qu’ils ne pensent pas à mon bonheur !
— Tu leur as dit que tu m’aimais ?
— Oui…
— Et qu’ont-ils répondu ?
— Rien…
— Ils campaient sur leurs positions ?
— Oui…
— Et toi ?
— J’ai décidé de répondre favorablement à ta demande !
— Sans l’accord de tes parents ?
— Oui… mais j’ai encore fait une tentative.
— Ils ont, bien sûr, refusé !
— Non, ils ont accepté !
Nadir saisit la main de la jeune femme et la tient serrée dans la sienne, un long moment.
Il est si ému qu’il ne trouve rien à dire. (à suivre…)
K. Y.
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12 février 2010 à 18 06 51 02512
Au coin de la cheminée
Zalgoum (3e partie)
Résumé de la 1re partie n Les parents décident de marier leur fils avec sa sœur Zalgoum. Mais cette dernière qui les aide aux préparatifs, ignore tout de cela…
La jeune fille pensa que tous les animaux tenaient à ce qu’elle sache qui serait bientôt sa belle-sœur. Elle jeta quelques grains à la corneille.
— Le blé que tu tries c’est pour tes noces, car c’est toi que ton frère veut épouser, dit l’oiseau.
Zalgoum, stupéfaite, ne savait pas si elle avait très bien compris. Elle vit repasser l’hirondelle et lui fit don d’un gros morceau d’argile.
— La femme que ton frère va épouser, c’est toi, dit l’hirondelle.
Zalgoum prit une pleine poignée de couscous, qu’elle jeta à la vache.
— Tu roules le couscous de ta propre fête, Zalgoum, dit la vache, car la mariée, demain, ce sera toi.
Il n’y avait plus de doute à avoir. Aussi Zalgoum laissa-t-elle là son couscous. Elle alla tout de suite revêtir des habits de voyage et, prenant soin que nul ne la vît, sortit de la maison.
Elle traversa le village sans que personne prît garde à elle, marcha longtemps dans la forêt jusqu’à une grotte retirée, où elle se réfugia. Pour que personne n’eût l’idée de venir l’y chercher, à l’entrée de la grotte elle roula une roche énorme.
Tous les habitants du village, apprenant qu’elle avait disparu, se mirent à la chercher partout… en vain. Son frère, furieux, monta sur son cheval, écuma les moindres recoins de la forêt et ne trouva rien. Les parents, désespérés, ne savaient plus à quel moyen recourir.
Pendant ce temps leur berger continuait de conduire chaque matin son troupeau de chèvres dans la forêt. L’une d’elles, un jour, monta jusqu’à l’entrée d’une grotte, que barrait une grosse pierre. Elle se mit à donner de grands coups de corne dans le rocher pour essayer de pénétrer. Le berger, accouru pour la ramener au troupeau, soudain entendit une voix qui sortait de la grotte :
Ouste, chèvre, va de là Ou la gale te dévorera
Et va dire à mes père et mère : Zalgoum dans la grotte se terre !
Eberlué, il regarda partout autour de lui, mais ne vit personne. Le soir il conta l’aventure à son maître, qui décida de le suivre la fois suivante au pâturage, pour voir de ses yeux ce qui allait arriver. Dès qu’ils y furent, le lendemain, la chèvre de nouveau se dirigea vers la grotte et se mit à donner de furieux coups de corne sur la roche qui en bouchait l’entrée. Aussitôt une voix très distincte dit :
Ouste, chèvre, va de là Ou la gale te dévorera `
Et va dire à mes père et mère :
Que Zalgoum dans la grotte se terre !
Le père aussitôt reconnut la voix. Il se précipita :
— Zalgoum, ma fille, où es-tu ?
J’étais ta fille, ta fille, dit Zalgoum, Tu étais mon père, mon père,
Mais maintenant tu es mon beau-père.
Il essaya en vain de la faire sortir de la grotte et revenir à la maison.
— Mais, au moins, montre-moi ta main, que j’y pose un baiser.
Il vit sortir la main par une fente de l’entrée, y porta ses lèvres, puis, ne pouvant rien obtenir d’autre, s’éloigna. (à suivre…)
Contes berbères de Kabylie Mouloud Mammeri
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12 février 2010 à 18 06 52 02522
Histoires vraies
L’Ogre du Bengale (7e partie)
Résumé de la 6e partie n Surcouf prend le commandement d’un beau navire la «Clarisse» pour faire d’autres conquêtes et s’enrichir, afin de pouvoir épouser Marie-Catherine de Maisonneuve…
Mais, en octobre 1799, c’est enfin une grosse prise : «L’Auspicious», quatre mille balles de riz et quinze cents de sucre. Il est armé de vingt canons et ne se rend qu’après un combat acharné. Son capitaine ne peut cacher son dépit. Il apostrophe Surcouf :
— Vous, les Français, vous vous battez pour l’argent. Nous, les Anglais, nous nous battons pour l’honneur.
Ce à quoi le corsaire réplique :
— Que voulez-vous ? Chacun se bat pour ce qui lui manque !
Un peu plus tard, au large du Bengale, c’est une rencontre moins agréable qui l’attend. Le hasard met sur son chemin la «Sibylle», le plus puissant navire de guerre anglais : quatre-vingts canons, quatre cent cinquante hommes d’équipage. Mais il parvient à lui échapper et il rentre en février 1800 à Port-Louis où il est fêté en héros. Dans l’île de France, on comprend que les conquêtes de «L’Émilie» n’avaient pas été un hasard heureux. Surcouf est reconnu pour ce qu’il est : un corsaire d’exception, appelé à égaler les exploits de Jean Bart et de son ancêtre Dugay-Trouin, à les surpasser peut-être… Aussi, en mai 1800, repart-il avec un navire plus puissant encore. Les armateurs, qui l’ont mis à sa disposition, l’ont appelé la «Confiance», ce qui reflète bien leur état d’esprit. Ils sont certains que Surcouf va accomplir des exploits plus grands encore et ils ne se trompent pas.
C’est à cette époque que le capitaine corsaire engage comme aide de camp Louis Garneray, qui est à la fois peintre et écrivain. Il le charge de consigner par écrit et par des croquis ses futures aventures. C’est Garneray qui fait la première description du grand marin, alors âgé de vingt-six ans :
«A première vue, son abord est assez grossier et il manque absolument de distinction. Mais dès qu’il parle, sa physionomie change du tout au tout, ses yeux s’animent d’une lueur extraordinaire et l’on sent ce qu’il y a de bonté, de générosité, d’énergie et de volonté dans cet homme remarquable. On comprend l’empire absolu qu’il exerce sur ses équipages.
«Surcouf est d’une taille un peu au-dessus de la moyenne, remarquablement charpenté, les épaules larges, les bras noueux, d’un embonpoint fortement accentué, mais d’une agilité surprenante et d’une force herculéenne. Ses yeux sont fauves, petits et brillants, son regard plein d’assurance, son visage hâlé et couvert de taches de rousseur ; son nez est court et aplati, ses lèvres sont minces et perpétuellement agitées par une sorte de tic nerveux…»
La première sortie de la «Confiance» commence mal. Elle tombe nez à nez avec la terrible «Sibylle». Surcouf hisse le drapeau anglais, mais cette ruse éculée ne prend plus. La frégate pique droit vers lui. Le corsaire va alors faire preuve de toute sa rouerie.
Il fait mettre à son équipage des uniformes anglais pris à l’ennemi. L’interprète revêt celui du capitaine, lui-même se tenant à ses côtés, déguisé en simple matelot. Muni du porte-voix, l’interprète traduit les paroles que Surcouf lui chuchote :
— Commandant, j’ai une grande nouvelle à vous annoncer : vous allez être promu au grade supérieur ! D’autre part, j’ai des colis dont on m’a chargé pour vous à Madras. Je mets une embarcation à l’eau pour vous les faire porter.
Surcouf réunit alors l’équipage du canot, un enseigne de vaisseau et quelques marins, et leur donne cet ordre déroutant :
— Quand vous serez à mi-chemin, vous ferez couler l’embarcation. (à suivre…)
D’après Pierre Bellemare
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12 février 2010 à 18 06 54 02542
A 2 ans, elle cite 35 noms de capitales
l Une petite Britannique de deux ans, à l’impressionnant quotient intellectuel de 156, peut citer 35 capitales, réciter l’alphabet et épeler son nom. Elise Tan Roberts, qui vit dans le nord de Londres, peut également lire les mots «maman» et «papa» et nommer les trois types de triangle. Son intelligence exceptionnelle lui a valu de devenir le plus jeune membre de la Mensa, une organisation internationale dont le critère d’admissibilité est d’obtenir des résultats supérieurs à 98% de la population aux tests d’intelligence. «C’est une enfant exceptionnelle», a indiqué son directeur général, John Stevenage. Le psychologue pour enfants Joan Freeman a utilisé un test spécial pour mesurer l’intelligence d’Elise et découvert qu’elle se situait parmi les 0,2% d’enfants de son âge les plus brillants au Royaume-Uni. La mère d’Elise, Louise, a raconté comment elle avait remarqué, dès la naissance, que sa fille était exceptionnelle. La fillette a prononcé son premier mot à cinq mois et marché à huit mois et demi. «Elle dit des choses qui sortent d’on ne sait où. Elle adore tout simplement apprendre… Elle ne s’arrête pas», a raconté la mère.
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